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Réussir son baccalauréat grâce à de vieux examens
N’importe quel étudiant à Polytechnique vous le dira : tous les coups sont permis pour absorber 15 semaines de théorie sur les probabilités et statistiques en 3 jours.
Si «faire ses travaux au fur et à mesure que la session avance» demeure la méthode à privilégier, force est de constater qu’en temps de crise (lire ici fin de session), des moyens exceptionnels sont à la disposition des milliers de polytechniciens, et ce depuis 140 ans. C’est donc au fil de plus de 140 ans d’expérience accumulée par des milliers d’étudiants que s’est développée une stratégie d’étude infaillible (ou presque) pouvant hisser le cancre moyen au niveau de la note de passage, affectueusement dénommée D pour diplôme. Cette stratégie, susceptible d’aider le cancre moyen à obtenir la note de passage, repose essentiellement sur le partage, le troc ou la vente d’anciens examens.
C’est donc au fil de plus de 140 ans d’expérience accumulée par des milliers d’étudiants que s’est développée une stratégie d’étude infaillible (ou presque) pouvant hisser le cancre moyen au niveau de la note de passage, affectueusement dénommée D pour diplôme.
Il existe donc plusieurs paliers de partage d’anciens examens, allant de meilleur ami à meilleur ami seulement, jusqu’à un partage d’envergure touchant l’entièreté de l’école. Il n’est pas rare, par exemple, de voir un valeureux et héroïque collègue se lancer dans un cours du cursus avant tout le monde, facilitant ainsi la tâche de la collectivité.
« En sortant de l’examen, j’ai noté les questions que je me rappelais sur un Google Doc pour que vous puissiez savoir à quoi l’examen allait ressembler la session prochaine», indiquera le samaritain avant de faire send à l’école.
Ne voulant pas nécessairement partager leurs prouesses académiques à toute l’université, certains étudiants décident quant à eux d’effectuer un partage sélectif à leurs proches. Ces privilégiés auront ensuite accès à une rare copie d’un examen accompagnée d’une résolution parfaite des problèmes.
« Wow trois heures d’études et l’ancien examen de Sam était tout ce que j’avais besoin pour passer le cours. La moitié des questions était pareilles, mais avec des nombres différents» , m’a lancé un de mes amis en sortant de sa période d’examen.
Un petit guide pour réussir son parcours scolaire sans trop se fatiguer.
Ayant remarqué la tendance, certains étudiants geeks ont même tenté de centraliser l’information pour la rendre accessible à tous. Telle la bibliothèque d’Alexandrie, il existerait donc – selon la légende – un drive au nom exotique, qui répertorierait une grande quantité d’anciens examens, touchant tous les programmes de Polytechnique. Un petit guide pour réussir son parcours scolaire sans trop se fatiguer.
L’Association étudiante de Polytechnique (AEP) s’est elle aussi mobilisée afin de centraliser l’information récoltée à travers les différents programmes. Les étudiants peuvent ainsi maintenant se tourner vers la banque de quiz, une plateforme permettant de chercher les anciens examens d’un cours spécifique.
Basé à l’origine sur l’altruisme pur, l’échange d’écrits a rapidement évolué vers le marchandage entre étudiants. Pas d’échange d’argent, mais un troc florissant de notes de cours, résolutions d’exercices, codes informatiques pour la résolution de laboratoire, bref autant de documents qui ont une valeur marchande à Polytechnique. Ce n’est ultimement qu’en fin de session que l’urgence d’obtenir un ancien examen se fait sentir. L’étudiant normal contactera alors ses amis ayant déjà fait le cours en question pour obtenir quelques-uns de ses précieux documents.
Des étudiants types
Le stress et la pression peuvent toutefois mener à une certaine forme de dérapage, on peut donc observer, au contact de ce marché noir académique, l’expression de plusieurs profils comportementaux générés par volonté de posséder le document. Voici le portrait de quelques-uns de ces profils.
L’absent : N’ayant pas assisté à aucun cours de la session, le besoin d’obtenir des exercices résolus est viscéral. Pour arriver à ces fins, l’absent contactera l’entièreté des personnes qu’il connaît dans le cours en question, peu importe la relation, pour arriver à ses fins.
L’harceleur : Ayant comme principal outil les réseaux sociaux, il contactera lui aussi une grande quantité de collègues, se limitant davantage à ses proches, mais ne lésinant pas sur la quantité de messages envoyés. Il ne sera donc pas rare de recevoir, sans avoir à répondre, plusieurs messages d’affilés ayant comme objet principal la demande de documents.
« Nic m’a envoyé un huitième message, encore pour me demander mes notes de cours. Je suis à veille de lui répondre qu’il pourrait en avoir des notes de cours, s’il allait au cours!»
Le marchand : Organisé, il établira dès son arrivée dans son programme un large réseau de contacts. Il pourra de cette manière avoir accès au maximum de documents circulant entre les étudiants. Sans scrupule, il n’hésitera pas à échanger les notes de cours d’autrui pour obtenir ce qu’il désire.
L’investisseur : Fin stratège, et prévoyant à l’avance sa situation précaire de fin de session, il assistera à tous les cours, distribuant allégrement ses notes aux absents de son cercle social. Ces services rendus lui seront évidemment redevables lorsque le moment sera venu de trouver une évaluation antérieure.
Le charmeur : Ayant comme assise ses habiletés sociales, il aura toujours une bonne raison pour éviter de travailler. Sa gentillesse et son amabilité lui permettront de s’en tirer sans trop de mal. Cette manipulation sentimentale lui permettra aussi d’obtenir ce qu’il désire sans trop d’efforts.
Il est toutefois bon de rappeler que les étudiants se servent principalement de ces travaux échangés comme synthèse d’étude, puisque le contenu académique évolue année après année.
Mais au-delà d’une tendance à l’éthique discutable, une chose demeure, une assise fondamentale propre à Polytechnique : la vie étudiante.
C’est en effet sous le parapluie de l’implication extrascolaire et des amitiés scolaires qu’une grande quantité d’étudiants réussissent à compléter leur bac. Qu’ils concernent la conception d’une voiture solaire, l’envoi d’un satellite dans l’espace ou l’organisation d’un beach party, ces comités étudiants coupent certes le temps d’études, mais favorisent aussi la création d’un réseau social permettant la collaboration et l’entraide.
Il existe, en terminant, une expression célèbre ici qui illustre bien cet esprit à Polytechnique : Poly, c’est les 4 pires années de ta vie, ou les 7 meilleurs.