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Quoi faire quand vos finances nuisent à votre santé mentale?
C’est quand la dernière fois que vous avez parlé de vos finances personnelles avec vos amis ou votre douce moitié? Vous êtes plus du genre à avoir un CELI et des REER avant 25 ans ou à éviter de regarder la balance entre votre compte crédit et votre compte courant? Que vous soyez l’un de ces deux profils, ou juste un heureux mélange des deux, l’argent et nos finances, ça reste des sujets délicats pour la majorité d’entre nous.
Une des sources principales de stress des Québécois est la gestion de leurs sous.
Les statistiques de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) et de Statistique Canada le montrent clairement : une des sources principales de stress des Québécois est la gestion de leurs sous.
Mais on va se le dire, lorsque vos finances font la gueule, c’est pas la chose la plus facile que de trouver quelqu’un avec qui en parler.
L’histoire d’une étudiante comme les autres
Quand Sophie a compris qu’elle avait des problèmes d’argent, ça n’a pas été simple d’en parler à ses proches. « Je me suis rendu compte que c’était un problème délicat à aborder, me dit-elle. Avec ma famille, mes amis, je voulais en parler et développer des stratégies autour de ça, mais on dirait que les gens changeaient beaucoup de sujet et qu’ils n’osaient pas me dire qu’ils me comprenaient parce que ça les gênait full ».
Le problème de Sophie, c’est son côté impulsif qui prend le contrôle sur sa carte de crédit. « Mettons que j’ai le goût de changer ma garde-robe. Je vais m’asseoir sur mon divan, prendre mon laptop, magasiner pour 300 piasses de vêtements chez Simons et sans réfléchir je vais cliquer sur confirmer », m’explique-t-elle.
Le jour où elle a cliqué que ça ne pouvait plus continuer comme ça, c’était la troisième fois qu’elle augmentait sa marge de crédit de 5 000$ en un an et demi.
Elle s’est rendu compte que ses dettes s’élevaient à près de 60 000$ en incluant ses prêts étudiants.
Avec un BAC en route et une maîtrise qui arrive à grands pas, elle s’est rendu compte que ses dettes s’élevaient à près de 60 000$ en incluant ses prêts étudiants. Des personnes dans la situation de Sophie, il y en a beaucoup plus qu’on le pense.
C’est après en avoir parlé à son copain, qu’elle a décidé d’aller consulter pour travailler sur son problème d’impulsivité.
Demander l’aide d’un professionnel
Vous me direz que pour une meilleure gestion de son portefeuille, il suffit de se tourner vers un conseiller financier, mais parfois, la relation que l’on a avec l’argent a besoin d’être creusée un peu plus en profondeur.
Le thérapeute Thomas Faupl offre des thérapies aux gens ayant des problèmes financiers. En faisant ses études en psychothérapie, le thérapeute de San Francisco a été conseiller en crédit certifié pendant 14 ans.
« J’ai interviewé des centaines et des centaines de personnes et de couples en lien avec leurs finances et j’ai remarqué que les gens vivaient beaucoup d’émotions autour de ça », explique-t-il. Ces clients étaient souvent en état de stress et étaient honteux de leurs dépenses. C’est là qu’il a compris que ces problèmes avaient besoin d’être réglés par un professionnel de la santé.
Aux États-Unis, il existe la Financial Therapy Association qui regroupe des professionnels qui traitent les problèmes psychologiques liés aux finances personnelles à travers le pays. Mais quand on fait des recherches auprès de l’Ordre des psychologues du Québec, c’est plutôt difficile de trouver des psychologues spécialisés dans ce domaine. « C’est une branche émergente, explique Thomas Faupl. Même dans l’État de Californie, il doit y en avoir seulement six ou sept qui font ça, alors que nous sommes des millions de personnes ».
Pour le spécialiste, l’important est de comprendre d’où vient notre relation avec l’argent. Est-ce que t’as un père qui magasine avec les circulaires ou une grand-mère, comme la mienne, qui achète de la bouffe pour quinze à chaque repas ?
Il a rencontré plusieurs patients qui cachaient des dettes à leur partenaire et ça, ça peut te scrapper une relation assez vite.
Selon lui, il est aussi primordial de parler de ses finances et de ne pas garder de secrets, surtout en couple. Il a rencontré plusieurs patients qui cachaient des dettes à leur partenaire et ça, ça peut te scrapper une relation assez vite. Il ressent beaucoup de frustration dans les couples qui ne se comprennent pas dans leur relation à l’argent.
Des solutions concrètes
Pour Sophie, les péripéties financières sont loin d’être terminées, mais elle est sur la bonne voie pour s’en sortir. Avec l’aide de sa psychologue, elle a appris à se faire un budget précis et à évaluer ce qu’elle peut dépenser. Elle a aussi développé des trucs comme ne plus sortir magasiner avec ses cartes de guichet. « J’ai pris l’habitude de retirer plus souvent de l’argent au guichet, dit-elle. J’ai 100$ dans mon porte-monnaie alors je ne peux pas dépenser plus que ça ».
Ce n’est pas tout le monde qui possède les notions nécessaires pour gérer ses finances.
Ça semble peut-être évident, pourtant, c’est loin d’être si simple. Ce qu’explique Thomas Faupl, c’est qu’aujourd’hui, l’argent est une notion beaucoup plus abstraite alors qu’elle prend une forme virtuelle. Ce n’est pas tout le monde qui possède les notions nécessaires pour gérer ses finances.
« J’ai des gens très éduqués qui me consultent et qui ne savent pas faire un budget, indique-t-il. Les gens peuvent développer une relation saine avec l’argent, mais il faut utiliser des outils intérieurs et extérieurs ». Il conseille d’utiliser les applications et les sites web qui aident à prévoir un budget, mais ça ne s’arrête pas là. Il faut aussi comprendre les émotions que l’on vit face à notre relation avec l’argent et comprendre pourquoi on se sent comme ça.
Sur ce, je vais aller jeter un coup d’œil à ce qu’il reste sur mon compte épargne et pourquoi pas en glisser à mot à mon psychologue la semaine prochaine.