Quoi faire quand on perd son emploi

À peine une semaine après avoir pris les rênes de Twitter en tant que nouveau propriétaire, Elon Musk a déjà commencé un processus de licenciement massif. En tout, plus de la moitié de la main-d’oeuvre de Twitter a perdu son emploi.

Bon, après tout, c’est le monde de la tech : les licenciements sont chose courante. Toutefois, la manière dont les (ex-)employé.e.s de Twitter ont appris leur renvoi est moins qu’idéale. Les personnes les plus chanceuses ont reçu un courriel très impersonnel les informant qu’elles sauraient au cours de la journée de vendredi si elles conservaient leur emploi ou non.

Les bureaux ont été fermés, et plusieurs employé.e.s ont simplement appris qu’ils avaient perdu leur emploi quand ils ont tenté de se connecter, en vain, à leur adresse courriel Twitter ou leur compte Slack. Pire encore, certain.e.s employé.e.s qui avaient reçu un mail de renvoi se sont fait dire, quelques heures plus tard, qu’il y avait eu erreur et que leur emploi était maintenu après tout.

On peut tous et toutes en convenir, ce style de licenciement est brutal, soudain et maladroit. Mais est-il légal?

Il y a plein de manières de perdre son emploi, et peu importe laquelle survient, vous avez des droits, et c’est important de les connaître.

Quelle que soit la raison pour laquelle vous perdez votre emploi, il faut que votre employeur vous en informe dans un délai raisonnable. Si votre employeur croit qu’il y a perte de confiance ou s’il ne veut simplement pas que vous veniez au travail durant la période de délai prescrite, il peut également mettre fin immédiatement à votre emploi, mais doit tout de même vous verser l’équivalent du salaire pour la durée établie de préavis, selon votre ancienneté.

Le licenciement, c’est la perte d’emploi un peu classique : c’est quand le problème est du côté de la compagnie. Elle éprouve des difficultés financières et doit se restructurer, votre emploi a été fusionné, l’usine déménage dans un autre pays, etc. Dans ce cas-là, votre employeur vous doit soit un préavis, soit de l’argent! De plus, vous devriez aussi recevoir ce qu’il vous reste de votre salaire de vacances et vos heures de travail supplémentaires.

Il y a des situations où votre employeur n’a pas à vous donner de préavis (bien qu’il doive vous payer pour toutes vos heures de travail et vos vacances accumulées). Par exemple, si vous êtes employé.e depuis moins de trois mois, si vous avez perdu votre emploi par votre faute (genre voler dans la caisse du magasin où on travaille), ou encore si c’est pour une raison fortuite, comme votre lieu de travail qui a brûlé.

Le cas de Twitter serait celui d’un licenciement collectif. Les lois au Canada étant un peu plus restrictives et favorables aux employé.e.s qu’aux États-Unis, il y a des mesures mises en place pour vous protéger.

Premièrement, un avis de cessation d’emploi doit être transmis, avec un délai qui varie selon le nombre d’employé.e.s concerné.e.s. La Loi sur les normes du travail prévoit que de 10 à 99 salarié.e.s, le délai pour transmettre l’avis est de 8 semaines; de 100 à 299 salarié.e.s, le délai à respecter est de 12 semaines; et pour plus de 300 salarié.e.s, un délai de 16 semaines.

Encore une fois, si cela n’est pas respecté, votre employeur doit vous rémunérer pour le nombre de semaines établies selon le cas.

La mise à pied est quant à elle une mesure pour une cessation d’emploi temporaire. Elle est courante dans les emplois saisonniers, comme dans le monde du tourisme, du sport ou de la construction.

Elle ne constitue pas un renvoi : si l’employeur prévoit vous réengager à la prochaine saison, c’est seulement une mise à pied. Il doit vous remettre un relevé qui prouve que votre contrat de travail est temporairement suspendu, ce qui vous permettra d’appliquer pour l’assurance emploi.

Encore une fois, votre employeur doit vous donner un préavis raisonnable en fonction de votre ancienneté, sauf si l’interruption de votre contrat d’emploi dure moins de six mois. Dans ce cas-là, il n’a pas à vous en donner.

Fait intéressant, si vous êtes mis.e à pied, l’employeur ne peut pas mettre fin à votre contrat de travail. Mieux encore, l’avis de cessation serait qualifié de mon nouveau terme légal préféré : « nul de nullité absolue ». Et si on ne vous rappelle pas à la prochaine saison, vous pouvez faire une plainte pour congédiement sans justification.

Le plus brutal d’entre tous, le congédiement, survient dans deux cas : soit vous avez vraiment fuck up, ou il y a un bris de confiance entre vous et votre employeur. Peu importe le cas, il faut que ça implique soit des raisons disciplinaires ou une incapacité à accomplir votre charge de travail. Bref, c’est quand le problème, c’est vous.

La loi prescrit un préavis raisonnable, mais dans la plupart des cas, si vous êtes congédié.e, on va simplement vous demander de quitter et vous donner un package, ou une indemnité salariale; en plus de votre salaire et toutes les heures supplémentaires travaillées.

Peu importe la façon ou les raisons pour lesquelles votre emploi se termine, il se peut qu’il y ait une phase d’unboarding, où l’on vous questionne sur votre ancien emploi et l’on vous fait signer des contrats qui veulent que les secrets de la compagnie meurent avec vous. C’est assez commun et bénin, la plupart du temps, mais assurez-vous tout de même de bien lire ce que vous signez.

Par exemple, une grosse somme comme indemnité pourrait affecter vos finances, à la prochaine saison des impôts, ou des clauses de confidentialité pourraient carrément vous empêcher de travailler dans le même domaine ou sur des projets semblables. Ça serait plate de vous faire avoir par la personne qui vous a mis dehors!

Perdre son emploi, c’est toujours plate, un peu comme des ruptures amoureuses. Mais savoir comment bien le quitter, et faire respecter vos droits dans le processus, ça ne pourra que vous aider pour la suite!