Quoi faire quand un client refuse de payer

Il y a plein d’avantages à être son ou sa propre boss. On choisit son horaire, ses projets, ses client.e.s. On a le contrôle sur plein de choses qui nous permettent de faire notre travail comme on l’entend, ce qui est réellement un luxe!

Par contre, comme vous le confirmera n’importe quel travailleur ou travailleuse autonome, des problèmes de liquidité peuvent survenir à tout moment. Et dans un contexte économique aussi volatil que celui dans lequel on vit présentement, il n’y a rien de pire qu’un.e client.e qui est en retard dans ses paiements, voire qui refuse carrément de payer.

Bien entendu, des oublis peuvent survenir, ou peut-être que la personne a besoin de quelques jours de plus pour remédier à ses propres problèmes de liquidité avant de pouvoir vous payer. Mais que faire quand un paiement important traîne et que le temps presse?

Gardez en tête que les humains restent imparfaits et qu’il peut donc arriver qu’un.e client.e manque par mégarde la date de paiement. Armez-vous de votre sens de la diplomatie et restez calme.

Rien ne sert de se fâcher et d’être désagréable avec la personne. Rédigez plutôt un premier courriel empli de politesse et de mansuétude. Un friendly reminder, comme on dit dans le monde des affaires. Assumez que c’est simplement un honnête oubli de la part de votre client.e, rappelez-lui que la date d’échéance du paiement a été dépassée et que pour éviter des frais supplémentaires, il serait judicieux de payer dès que possible.

La personne se sentira respectée et comprise, ce qui lui donnera beaucoup plus envie de vous faire parvenir le chèque que si vous lui envoyez un courriel qui laisserait sous-entendre qu’elle aurait manqué son paiement de manière délibérée.

Vous avez été gentil.le et poli.e au premier courriel et votre client.e vous ghost encore? Là, c’est le moment d’être un peu plus ferme. Renvoyez-lui la facture, avec le montant dû, la date de paiement initial et l’indication qu’il s’agit d’un *dernier rappel* en rouge. C’est fou ce que ça peut faire de simplement changer la couleur d’un texte : le rouge mettra votre mauvais payeur sur le qui-vive. Si vous connaissez bien votre client.e, offrez-lui de conclure une entente de paiement.

C’est aussi le bon moment de lui signifier, si vous effectuez un projet à long terme, que vous cessez le travail dès l’envoi de ce courriel, jusqu’à ce que vous receviez votre paiement. Ça aussi, ça devrait lui mettre le feu aux fesses!

Le pire cauchemar de bon nombre d’entre nous, le réflexe de tout bon boomer; on est rendu au bout de l’aventure où l’on ne niaise plus et où il faut, malheureusement, appeler la personne. Là, il faudra obligatoirement être stoïque et calme, car un ton de voix qui laisserait trahir votre inconfort pourrait jouer à l’avantage de votre client.e, si iel est assez mesquin.e.

Vous avez jusqu’ici été calme et compréhensif, mais là, ça suffit! Vous exigez votre paiement dans la semaine qui suit, sans quoi il y aura des intérêts qui s’appliqueront. Et s’iel essaie de se faufiler en utilisant des excuses bidons, n’ayez pas peur de lui faire comprendre que votre patience a des limites et que, vous aussi, avez besoin de cet argent!

C’est plate de devoir en arriver là, mais parfois, des mesures plus draconiennes s’imposent. Si l’évocation d’une mise en demeure semble menaçante, c’est que ce document est souvent le dernier rappel pour un paiement avant qu’une poursuite ne soit lancée. Mais c’est aussi une alliée importante pour vous, car la mise en demeure vous permet de commencer légalement à facturer des intérêts, à lancer une poursuite, et à vous placer parmi les créanciers, si jamais votre client.e fait faillite.

Vous pouvez trouver en ligne des exemples de mise en demeure, ou vous pouvez demander à un.e avocat.e de vous aider à en créer une. Pour vous protéger, au cas où une poursuite serait lancée, la lettre de mise en demeure devrait idéalement être remise au mauvais payeur par un huissier, ou au moins par courrier recommandé.

Si ce n’est pas la meilleure option pour vous et que vous avez plusieurs client.e.s après qui courir, avoir recours à une agence de recouvrement peut être une possibilité intéressante.

Avec un peu de chance, les étapes 1 à 4 auront eu raison du mauvais payeur et vous pourrez recommencer à vous concentrer sur l’essentiel : votre job. Mais il y a parfois des gens qui sont très durs à motiver lorsque vient le temps de payer pour un service rendu.

À ce moment-là, laissez le long bras de la justice prendre le relais. Pour des montants allant jusqu’à 15 000 $, vous pouvez amener le contrevenant en cours des petites créances – un processus simple et expéditif qui ne nécessite même pas un.e avocat.e. Les deux partis règlent ça devant un.e juge, qui finit par trancher. Les délais sont beaucoup plus courts que dans une cour traditionnelle, et vous avez même droit à un service de médiation gratuit pour conclure la meilleure entente possible avec la partie adverse!

Si le montant dû s’élève à plus de 15 000 $, il se peut que les petites créances restent tout de même la meilleure option. Au-delà de ça, vous devrez aller en cour, payer des avocat.e.s, des frais administratifs, et ça vous prendra très longtemps. Faites vos calculs et déterminez ce qui a le plus de sens selon votre situation.

Un non-paiement peut avoir une grosse incidence sur votre entreprise, sur vos finances personnelles et sur votre stabilité financière, en plus de créer énormément de stress. Mais si de l’argent vous est dû, il y a toujours un moyen de le récupérer. Et si on essaie de vous arnaquer, prenez la leçon à cœur, et dites-vous qu’on ne vous aura pas deux fois!