Le niveau de tolérance à l’hygiène déficiente est propre (hin hin) à chaque personne. De mon côté, je dirais que je passe sans problème par-dessus les cheveux gras, et l’occasionnelle odeur de swing lors d’une chaude journée d’été. En fait, les gens peuvent ben puer autant qu’ils veulent à condition que tu ne rentres pas dans ma bulle ou qu’on ne partage pas le même wagon de métro pour plus de deux stations.

Mais lorsqu’on parle vie de bureau, ça change un peu la donne. Quand je travaille chez moi, je peux porter mes vieilles gougounes Adidas qui sentent l’haleine de trou de cul. Mais quand je partage un îlot avec quelqu’un, je dois me garder une petite gêne, par respect pour mon entourage.

Par contre, peut-être avez-vous au bureau une personne qui ne se pose pas ces questions. Quelqu’un pour qui la douche, le déodorant et laver ses bas sont aussi optionnels que l’utilisation des clignotants chez les conducteurs de Ford F-150.

Quoi faire dans ce cas-là? Pour l’instant on travaille avec des masques, mais quand cette membrane de tissu ne sera plus là pour nous protéger, il faudra faire face (hin hin (bis)) au problème pour de bon.

Voici quelques suggestions pour aborder cette question délicate avec votre collègue qui n’a toujours pas compris les effets de la puberté sur son corps.

Considérez de laisser simplement un message sur le bureau de la personne concernée, avec un échantillon de savon, déodorant et autres produits nécessaires. C’est simple, c’est propre et ça se fait sans confrontation.

Personne n’aime se faire mettre ses défauts en pleine face. Souvent, on tombe sur la défensive et on obtient le résultat inverse. On ne veut pas froisser la personne, simplement lui faire comprendre qu’elle sent la charogne (ATTENTION: le mot charogne est utilisé à des fins de synonyme. NE PAS METTRE CE MOT DANS LE MESSAGE) et que ça affecte ses relations avec les autres personnes du bureau.

Les cadeaux qui accompagnent la lettre permettent aussi de donner une petite trousse de départ à votre collègue. On ne connaît pas sa vie, et peut-être que son manque d’hygiène vient d’un budget trop serré. Si c’est le cas, ça lui évitera de devoir débourser de sa poche. Sérieusement, on ne connaît pas toujours la réalité des gens, et malgré les quelques gags d’odeurs que j’ai faits précédemment, puer n’est pas toujours un choix.

La méthode précédente vous semble trop lâche? Vous vous dites qu’on est tous des adultes et qu’il faut affronter nos problèmes en face? Alors, allez-y pour la méthode directe: allez voir la personne et dites-lui carrément le problème.

Attention: si c’est l’approche que vous préconisez, il faut le faire avec tact, calme et empathie. Mettez-vous dans les souliers du puseur, et faites-lui comprendre que vous lui en parlez uniquement pour son bien. Demandez aussi s’il y a une manière pour vous de l’aider à régler la situation.

Évitez les trucs du genre «on aimerait ça s’asseoir à côté de toi sur l’heure du midi sans que ça nous coupe l’appétit» ou «tu t’es jamais demandé pourquoi tu étais le seul qui participait encore aux meetings sur Zoom?».

Blague à part, si la personne est assez mature pour prendre la critique, elle appréciera le fait que vous lui en parlez directement, et agira en conséquence.

L’humour a cette habilité de faire passer certains messages en douce, sans trop heurter la personne. Et on sait que derrière chaque blague se cache un fond de vérité.

Peut-être qu’avec le temps, à coups de sous-entendus, la graine sera plantée dans la tête de votre collègue et il finira par comprendre pourquoi c’est lui qui a son bureau à côté du bac de compost.

Mais il faut être vigilant, parce que l’humour est un art difficile à manipuler, et on peut finir par percevoir vos interventions comme passives agressives plutôt que comiques. Et encore faut-il que la personne ait elle-même un sens de l’humour, sinon vous ne ferez que la froisser. La ligne est mince entre la taquinerie et l’intimidation.

Il faut donc bien connaître la personne qu’on vise avec nos blagues. Avec mes amis, on règle beaucoup de conflits via l’humour. On sait qu’on peut passer certains messages un peu plus rough à la blague et que les autres comprendront ce qu’on voulait dire sans se sentir insultés.

Mais les limites humoristiques de chaque personne sont différentes, il faut donc utiliser l’humour avec modération et doigté.

Le proverbe «il ne faut pas tirer sur le messager» existe justement parce qu’on tire sur le messager. Alors, pourquoi ne pas vous arranger pour que le messager soit quelqu’un en qui votre collègue a confiance?

Malgré sa condition, il y a des gens dans votre bureau qui apprécient la personne qui pue. Derrière cette odeur de tsour se cache sûrement une bonne personne (on l’espère), et certains collègues l’ont sûrement remarqué.

Ces personnes sont toutes indiquées pour être celles qui iront en discuter avec le puant (désolé, je suis à court de synonymes). On reçoit beaucoup mieux une information délicate lorsqu’elle vient d’une personne en qui on a confiance.

En terminant, dites-vous que le plus important est de faire preuve d’empathie envers la personne. Un environnement de travail mérite de dépasser le statut de cour d’école. On veut amener les gens à s’améliorer pour le mieux, pas les rabaisser. Surtout que l’on est tous le puant de quelqu’un d’autre à un moment ou un autre.

Mais si vous abordez le tout avec respect et compassion, peut-être qu’un jour vous pourrez enfin partager votre espace avec ce collègue sans devoir vous mettre le nez dans votre chandail.

Après, il ne vous restera plus qu’à vous attaquer au dernier problème d’odeur de votre bureau: le fatigant qui chauffe son lunch de poisson dans le micro-ondes.