Bien que je me la pétais avec toutes mes étoiles obtenues au niveau Christiania sur le mont Saint-Bruno, il y a 20 ans, je sentais que je n’étais pas la personne la mieux placée pour partager toutes les connaissances à savoir sur le ski de rando avec son chien. C’est plutôt Stéphanie, Aimée, Marie-Soleil et Rosie, de vraies connaisseuses, qui feront part de leurs expériences.
Première étape : la base
Première des choses : être bon.ne en ski. Il faut être fluide, sûr.e de soi et capable de réagir rapidement parce qu’avec son chien, on n’aura pas de chance si ça se passe mal.
Il faut aussi penser au matériel à gérer (skis, bâtons, sacs, peaux de phoque) en plus de son chien énervé. C’est un sport qui demande donc beaucoup de patience.
Pitou, quant à lui, doit être capable de compléter des randonnées d’au moins trois heures sans trop de problèmes tout en tolérant le froid. N’oublions pas qu’il devra monter la montagne dans une neige qui pourra être plus haute que lui en descendant. Le chien doit connaître les commandes droite-gauche-avant et comprendre sa place pour éviter les accidents. S’il n’est pas suffisamment en forme et à l’écoute, on ne pourra pas profiter de la descente.
Ce sport discrimine les chiens de petite taille (sorry!) à moins de les traîner dans un sac à dos. Des pattes trop courtes ne toucheront pas au fond et le chien devra nager en descendant, semi-enseveli sous la neige.
Ajoutons aussi l’équipement pour le chien qui doit être tenu en laisse en tout temps. Il faut connaître son animal de compagnie afin de décider s’il devra porter sa combinaison de neige et de petites bottes, entre autres. Tout dépend du type de chien, de la météo et du terrain. Par exemple,en zone plus sauvage, certains chiens peuvent même avoir les cils collés par le froid. Les lunettes canines sont alors nécessaires!
Risques, dangers et outils de prévention
On retrouve majoritairement quatre risques qui rendent ce sport relativement dangereux. Évidemment, faire du touring au mont Olympia ne comporte pas le même niveau de risque que d’aller dans les Chic-Chocs.
Les coupures – Les arêtes des skis deviennent des couteaux qui se baladent à des dizaines de kilomètres-heure dans les pistes. Une patte de chien qui passe trop près pourrait donc être tranchée, eh oui. Même si la coupure est superficielle, un tendon coupé près des coussins ou plus haut sur la patte, c’est horrible. Le chien perd beaucoup de sang et les blessures peuvent être très difficiles à guérir.
Pour éviter cela, le chien doit tout d’abord connaître les commandes de base utilisées dans plusieurs sports attelés, soit : gauche, droite, en avant, stop ou encore ralenti.
Il doit également apprendre à ne pas s’approcher des skis. Avec l’aide de ses bâtons, on peut délimiter un périmètre de sécurité. Lors de la montée, on choisit aussi une laisse plus longue afin de laisser un long espace dégagé de 6 à 8 pieds devant soi. Pendant la descente, le chien doit rester le plus possible derrière soi puisqu’il est plus facile de freiner que d’éviter un chien qui zigzague.
On comprend mieux maintenant à quel point il faut être rapide et agile sur ses skis! Si la personne skieuse doit arrêter sec, il vaut mieux que le chien soit en arrière. Il a d’ailleurs la chance d’être pas mal plus tout-terrain grâce aux quatre pattes et aux griffes qui offrent une très bonne adhérence.
Des bottes aux semelles épaisses ou des guêtres (ça ressemble au machin noir que tu trouves en pharmacie quand tu te foules un poignet) pourraient offrir une petite couche de protection supplémentaire pour les pattes de pitou.
L’hypothermie – Les chiens ne parlent pas (grosse affirmation, je sais!), mais il est relativement facile de lire leur langage corporel. A-t-il froid? Est-il épuisé? Est-il bloqué dans la neige? On doit penser à s’habiller chaudement, mais également prendre le matériel pour garder son chien au chaud.
Prévoyez donc différents vêtements adéquats pour pitou ainsi que des lunettes pour limiter la glace dans les yeux en zones plus isolées. On peut aussi penser à avoir un sac de couchage ou une couverture pour réchauffer son chien après l’activité, voire même pendant la pause au sommet!
Ayez une boisson chaude dans un thermos et de l’eau température comptoir dans un contenant qui ne gèlera pas. Et pour aider à mieux prévoir, validez les conditions météo avant de partir, que ce soit au bas des pistes ou tout en haut.
Limitez également la quantité de neige ingérée par votre chien pour garder une température corporelle plus équilibrée.
Les blessures – Comme dans toutes randonnées, les blessures sont possibles pour toutes sortes de raisons : de faux mouvements, du matériel défectueux, la météo, etc. Quand on skie dans les sous-bois naturels, on ne peut confirmer ce qui se trouve sous l’épaisse couche de neige. Branches coupées, roches de toutes les tailles, et les blessures qui s’ensuivent peuvent être dramatiques. Une branche de 2-3 pouces coupée à l’automne peut réellement faire très mal si on tombe de dos dessus, par exemple. Imaginez le résultat pour un pitou.
Un chien qui court à près de 25 km/h en descendant pourrait aussi se blesser aux épaules en faisant de trop grandes enjambées.
En allant dans des endroits connus en toutes saisons, en évitant certains secteurs et en gardant son chien en arrière, le risque de blessures est réduit. Choisissez des endroits défrichés et entretenus en faisant simplement le plus attention possible. On essaie aussi de garder un œil sur sa vitesse pour limiter la course effrénée de son chien.
Un trou de sapin ou de rivière – Quand il neige, les sapins sont ensevelis. En raison des branches et des épines, le sol sous le conifère reçoit très peu de précipitation. Se faisant, on y retrouve des trous de sapins, un phénomène ultra dangereux.
Si le chien est en laisse, il sera déjà plus facile de le remorquer à l’extérieur d’un trou. On devrait aussi choisir un harnais plus long avec une poignée sur le dos afin de faciliter le sauvetage. Un harnais de la sorte pourrait aussi aider à soulever son chien par-dessus un obstacle, par exemple.
De plus, une longe colorée permet aussi de bien repérer son chien s’il tombe dans un trou de sapin ou même sous une rivière. On suit la laisse jusqu’à trouver notre bête en détresse.
Se perdre et être pris dans une avalanche – Pour l’éviter, il suffit de télécharger une carte et d’étudier les sentiers correctement avant le départ. La carte doit être accessible même sans réseau de téléphone. Avec le froid des montagnes, on peut aussi penser à apporter une batterie externe pour son appareil mobile.
En ce qui a trait aux avalanches, bien que rares, il y en a déjà eu au Québec. Une formation adéquate ainsi que le matériel de sécurité sont nécessaires. Des cours sont disponibles chez Avalanches Québec entre autres.
Où aller pour pratiquer ce sport?
Sans étonnement, la majorité des stations de ski refusent l’accès au chien sur leurs pistes. Mais le ski de rando avec son chien peut se pratiquer de manière officielle ou sournoise.
Il existe quelques stations qui acceptent officiellement les chiens dans certaines pistes. Vous les retrouverez ici avec toutes leurs particularités. On peut aussi penser à certaines anciennes stations de ski ou montagnes de randonnée qui pourraient être de potentiels endroits à tester. À chacun.e de voir s’il ou elle est prêt.e à s’introduire sur des terrains non balisés et parfois privés. Par ailleurs, certaines lignes électriques proposent de larges étendues libres et sans contraintes.
Dans tous ces cas, on vous suggère de souscrire à une assurance accident-invalidité de la FQME. Cette association permet aussi de découvrir plusieurs secteurs de ski (et sûrement de vous nouer de nouvelles amitiés).
Bonne sortie!
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Ce contenu a été bichonné pour Dehors par l’équipe d’On va se promener? qui vous propose aussi d’autres contenus canins ici!