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« Rage applying » : tout faire pour changer d’emploi
Le télétravail n’est plus obligatoire et tout le monde se réjouit ENFIN de retourner travailler au bureau pour vivre ses meetings en présentiel et à 100 %. Ou peut-être pas?
Pour plusieurs, c’est un dur retour à la réalité pré-pandémique : un horaire surchargé, des tâches et des responsabilités qui dépassent l’entendement ou simplement un patron overly exigeant avec un petit côté narcissique. Combien de fois dans votre vie avez-vous menacé de quitter votre emploi en prenant un verre au bar en fin de journée, complètement débordé.e?
Imaginez maintenant que vous mettiez vos menaces à exécution et que vous envoyiez des CV avec la même ferveur qu’un finance bro qui distribue sa carte d’affaires au Cathcart. TikTok, le berceau des trends qui vous font remettre en question vos conditions de travail, a un nom pour ça : le rage applying, que l’on pourrait traduire par « applications en série ».
Le mot « rage » réfère à l’état de frustration qui pousse le ou la travailleur.euse à aller voir ailleurs.
C’est une nouvelle tendance qui marche dans les pas du quiet quitting et du career cushioning. Ça consiste à envoyer son CV à plusieurs endroits différents (et probablement en simultané) tout en recherchant constamment le meilleur poste avec de meilleures conditions de travail (et surtout, une meilleure paye). Le mot « rage » réfère à l’état de frustration qui pousse le ou la travailleur.euse à aller voir ailleurs.
Imaginez : à l’aube d’une possible récession et à l’heure où la stabilité financière n’est plus une garantie pour personne, 80 % des Canadien.ne.s sont quand même prêt.e.s à changer d’emploi pour contrer les effets de l’inflation en gagnant un meilleur salaire. Ça fait beaucoup de gens qui tapent « modèle CV » et « comment rédiger une lettre de motivation » dans Google!
Faut-il être enragé.e pour rage apply?
Mais qu’est-ce qui peut bien pousser à bout ces employé.e.s pour tirer des CV dans tous les sens au point d’en perdre le fil? Ce n’est certainement pas la file trop longue devant la machine à eau après une réunion.
Dans le doute, demandez à TikTok. Le hashtag #RageApplying vous donnera une idée de ce qui se cache derrière cette volonté brûlante de changer d’employeur : du temps supplémentaire semi-imposé, de la surcharge de travail ou même un refus de temps off. Bref, une accumulation de frustrations à l’égard du milieu de travail et plus souvent même, à l’égard de l’employeur.
Le verre est tellement rendu plein qu’on est prêt à jeter par la fenêtre la stabilité d’emploi, l’ancienneté et tout le reste. Un seul but : changer de job.
Les rage appliers y vont donc d’une réponse impulsive comme moyen de vengeance en appliquant partout où il y une offre, c’est-à-dire à PLUSIEURS endroits différents dans un court laps de temps. Rappelez-vous votre dernière recherche d’appartement. Dès que vous voyez quelque chose d’un brin intéressant, vous vous pitchiez dessus, peu importe si la salle de bain était dans un garde-robe ou si votre lit double ne rentrait pas dans la chambre.
C’est la même chose avec le rage applying. Le CV n’est même pas révisé qu’il est envoyé à l’agent.e de recrutement d’une compagnie un peu obscure pour un poste dont la description de tâche n’est lue qu’à moitié. C’est à cette vitesse que l’applicant.e enragé.e s’y prend pour quitter son emploi (ou du moins, pour mettre la pression sur son employeur).
Et la loyauté là-dedans?
S’il y a bien une chose à propos de la loyauté, c’est qu’elle nécessite une certaine réciprocité. Le ou la travailleur.euse ne se doit plus d’être loyal.e par principe ou par culpabilité. Dans un monde du travail complètement renversé après une pandémie mondiale, c’est surtout le manque accablant de valorisation et de reconnaissance qui pousse les employé.e.s à chercher mieux, rapidement.
la stratégie ne peut qu’avantager une personne qui se sentirait au bout du rouleau.
La stratégie du rage applying permet tout de même d’explorer son plein potentiel, qu’elle soit motivée par une colère réelle ou simplement par le désir d’être mieux compensé.e et/ou mieux traité.e au travail. En pleine pénurie de main-d’œuvre, et alors que l’inflation ne semble pas s’essouffler, la stratégie ne peut qu’avantager une personne qui se sentirait au bout du rouleau.
Mais attention aux décisions impulsives! Vous ne seriez pas la première personne à regretter un move de carrière mal réfléchi…