LogoSponsor

Quoi faire quand on est une marque associée à une personnalité visée par des allégations d’inconduite sexuelle?

Au-delà de couper les ponts.

Par
Edouard Ampuy
Publicité

La vague de dénonciations d’inconduites ou de harcèlement sexuel qui déferle sur les réseaux sociaux impliquant plusieurs personnalités publiques a été à l’origine de fins abruptes des collaborations entre des marques et leurs représentants. Les dernières en date, l’annulation des contrats qui liaient l’animatrice Maripier Morin aux entreprises Blush et BonLook à la suite des accusations de harcèlement sexuel par la chanteuse Safia Nolin.

«L’abus quel qu’il soit, et ce type de comportement n’ont jamais été et ne seront jamais tolérés par nous», assure Blush dans un communiqué. «Le respect a toujours été en tête de liste de nos valeurs en tant qu’organisation et nous appliquons une politique de tolérance zéro à l’égard du harcèlement sous toutes ses formes», affirme BonLook.

«Dans la mesure où la personne mise en accusation reconnait une partie des faits, les carottes sont cuites et l’entreprise doit avancer rapidement.»

Publicité

Dans les commentaires Facebook, certains internautes considèrent ces décisions hâtives, mais selon la professeure d’éthique organisationnelle à HEC Montréal, Joé T. Martineau, elles sont tout à fait compréhensibles. «Dans la mesure où la personne mise en accusation reconnait une partie des faits, les carottes sont cuites et l’entreprise doit avancer rapidement. Elles n’ont pas vraiment le choix de se dissocier de cette personne. Elles vont mettre en avant leurs valeurs et dire que la personne ne correspond pas à leurs valeurs», explique-t-elle.

Mais est-ce la seule chose à faire? Lorsqu’une organisation se retrouve face à ce type de situation, jusqu’où s’étend sa responsabilité?

Être authentique dans ses valeurs

Selon Joé Martineau, les entreprises doivent être en phase avec la société dans laquelle elles font leurs affaires. Si elles sont authentiques dans leurs valeurs, cela devrait s’illustrer autant dans leur communication que dans leurs pratiques organisationnelles. «Est-ce qu’elles ont des programmes de sensibilisation ou de formation au sein de l’organisme pour tenter de minimiser ces enjeux à l’interne? Si c’est le cas, elles pourraient le mettre en avant.»

Publicité

Selon son communiqué, BonLook estime que les actes de Maripier Morin «ne respectent pas les valeurs de BonLook que nous mettons en application à l’interne comme à l’externe». Contacté à ce sujet, BonLook nous a dirigés vers leur position officielle.

«On est dans le marketing de l’image en ce moment, ça pourrait être un geste intéressant qui serait bénéfique tant pour l’entreprise, que l’organisation.»

En matière d’actions à court terme, une boite qui deal avec cette situation peut poser un geste concret en faveur des victimes. Sur la publication Instagram où Blush annonçait la fin de son partenariat, quelques commentaires suggèrent à la marque de donner le stock de vêtements restant à une organisation qui vient en aide aux personnes victimes de harcèlement. Une idée qui n’est pas inintéressante d’après Joé T. Martineau: «On est dans le marketing de l’image en ce moment, ça pourrait être un geste intéressant qui serait bénéfique tant pour l’entreprise, que l’organisation.»

Publicité

Diriger les victimes vers les ressources existantes

D’une façon assez simple, les compagnies peuvent ajouter à leurs publications des liens vers les organismes spécialisés dans le soutien et l’aide aux victimes.

«On doit inviter les victimes à se tourner vers les organismes qui sont là pour les aider et les accompagner.»

C’est ce que conseille la présidente de l’Association québécoise Plaidoyer-Victimes, Arlène Gaudreault. Si elle explique que ce n’est pas le rôle de ces entreprises d’aider les victimes, elle considère néanmoins qu’elles ont une responsabilité à faire plus que juste entendre leur voix. «On doit inviter les victimes à se tourner vers les organismes qui sont là pour les aider et les accompagner. C’est ça le message qui doit être véhiculé et qui m’apparait primordial», indique-t-elle.

Publicité

C’est d’autant plus important en ce moment quand ces sujets font les gros titres de l’actualité et qu’ils trend sur les réseaux. Ces périodes de dénonciations peuvent avoir des conséquences pour les victimes comme l’indique Marie-Christine Michaud, criminologue, porte-parole et coordonnatrice du réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). «Pour se protéger, on peut enfouir ce qui nous est arrivé et quand on entend ce genre de chose, ça peut réveiller toutes sortes de conséquences comme des cauchemars, maux de tête ou autre. C’est important de dire qu’il y a de l’aide pour que les personnes ne soient pas isolées», explique-t-elle.

Nous avons inclus une liste d’organismes de soutien à la fin de cet article.

Des recherches en amont?

Mais plutôt que d’être en mode damage control après, est-ce qu’on ne peut pas tenter d’anticiper l’avant? Selon Joé T. Martineau, c’est déjà le cas. «Ces entreprises, je suis sûre qu’elles font des recherches sur les casiers judiciaires et sur l’existant. Elles ont des avocats spécialisés dans ce genre de vérification pour essayer d’anticiper, mais c’est très difficile», note-t-elle.

Publicité

Et améliorer cette prérecherche? Cela semble compliqué pour la professeure. «C’est pour ça qu’elles bougent rapidement quand ces affaires émergent. Il y a toujours des clauses dans leur contrat, l’advenant ou si une situation comme celle-là éclate elles peuvent y mettre fin. Et c’est ce qu’elles font.»

Ressources de soutien aux victimes

Si vous ou un de vos proches a été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle, voici les ressources que conseille Marie-Christine Michaud du réseau des CAVAC pour trouver de l’accompagnement et du soutien:

Publicité

Directeur des poursuites criminelles et pénales (Ligne téléphonique destinée à renseigner les personnes victimes de violences sexuelles qui envisagent de déposer une plainte auprès des policiers – gratuit et confidentiel)
1 877 547-DPCP (3727)

Publicité

CPIVAS– Laval (Centres d’aide et de prévention pour les victimes d’agressions sexuelles qui offrent aussi des services aux hommes)
450-669-9053
http://www.cpivas.com

Publicité

CRIPHASE (Centre de Ressources et d’Intervention Pour Hommes Abusés Sexuellement dans leur Enfance)
514 529-5567
http://www.criphase.org

Emphase Mauricie & Centre-du-Québec (pour hommes agressés sexuellement dans l’enfance)
1-855-519-4273
https://emphasemcq.org

Publicité

Juripop (services juridiques gratuits et confidentiels)
514 705-1637

RQCALACS (Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel)
1-877-717-5252
http://www.rqcalacs.qc.ca

Publicité

SHASE Estrie (Soutien aux hommes agressés sexuellement dans leur enfance)
819-933-3555
http://shase.ca