Logo

Quoi faire et ne pas faire quand on rencontre un chien réactif en sentier

Non, rouler des yeux et faire des « Tsut, tsut tsut! » n'est pas utile du tout.

Par
On va se promener?
Publicité

Je gambade, semi-essoufflée (OK, pas mal au bord de prendre une ‘tite pompe bleue, mais je me fais des accroires) dans un sentier du Québec. Je tiens mon chien en laisse et j’aperçois un couple en sens inverse. J’appréhende la rencontre et me tasse du sentier.

Je reprends mon souffle avant d’être rouge tomate, m’enfonce jusqu’aux cuisses dans la neige mouillée du printemps. Déjà que je mesure 5 pieds 3, je dois être maintenant haute comme une pomme avec mon gros méchant loup tout noir qui jappe comme un débile. Mon chien est stressé et réagit. Le couple me dévisage et m’envoie, assez fort pour que je l’entende : « Maudite épaisse! »

Jamais je ne jugerai quelqu’un.e qui a peur des chiens. J’ai moi-même été terrorisée toute mon enfance, me cachant entre les voitures si j’en apercevais un au loin. Je comprends donc l’inquiétude d’en rencontrer en sentier; il y en a aussi qui n’aime pas les chiens, tout simplement. Chacun.e ses limites.

On réagit tous différemment au danger, ça aussi, je le comprends. Freeze, fight, flight. Pour certain.e.s, une insulte est la meilleure manière de se battre contre quelque chose qui les rend mal à l’aise.

Publicité

Qu’on soit celui ou celle qui tient la laisse ou l’autre personne qui croise le chemin d’un chien réactif sur un sentier, il y a des choses à savoir pour que tout le monde profite de leur expérience avec la paix d’esprit.

Mieux comprendre les chiens « réactifs »

On pense à tort que les chiens réactifs sont une minorité. C’est qu’en fait, les chiens non réactifs aux chiens ou aux humains sont partout, tandis que ceux qui réagissent sont plutôt cachés, ou promenés dans des endroits où on ne les croise pas.

Il faut dire que les chiens à l’aise dans TOUTES les situations sont assez rares; certains ont plus de facilité dans les endroits publics, en interactions avec les humains, et tolèrent très bien les gros bruits, les autres chiens, les objets qui vont très vite, etc.

Si on y pense deux secondes, on peut probablement trouver au moins une situation où un chien démontre des signes d’inconfort. Je pourrais sortir une liste interminable de choses potentiellement stressantes. Je vous gâte de quelques exemples : j’ai récemment appris qu’un chien attaque la laveuse juste à cause du petit bip au démarrage, qu’un autre pourchasse les vélos, et qu’un autre encore chigne et jappe tout le long du trajet en voiture.

Publicité

Un chien qui n’est pas bien dans une situation le démontre de plusieurs manières. Évidemment, quand on pense aux chiens réactifs, on imagine un gros berger allemand qui jappe sur deux pattes (aka mon chien si vous nous croisez avec votre chien dans un sentier).

Nous, les humains, réagissons davantage à ces démonstrations d’inconfort puisque c’est ce qui lance l’alerte interne de danger potentiel : c’est quand même un set de dents blanches-ultra-Crest qui nous fait vibrer par son jappement ténor, postillons inclus. On est loin d’un opéra classique.

Publicité

En comparaison, un petit yorkshire au bout de sa laisse rétractable qui jappe sans cesse après les passant.e.s n’est clairement pas plus à l’aise, mais notre bouton panique intérieur n’est peut-être pas déclenché puisqu’un chien de trois livres mouillé ne représente pas une aussi grande « menace ».

Je pourrais clairement animer une séance de 95 heures bâtit uniquement d’exemples. Revenons à nos moutons (pis à nos chiens de bergers, tant qu’à y être).

Ce qu’on ne doit pas faire

On peut regrouper les choses à ne pas faire en trois points majeurs.

– Les insultes; incluant les party-mix à saveur de soupirs, sacres et regards croches.

– Donner des trucs et des astuces non sollicités. Les connaissances acquises en regardant la télé, ou même son expérience personnelle – parce que ça fait 30 ans qu’on a des chiens – ne vont en rien m’aider avec mon chien qui capote. Par contre, l’interaction durera plus longtemps; moment pendant lequel je n’écouterai pas en essayant d’avoir l’attention de mon chien, qui est un peu trop captivé par les sages paroles de l’intervenant.e inconnu.e.

Publicité

– Regarder mon chien et lui dire « tsut, tsut! » en le pointant du doigt. Bravo champion.ne, vous avez tout géré avec ce geste! Grâce à l’intervention, mon chien ne sera plus jamais réactif!

Je comprends que tout le monde a le droit de s’exprimer. Pas de problème avec ça. Je suis moi-même un moulin à paroles. Ce genre d’échange n’est simplement pas aidant.

Le ou la randonneur.euse est frustré.e, insécure, apeuré.e, dérangé.e à la suite de notre rencontre. De mon côté, je suis découragée, gênée, humiliée; et parfois, je peux même verser une petite larme le temps de reprendre mes esprits.

Publicité

Ce qu’on peut faire

Je résumerais la bonne attitude à adopter en trois mots bien simples : empathie, tolérance et bienveillance.

– Mentionner notre inconfort à la personne qui a un chien et la laisser prendre les devants ou vice-versa.

– Demander : « Qu’est ce que je peux faire pour aider? » Étonnement, les gens qui ont des chiens réactifs sont en mesure de s’exprimer et de demander de rester loin, d’offrir une gâterie, de ne pas bouger, etc. Un dialogue rapido presto qui fait toute la différence.

– Dire une phrase encourageante, genre : « Lâche pas! Continue tes efforts! » L’empathie, c’est très 2022.

Se taire et passer son chemin.

– En tant que propriétaire d’un chien réactif : mentionner aux gens autour qu’il est possible que son chien jappe, pour éviter le sursaut. Se tasser en bordure du sentier, rester calme.

– Avoir un dossard indiquant clairement la réactivité de son chien.

Publicité

Il faut se rappeler qu’un chien ne réagit pas pour faire exprès, mais plutôt parce qu’il ne comprend pas, est submergé par une émotion, ou ne se sent pas en sécurité. Il faut aussi garder en tête que les propriétaires de ces mêmes chiens veulent les aider, les comprendre et leur faire vivre des expériences positives. C’est tough pour tout le monde.

Merci à l’ado de 15 ans qui rentrait à pied après son shift d’emballeur et qui m’a lancé : « Lâchez pas madame, vous faites bien ça! » pendant que mon chien jappait. Ça m’a remonté le moral, donné espoir, et je me suis sentie soutenue. Même si c’était juste une petite phrase pour lui, c’était tout pour moi.

Publicité

Je garde espoir. Toutes les fois où on rencontre des personnes dans la rue, au travers des sentiers et que mon chien ne réagit pas, je suis tellement fière. Même si pendant une promenade, elle jappe après un seul chien, je dois me concentrer sur les 15 autres personnes qu’on a croisées sans qu’elle ait une réaction. C’est la preuve qu’avec de la patience, de la rigueur et surtout de la pratique, on peut y arriver tout le monde ensemble.

***

Ce contenu a été bichonné pour Dehors par l’équipe d’On va se promener? qui vous propose aussi d’autres contenus canins ici!

Publicité