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Saviez-vous qu’un influenceur synthétique vivait dans le Mile-End à Montréal?

Ou comment une poupée en vinyle pourrait un jour vous vendre des jeans.

Par
Zacharie Routhier
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C’est vrai que les influenceurs Instagram semblent perdre de l’influence, mais l’industrie de la personnalité aux millions de followers n’a pas dit son dernier mot.

Même si ça veut dire transformer des jouets de collection, une industrie en pleine explosion, en célébrités virtuelles. Un peu comme si l’influenceuse synthétique Lil Miquela était devenue un « designer toy ». Ou serait-ce l’inverse?

L’entreprise a profité des réseaux sociaux pour propulser ses deux figurines vedettes sur terre.

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Saupoudrez le tout d’une touche de folie et vous obtiendrez le dernier projet de SUPERPLASTIC, une compagnie de figurines culte oeuvrant depuis le calme des montagnes du Vermont. L’entreprise a profité des réseaux sociaux pour propulser ses deux figurines vedettes sur terre. Et l’un d’eux s’est installé… dans le Mile-End, à Montréal.

C’est Guggimon, un « artiste de l’horreur » obsédé par les haches, les sacs à main, Jack de The Shining et Billie Eilish. Janky, son collègue stuntman (et aspirant vedette), a plutôt choisi une roulotte derrière les studios de Warner Brothers, à Los Angeles, comme lieu de vie.

Attends, quoi?

Bon, il n’y a pas réellement de grand lapin animé vivant parmi les hipsters du Mile-End. Mais traiter ses personnages comme des influenceurs, c’est l’alternative qu’a trouvée SUPERPLASTIC aux grands studios d’animations.

Plutôt que de faire un deal avec Hollywood et de passer au travers de leur long processus de création, la compagnie profite de la rapidité des réseaux sociaux pour donner une existence à Guggimon et à Janky. Et pour mener à bien le projet, ils ont amassé 10 millions $US.

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« En passant par les réseaux sociaux, on contrôle notre propre avenir! », explique Paul Budnitz, le directeur général de SUPERPLASTIC. Ça leur permet d’improviser et de réagir rapidement à l’actualité selon leurs propres règles. Que feront leurs personnages en fin de semaine? Eux-mêmes ne le savent pas vraiment, mais on nous a dit à l’oreille que Guggimon pourrait être de passage à Fierté Montréal…

Les personnages, qui seront bientôt animés, interagissent avec les fans, réalisent des stories, prétendent être avec des célébrités… et ont même un numéro de téléphone.

Pour vivre et comprendre l’expérience, il faut passer par Instagram. Les personnages, qui seront bientôt animés, interagissent avec les fans, réalisent des stories, prétendent être avec des célébrités… et ont même un numéro de téléphone. Difficile de l’obtenir pour l’instant, mais si vous appelez Janky, la rumeur court que vous tomberez sur un message de boîte vocale enregistré par nul autre qu’Ice-T.

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Ça semble complètement sauté? Ce l’est. « C’est à mi-chemin entre une business et un projet d’art vraiment stupide », lance Paul en riant. Mais ça marche, parce qu’après seulement deux semaines, le buzz se fait sentir.

De compagnie de jouet à agence de talent

Janky et Guggimon sont-ils prêts à faire des ententes avec des compagnies, tels de vrais influenceurs?

Questionné à cet effet, le créateur joue le jeu de ses personnages. « Je sais que c’est ce que veut Janky, parce qu’il est toujours broke!, rigole Paul. Il ferait pas mal n’importe quoi pour de l’argent. Mais s’il doit faire de la promotion, je crois qu’il serait plus intéressé par genre… un lubrifiant ». C’est qu’il est coquin…

Guggimon, lui, a déjà reçu une offre d’une compagnie souhaitant le voir porter ses vêtements. Mais selon le directeur de SUPERPLASTIC, ce n’était pas son style. Quelque chose qui pourrait intéresser le personnage, par contre, serait de créer une collection de vêtements.

La vedette est déjà mandatée pour réaliser une œuvre au Festival Mural de Montréal en 2020. Et Janky, lui, devrait avoir une exposition à New York d’ici la fin de l’année.

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Et pourquoi pas? La vedette est déjà mandatée pour réaliser une œuvre au Festival Mural de Montréal en 2020. Et Janky, lui, devrait avoir une exposition à New York d’ici la fin de l’année. Ce genre d’initiatives inusitées démontre l’immense champ créatif qu’offrent les deux vedettes synthétiques à leurs créateurs. Et cette liberté, Paul ne veut la vendre sous aucun prétexte.

« Je pense que les gens sont habitués de regarder les choses en se demandant comment ils peuvent tirer le plus de profits de leurs produits. Mais si tu fais ça, tu vas vendre de la merde, et tu vas créer de la merde », estime le directeur. Et lui, il ne veut que créer des choses awesome et badass.

Clairement, leurs fans semblent trouver que ce qu’il fait est effectivement awesome et badass, parce que la dernière figurine de Janky était sold out deux minutes après sa mise en vente. Pourtant, elle n’est même pas encore produite – la livraison est prévue pour janvier 2020. C’est aussi ça, créer le cool.

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Et c’est ici que les chemins s’entremêlent. Est-ce que SUPERPLASTIC est une compagnie de jouets, et leurs personnages sont essentiellement une initiative publicitaire? Est-elle une « agence de talent » pour Guggimon et Janky, et leurs jouets en sont des produits dérivés? Ou est-ce que Paul et sa gang sont simplement un studio d’animation avant-gardiste?

Le swag de Montréal

Une autre question subsiste : pourquoi exactement est-ce que Guggimon a choisi de s’établir à Montréal? « C’est un artiste. Il est dans la mode, dans l’horreur, dans la sculpture et dans les murailles… Le Mile-End était simplement le meilleur endroit pour lui », explique Paul, qui connaît bien le quartier.

Il ajoute qu’un endroit obvious comme New York serait trop on the map pour le personnage. « Montréal, c’est plus intime, et pourtant, c’est plein de gens faisant plein de choses intéressantes », conclut-il.

Eh bien, on va prendre le compliment!

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