Si vous évoluez un tant soit peu dans le monde des communications, vous avez assurément déjà entendu parler des fabuleux Jeux de la communication (JDLC). Cette compétition interuniversitaire oppose les délégations de plusieurs universités dans des épreuves qui relèvent de différents secteurs du domaine : marketing, relations publiques, journalisme et plusieurs autres. L’évènement a la réputation d’être le lieu idéal pour quelques partys bien arrosés, mais aussi, bien sûr, pour le DÉPASSEMENT DE SOI.
Quelques personnalités éminentes du monde des comms y ont pris part dans les 25 dernières années. Mais, croyez-le ou non, il est possible d’avoir une belle carrière en comm sans être passé par ce club sélect (en réalité, la plupart des personnalités éminentes du monde des comms n’ont jamais participé aux JDLC).
Voici le portrait de trois jeunes professionnel.le.s qui ont réussi en masse sans pourtant être en mesure de prononcer la phrase : « Wow, je me souviens de notre beuverie aux Jeux de la comm, c’était épique. »
Samuel Rancourt – Journaliste multiplateformes chez Radio-Canada
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Quel est ton rapport aux JDLC?
J’ai fait le baccalauréat en Stratégies de production culturelle et médiatique à l’UQAM. J’ai tenté de participer aux JDLC lors de mes deux premières années de bac. Malheureusement, je n’ai pas été pris. Ça ne m’a pas frustré : je me suis dit que d’autres personnes qui ont du talent avaient obtenu les postes.
J’ai choisi d’autres moyens pour parfaire mes connaissances. Comme je voulais animer, j’ai animé une émission de voyage à la radio CHOQ.ca. J’avais des amis qui participaient aux JDLC et qui aimaient bien leurs soirées en groupe, mais j’étais membre de l’association étudiante, donc j’avais moi aussi des activités sociales. J’ai aussi suivi des cours à l’école Promédia et des cours de deuxième cycle en journalisme à l’Université Concordia. Bref, je trouve ça super, les JDLC, mais ce n’est pas la seule chose qu’il y a.
Comment se déroule ta carrière depuis ta sortie de l’université?
J’ai d’abord obtenu un stage à CBC, puis j’ai été embauché comme contractuel. Je suis ensuite passé à Radio-Canada, où on m’a éventuellement offert un contrat d’un mois à Winnipeg. Au départ, je me suis dit que c’était l’occasion de visiter le Manitoba, et finalement je suis resté six ans! C’était très intéressant comme journaliste : c’est la seule province canadienne fondée par des Autochtones (les Métis de la rivière Rouge) et une grande communauté philippine y réside. Culturellement, c’est super riche. J’y suis devenu animateur du téléjournal.
Après six ans, j’ai voulu revenir à Montréal et sur le terrain : je ne voulais plus être confiné dans un rôle de chef d’antenne. Et justement, je comble plusieurs postes en ce moment : une journée, je peux être journaliste radio, une autre, je lis les bulletins du soir à la radio, ou alors je suis à RDI.
Tu te vois où dans 5 ou 10 ans?
Je ne sais pas. J’ai juste envie de toucher à tout et de faire de mon mieux quand j’ai de nouvelles possibilités! Animer à la radio, ça pourrait m’intéresser. J’aime les projets plus créatifs.
Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui sont à l’université en communication ou qui en sortent?
C’est important d’essayer toutes sortes de choses et de ne pas forcément se caser en début de carrière.
Marc-André Giard – Stratège média à l’agence Cartier
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Quel est ton rapport aux JDLC?
Ma sœur participait aux JDLC à Concordia, et j’assistais parfois à ses pratiques, je trouvais ça le fun. C’est un des facteurs qui m’a poussé à m’inscrire en comm après avoir entamé des programmes d’architecture et de génie civil ailleurs.
J’ai été pris en communication marketing à l’UQAM et j’ai appliqué pour les JDLC dès ma première année. Je n’ai pas été pris, et comme je partais en échange étudiant à Amsterdam au début de ma deuxième année d’étude, c’est ce que j’ai priorisé. J’étais intéressé par les compétitions scolaires, donc j’ai participé au Happening Marketing à ma troisième année. Mais échange étudiant over JDLC, ça c’est sûr!
Depuis deux ans, je suis mentor à l’UQAM [les mentor.e.s sont les entraîneurs et entraîneuses des délégué.e.s]. Un ancien collègue devenu chef m’avait écrit pour me le demander, et j’ai accepté avec enthousiasme! J’ai toujours aimé la pédagogie.
Je souligne que les qualifications pour les JDLC [à l’UQAM] sont super pertinentes et j’ai presque l’impression que tout le monde devrait les faire puisque ça permet de découvrir d’autres domaines. Mais il y en a qui les prennent trop à cœur. Il y a d’autres manières de se développer soi-même.
Comment se déroule ta carrière depuis ta sortie de l’université?
J’ai obtenu un stage chez Glassroom à la fin de mon bac, où j’ai ensuite été embauché. J’y suis resté près de trois ans. J’allais devenir stratège, mais j’aurais eu un seul client à mon actif, donc j’ai préféré aller chez Cartier, où je suis stratège média.
Concrètement, mon travail, c’est de déterminer comment vont se déployer les campagnes publicitaires de nos clients. Grosso modo, c’est moi qui décide où et quand tu vois les publicités! Ce que je préfère de mon travail, c’est de sensibiliser et de déterminer comment communiquer le message.
Tu te vois où dans 5 ou 10 ans?
Aucune idée! En agence, ça bouge vite. T’as accès à plein de beaux clients avec de beaux projets.
Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui sont à l’université en communication ou qui en sortent?
Osez. Même si ce n’est pas les Jeux de la comm, si tu veux participer à une compétition, tu peux en faire une autre! Je me suis intéressé à la radio et au design de l’environnement aussi, ce qui m’a fait rencontrer plein de gens et m’a permis de grandir! Essaye de découvrir le monde et de te trouver des occasions professionnelles.
Valérie Fréchette-Coculuzzi – Coordonnatrice de production chez URBANIA
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Quel est ton rapport aux JDLC?
Je n’ai jamais pu m’impliquer dans les JDLC puisque j’étais membre de l’équipe de cheerleading des Carabins, ce qui nécessitait plusieurs pratiques par semaine. J’ai un bac en communication de l’Université de Montréal, et même si l’UQAM était plus proche de chez moi et offrait plus de programmes de comm, j’ai vraiment choisi l’UdeM pour les Carabins.
J’entendais parler des JDLC, mais pour moi, de l’extérieur, c’était comme une secte. Mais je suis sûre que les gens diraient la même chose des Carabins!
Comment se déroule ta carrière depuis ta sortie de l’université?
J’ai hésité à poursuivre à la maîtrise en études féministes, mais avec la pandémie, j’étais tannée de l’école en ligne, donc je suis allée travailler dans un cabinet de relations publiques. Après une journée, je leur ai dit : « Désolée, mais c’est pas fait pour moi »! Je ne suis pas faite pour le travail de bureau. Je suis retournée à mon ancien emploi comme vendeuse chez Aritzia. Un jour, je suis tombée sur l’offre d’emploi de coordonnatrice de production d’URBANIA. Je trouvais que ça avait l’air le fun, mais je n’avais aucune idée ça fait quoi, une coordo de prod!
J’ai été embauchée il y a quatre mois et j’adore mon travail. Il y a beaucoup de projets qui se déroulent en même temps, c’est beaucoup d’organisation et beaucoup de suivis. Je fais les horaires de tournage, je m’assure que tout le monde est à l’heure sur le plateau, je réserve le matériel, les studios…
Tu te vois où dans 5 ou 10 ans?
Je me vois avec un sourire dans la face! Je n’ai pas de grosses ambitions professionnelles, je veux juste être heureuse. Réussir sa vie, ça ne veut pas nécessairement dire réussir DANS la vie.
Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui sont à l’université en communication ou qui en sortent?
Faites des stages! Moi, c’est vraiment ce qui m’a aidé à savoir dans quoi je voulais m’embarquer.
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Conclusion de l’article : au fond, ne pas avoir « Jeux de la comm » écrit sur son CV, ça ne change absolument rien.