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Saison des impôts : trois histoires d’horreur de travailleurs autonomes
Il y a quelque temps, je vous expliquais pourquoi, en 2023, on doit encore remplir nos déclarations de revenus chaque année plutôt que d’avoir un processus automatisé. Entre autres, je vous racontais comment la situation financière de beaucoup de gens au Canada pouvait être particulière et comment, si tout le monde était salarié ordinaire avec une seule source de revenus, tout serait infiniment plus simple.
Mais entre travailleurs autonomes, saisonniers, pigistes et autres catégories de travailleurs, ça peut être l’enfer de s’y retrouver dans nos finances, surtout quand l’argent rentre et sort rapidement. Parfois, ce qu’on pense être le bon move finit par nous coûter cher!
Pour que ce genre de situation ne vous arrive pas, on a demandé à des travailleurs autonomes de nous parler de leurs pires histoires d’impôts… et croyez-moi, M. Night Shyamalan n’aurait pas pu faire mieux!
Zach, 30 ans
En 2012, j’avais 19 ans et j’ai commencé à travailler pour une petite entreprise en tant que contracteur indépendant. Malgré mon statut, je travaillais 40 heures par semaine. Ils ne m’ont jamais prévenu que j’aurais à payer des arriérés au moment des impôts, l’année suivante.
Quand j’ai rempli ma déclaration en 2013, je devais au gouvernement 12 000 dollars. L’affaire, quand on doit autant d’argent au gouvernement, c’est qu’il faut mettre en place un plan de remboursement, parce qu’évidemment, à 19 ans, t’as pas 12 000 dollars de lousse. Alors tu fais un plan de paiement, mais c’est quasi impossible de payer chaque versement tout en mettant de côté de l’argent pour éviter le même problème l’année suivante parce que tu ne fais pas assez d’argent. Donc la dette s’accumule, tu restes pris dans un cercle vicieux et l’année suivante, tu en dois encore plus.
« la dette s’accumule, tu restes pris dans un cercle vicieux et l’année suivante, tu en dois encore plus. » – Zach
Éventuellement, j’ai changé d’emploi et je me suis mis à recevoir des retours d’impôts, ce qui fait qu’ils ont cessé de me demander de faire mes versements. J’ai donc supposé que, puisqu’ils m’envoyaient de l’argent, je n’avais plus à les payer. Bon, c’était bête de ma part, je le réalise maintenant. Mais ils n’ont pas non plus fait d’efforts pour me signifier que j’avais encore une dette auprès d’eux, et ce, pendant plusieurs années.
Plus tôt cette année, donc 11 ans plus tard, ils ont saisi mon compte en banque en disant que je leur devais près de 12 000 dollars depuis 2016. J’ai dû conclure une autre entente de paiement pour mettre tout ça au clair et avoir de nouveau accès à mon argent. Je vais donc devoir faire de petits versements tous les mois jusqu’à la fin de ma vie, probablement.
La leçon que j’en tire est qu’il ne faut jamais supposer que l’on ne doit pas d’argent au gouvernement. Et ça vaut aussi la peine de les appeler de temps à autre juste pour dire : « Hey, je vous dois pas du cash, par hasard? » Sans quoi ils finiront par simplement venir le prendre dans votre compte.
Alexander, 31 ans
Quand j’ai terminé le cégep, j’ai enfin pu réaliser l’un de mes rêves, mais ça m’a coûté cher!
J’ai toujours voulu être musicien et mon projet a commencé à gagner un peu de succès dans ma scène, qui est très nichée, ce qui m’a permis de me joindre à d’autres musiciens pour une tournée à travers l’Amérique du Nord. J’ai donc lâché ma job étudiante pour partir pendant presque quatre mois.
On ne te donne pas de cours quand tu commences dans le milieu sur comment s’occuper de ton argent; si tu n’as pas un bon gérant qui s’occupe de ce genre de choses, tu peux faire des erreurs. J’en ai fait deux.
« je ne m’étais jamais vu comme étant une business alors ça ne m’était pas du tout passé par la tête. » – Alexander
Premièrement, ce n’est que trop tard qu’un ami m’a dit qu’il était possible pour moi de déduire certaines dépenses que j’avais faites avec ma carte de crédit lors de la tournée. L’essence, la nourriture, l’équipement, certaines des nuits au motel : tout ça pouvait compter comme des dépenses « d’affaires ». Mais je ne m’étais jamais vu comme étant une business alors ça ne m’était pas du tout passé par la tête.
Quand j’ai déclaré l’argent que j’avais fait à l’extérieur du pays, j’ai dû payer des impôts là-dessus, alors que je ne m’y attendais pas. Donc, non seulement je n’ai pas réellement fait d’argent avec ma tournée, mais ne pas avoir saisi l’opportunité des déductions fiscales représentait à mes yeux une autre perte financière.
Je suis donc retourné à mon emploi étudiant et je ne suis pas retourné en tournée jusqu’à l’année d’après, quand j’avais enfin une équipe, mais surtout un comptable qui a de l’expérience avec les musiciens!
Chuck, 36 ans
Il y a quelques années j’ai acheté une maison. Puisque c’était un premier achat, j’ai pu le « RAPper ». J’avais des REER dans deux banques : l’une était ma banque personnelle et l’autre, une contribution automatique à mes REER de mes contrats syndiqués, dans une autre banque. J’ai demandé les formulaires qu’il faut remplir pour sortir l’argent des REER sans être imposé dessus et je les ai reçus le 27 décembre. Après avoir tout rempli, j’ai perçu les fonds le lendemain. J’ai aussi reçu un autre formulaire la première semaine de janvier et les fonds dans la même journée.
Le problème, c’est que j’ai touché une partie du RAP en 2020 et une autre en 2021. Donc en 2021, quand j’ai fait mes impôts, j’avais prévu d’avance ce que je devais mettre de côté grâce aux calculs avec mon comptable. Je me suis ramassé avec un peu plus d’argent que prévu que j’ai donc décidé de mettre dans mon CELI.
Puis, en recevant mon avis de cotisation officiel, j’ai réalisé que je leur devais plus que prévu. Je me suis alors rendu compte qu’ils avaient pris la deuxième partie du RAP et l’avaient traité comme étant un revenu « simple » que j’avais sorti pour de la liquidité et non pour un achat de maison, un peu comme un retraité. Donc l’argent que j’avais pour payer cette différence (erronée, mais qu’il fallait que je paye pour pouvoir contester) est maintenant dans mes CELI, ce qui commence à créer un problème de liquidité.
L’autre problème, c’est qu’ils ont ajouté les 20 000 dollars de mon RAP par-dessus mes revenus de 2020. Donc mes acomptes provisionnels étaient artificiellement gonflés. J’étais vraiment sur les fesses en termes d’argent libre pour ma vie de tous les jours. Ç’a créé un méga problème et j’ai dû essayer de prouver que c’était en fait le même RAP jusqu’à ce qu’ils me remboursent finalement le trop-perçu. Quant à l’excédent que j’avais payé sur mes acomptes provisionnels, il devrait m’être remboursé cette année avec mon retour d’impôts!
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