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Se déplacer pour aller au travail : ça fait du bien

Une idée qui n'aurait eu aucun bon sens en février 2020.

Par
Jean-Pierre Bastien
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Opinion impopulaire: j’aime me déplacer pour me rendre au travail.

Dans les premières semaines de la pandémie en mars 2020, j’étais tellement content d’éviter le trajet vers le bureau et dormir une demi-heure de plus. Comprenez-moi : je fais un peu d’insomnie, et même si je connais plein de trucs pour me rendormir, ajouter 30 minutes à mon horaire de sommeil, c’était une bénédiction.

Mais ces temps-ci, un peu comme quelqu’un qui se sent seul.e à la veille de la Saint-Valentin et qui pense texter son ex, je me surprends à m’ennuyer de mon commute.

You don’t know what you got ’till it’s gone

L’affaire, c’est que j’ai été aveuglé par la possibilité d’un extra roupillon.

Je m’imaginais que ça allait changer mes matinées. Peut-être faire de moi un être un peu plus vivable entre le réveil et le premier café, et surtout, changer le rythme de mes journées, me donner un p’tit boost d’énergie et de productivité.

À quoi ça sert d’avoir une demi-heure de sommeil de plus quand on la dort même pas?

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Mais depuis la fin décembre, j’ai jamais été aussi irritable le matin, en plus d’avoir atteint des sommets d’insomnie. C’est pas mêlant, la semaine dernière, j’ai acheté un dispositif pour évaluer mon sommeil et comprendre ce qui se passe quand je dors, en plus d’achaler tout le monde que je connais pour savoir c’est quoi leurs trucs pour mieux dormir.

À quoi ça sert d’avoir une demi-heure de sommeil de plus quand on la dort même pas?

Hello commute my old friend

En allant exceptionnellement travailler au bureau la semaine dernière, j’ai réalisé tout ce que j’avais perdu en éliminant le trajet maison-travail.

Tout d’abord : un point de départ et une fin claire à ma journée.

On aura beau se donner mille et une techniques pour commencer et finir sa journée, changer d’environnement demeure la façon la plus efficace de dire à son corps qu’on est au travail ou, au contraire, que c’est fini pour aujourd’hui.

Même si j’ai gardé exactement la même routine matinale en télétravail, les 13 pas qui séparent la cuisine de mon poste de travail à la maison ne sont pas suffisants pour créer cette zone tampon qui permet de switch gears, de se préparer mentalement et de faire la transition entre la vie personnelle et professionnelle.

Changer d’environnement, bouger, se déplacer, ça aide à voir toutes ces situations sous un nouveau jour.

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Parlons-en de cette zone tampon. Quand on quitte la maison pour aller au travail, que ce soit à vélo, en transport en commun, en auto ou même à pied, ça libère l’esprit des contraintes autant personnelles que professionnelles. Bon, vous me direz que la crise matinale de votre plus jeune ou votre retard sur un dossier important vous font quand même serrer les dents pendant que vous êtes dans le trafic ou dans l’autobus.

Oui, mais justement, changer d’environnement, bouger, se déplacer, ça aide à voir toutes ces situations sous un nouveau jour. Ça donne des idées, ça ouvre les fenêtres de votre tête pour un petit coup de vent, ça change le filtre que vous avez devant les yeux à longueur de journée. Au pire, ça fait juste changer le mal de place.

C’est bon même quand c’est moins bon

Intermède : je suis privilégié. Je n’ai pas d’enfants à aller porter à la garderie ou à l’école et je vais travailler à vélo, été comme hiver. Non seulement mon commute me permet de starter la machine le matin et digérer ma journée le soir, c’est aussi de l’exercice physique et une grosse dose d’endorphines.

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Ceux et celles qui passent du temps dans le trafic ou la face étampée dans la porte d’un métro bondé n’ont pas ça.

Je pensais qu’une extra demi-heure de sommeil allait m’aider avec plein de bobos, mais je me rendais pas compte de tout ce que ça allait m’enlever.

Mais contrairement aux personnes prises sur l’autoroute ou dans un wagon trop plein, j’ai souvent peur de mourir. Au moins une fois par trajet, disons. Surtout aux intersections (oui, je fais mes stops).

Et même si c’est parfois stressant, c’est quand même bon pour mon esprit.

Sortir, quoi qu’il arrive

On a beaucoup parlé des impacts du télétravail, autant sur les communications que sur les relations humaines, ou même sur les chances d’avoir une promotion. Mais je crois qu’on ne se rend pas compte à quel point l’absence de trajet nous affecte.

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Je pensais qu’une extra demi-heure de sommeil allait m’aider avec plein de bobos, mais je me rendais pas compte de tout ce que ça allait m’enlever.

Qu’on s’entende, je ne pourrais plus me passer des quelques journées par semaine à la maison en télétravail. Ça aussi, c’est bon pour le corps et l’esprit.

Avec le retour imminent du mode de travail hybride, je pourrai enfin me déplacer entre la maison et le travail. Et puis quand je suis en télétravail, j’irai peut-être faire le tour du bloc plus souvent ou même pédaler quelques kilomètres, juste question de ne pas passer de mon smoothie à mon ordi trop rapidement.

Qui aurait cru que le commute deviendrait du self-care.