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Remettre la gestion de ses finances à demain, ça coûte cher

Le prix de la procrastination financière.

Par
Edouard Ampuy
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La procrastination a un prix. Croyez-moi j’en connais un bout sur le sujet!

Il y a quelques années, j’avais souscrit un abonnement à la fibre pendant un échange en Angleterre. Comme tout bon procrastinateur, j’ai attendu le dernier moment pour le résilier. C’est-à-dire que j’ai demandé à un ami de le faire à ma place une fois rentré à la maison. Grave erreur. Dix mois plus tard, alors que je regarde mon compte (ce que je ne faisais pas souvent à l’époque), je réalise que j’étais encore prélevé. Autour de 80$ par moi. Faites le calcul, en tout ça fait…mal.

La procrastination se compte en pénalités de retard, en amendes ou en dettes. Parfois elle se trouve dans des sommes que l’on aurait pu avoir, dans l’argent que l’on n’a pas investi. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a des moyens pour mettre fin à tout ça.

Est-ce que je procrastine ?

Pour commencer à régler un problème, il faut d’abord l’identifier. La procrastination par rapport à ses finances se repère en sondant la façon dont on réagit quand émergent des réflexions autour de la gestion de notre argent.

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On peut relever des sentiments comme l’anxiété, l’indécision, la frustration, l’insouciance ou la culpabilité. Ne pas aller voir son compte en banque pendant plusieurs semaines par peur de ce qu’on va y découvrir est un bel exemple de procrastination financière.

On peut repérer certaines insécurités comme ça, sinon on peut se poser quelques questions simples: est-ce que je veux dépenser moins, mais je n’y arrive pas? Ou est-ce que j’essaye d’économiser sans y parvenir?

Si la réponse est «oui», c’est qu’il y a sûrement un peu de procrastination dans la façon dont on gère son argent.

Les raisons derrière la procrastination

Mais qu’est-ce qui nous pousse à remettre ça à plus tard quand vient le moment de s’occuper de son argent, de faire un budget ou de régler ses factures? OK, la réponse est plutôt simple, c’est qu’on n’a pas envie de le faire, ou que c’est boring. Éric Lebel, conseiller en redressement financier et associé chez Raymond Chabot Grant Thornton reconnait que faire un budget n’est pas ce qu’il y a de plus plaisant. «Des fois quand on sait que ça va moins bien et qu’on est serré financièrement, on peut être porté à repousser l’exercice.»

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«Quand t’as un salaire décent et que tu n’arrives pas à payer ton loyer le 1er du mois, ton Hydro à temps, ou tes cartes de crédit, c’est un signe.»

Il y a par exemple : «Je ne sais pas faire un budget». C’est sans doute vrai, la plupart d’entre nous ne sont pas académiquement formés à gérer correctement nos finances. Mais la solution est simple, il faut s’entrainer, se renseigner et apprendre comment faire un budget efficace. Il n’y a pas une forme universelle qui va fiter à tout le monde, il faut donc commencer par trouver la façon qui nous convient.

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On peut aussi se dire qu’on n’a pas le temps ou que faire un budget ne nous correspond pas. Mais si on capote face à ses questions d’argent, faut savoir que monter un budget est justement un bon moyen pour réduire son stress, mieux prévoir les imprévus et éviter des situations comme l’endettement.

Le piège du FOBO (fear of a better option)

On connaissait le FOMO, maintenant on peut aussi souffrir du FOBO. Dans le cadre de la gestion de nos finances c’est quand on a une somme suffisante pour investir ou épargner, mais qu’on ne le fait pas, car on attend toujours the next big thing.

Si on a la chance d’avoir une somme à placer, ça n’a pas de sens de la laisser végéter sur son compte de chèque, surtout si la raison est «peut-être qu’il y a un placement au taux plus intéressant que je ne connais pas».

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L’argent dort sur le compte, donc il ne diminue pas, c’est vrai, mais d’une certaine façon on perd l’argent qu’on n’a jamais gagné. La procrastination nous coupe d’un rendement facile.

C’est un peu comme se dire qu’on va attendre de trouver la guitare parfaite avant de suivre des cours. Il faut déjà commencer par jouer. Pareil pour placer son argent, quand on est néophyte, il faut commencer par investir et ensuite on pourra penser à faire de meilleurs placements.

Améliorer sa santé financière

Payer pour quelque chose qui ne nous apporte aucune satisfaction matérielle ou psychologique est clairement à éviter.

Il faut comprendre que: tout comme les saines habitudes de vie influencent notre santé, de bonnes habitudes financières influencent notre compte en banque.

Éric Lebel conseille de commencer étape par étape. «D’abord, tu regardes tes états de compte du dernier mois, pour voir comment tu t’es comporté et avoir le portrait de tes dépenses. À partir de là, on se fixe des objectifs, explique-t-il. Il faut prendre des décisions court terme, et long terme. La retraite, plus on commence tôt mieux c’est, et on devrait mettre un certain montant de côté chaque mois.»

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À 25 ans, c’est sûr que la retraite parait loin, mais notre «nous du futur» nous remerciera de pas avoir procrastiné sur l’épargne-retraite pendant nos jeunes années.

Dans des cas extrêmes, la procrastination peut s’avérer problématique, comme lorsqu’on ignore les signes d’un surendettement. Éric Lebel en identifie quelques-uns. «Quand t’as un salaire décent et que tu n’arrives pas à payer ton loyer le 1er du mois, ton Hydro à temps, ou tes cartes de crédit, c’est un signe. Si t’es incapable de payer tes dettes au fur et à mesure des échéances, t’es dans le trouble, là.» L’aveuglement volontaire n’est évidemment pas la bonne réponse face à une situation comme celle-là, et il faut prendre le problème en main.

On procrastine tous à un moment et ce n’est pas forcément négatif, parfois c’est même un signe que quelque chose n’est pas fait pour nous. Mais la procrastination face à nos finances se termine rarement par un outcome plaisant. L’idée n’est pas de commencer à devenir économiste stratégique en chef ou de mettre 95% de son salaire sur un compte bloqué pour la retraite, mais au moins de faire en sorte qu’aucune fuite inutile ne vienne couler notre compte en banque.

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