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Quoi faire avec 2000$ par mois quand c’est beaucoup d’argent pour vous

Ou comment ne pas perdre la tête avec la PCU.

Par
Alexandre Perras
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La Prestation canadienne d’urgence (PCU) est distribuée depuis deux semaines aux quatre coins du pays. Des millions de Canadiens ont vu ou vont voir arriver 2000$ dans leur compte bancaire.

Pour certaines personnes, c’est un montant qui permet de respirer un peu après avoir perdu son emploi ou connu une baisse de revenus substantielle.

Pour d’autres, ce 2000$ a des allures de bénédictions. Accessible aux étudiants ayant gagné plus de 5000$ l’année dernière et qui ont vu leur emploi affecté par la pandémie, la PCU représente une entrée d’argent supérieure à ce qu’ils pouvaient gagner avec leur emploi étudiant.

Voir soudainement son salaire hebdomadaire doubler, tripler ou même quadrupler en l’espace d’un instant peut donner le goût de crier PARTY et de virer fou sur les dépenses non essentielles et c’est compréhensible. Ici, nous laisserons aux chroniqueurs et avides commentateurs le soin de débattre de ce genre de cas de figure. Reste que, pour certaines personnes, cette entrée d’argent peut constituer une occasion de mettre de l’ordre dans ses finances… et non une occasion d’acheter le dernier iPhone ou une Switch afin de rejoindre ses chums sur Animal Crossing.

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Un cadeau du ciel

Gabriel se considère très chanceux d’avoir accès à la PCU. L’étudiant en fiscalité à l’Université de Sherbrooke a vu la délicieuse somme de 2000$ apparaître dans son compte de banque la semaine dernière.

«Avant de virer fou, il faut se dire tout d’abord que la PCU est offerte comme un certain coussin de sécurité.»

«Dans mon cas, je faisais 100 piasses par semaines à travailler à temps partiel dans un restaurant. Maintenant, j’en fais 500, c’est cinq fois mon ancien salaire. À ça s’ajoute aussi le fait que je dépense beaucoup moins qu’avant. Mes déplacements sont réduits. Le gaz coûte moins cher. Je n’ai plus besoin de me payer une épicerie. C‘est sûr que c’est bénéfique pour moi», m’avoue l’étudiant qui reste malgré tout très lucide par rapport à sa nouvelle réalité, depuis qu’il est retourné vivre dans la maison familiale.

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Celui qui dit avoir toujours été autonome financièrement et très peu dépensier ne voit pas cet argent comme une occasion faire des folies. Il a préféré mettre 75% de son premier chèque sur le remboursement de son prêt étudiant. Gabriel dit avoir plus de latitude étant donné qu’il bénéficie du soutien de sa famille, mais il reste réaliste, puisque les mois à venir sont plus qu’incertains.

Garder les deux pieds sur terre

«Avant de virer fou, il faut se dire tout d’abord que la PCU est offerte comme un certain coussin de sécurité. C’est un coup de main», m’explique d’entrée de jeu David Truong, conseiller, centre d’expertise à Banque Nationale Gestion privée 1859.

«Économiquement parlant, tout est au ralenti. Est-ce que les cafés du coin, les restos, les commerces et les employeurs saisonniers pourront rouvrir à plein rendement? On ne le sait pas! La réouverture risque de se faire graduellement et il est très possible que tu ne retrouves pas ton emploi pour les prochaines semaines ou mois à venir. C’est un facteur à considérer», poursuit-il.

On se rappelle que vous avez droit à la PCU durant un maximum de 16 semaines.

Alors qu’est-ce qu’on doit faire avec ce 2000$-là?

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1- Faire un budget détaillé

«C’est un exercice qui est plate, je dois l’avouer, mais ça reste assez simple», me confie David Truong. Plate, oui, mais on va se le dire, ça reste assez simple dans la grande majorité des cas. À l’âge où l’on met les pieds dans une université pour la première fois, les responsabilités financières sont nécessairement moins élevées que plus tard dans la vie. Il n’y a pas grand-chose à payer à part nos besoins personnels.

«T’as pas d’hypothèque à gérer, t’as souvent pas d’enfants à ta charge. Habituellement, il va y avoir un loyer, l’électricité et la bouffe. Dans ça, plusieurs de ces dépenses peuvent aussi être séparées si tu es en colocation. Ajoutez à ça toutes vos autres dépenses pour un tour d’horizon complet.»

2- Reconsidérer ses dépenses

C’est maintenant le temps d’évaluer nos dépenses. Bien qu’elles soient réduites au maximum, ce n’est pas parce que papa et maman font des épiceries royales depuis votre retour qu’il faut en profiter pour dépenser votre argent anciennement alloué à la bouffe sur des folies. Ou à l’inverse, si vous n’avez pas le luxe d’être chez vos parents, c’est pas le temps de vous faire livrer tous vos repas.

«La PCU ne peut pas soutenir le même rythme de vie que tu avais avant le confinement.»

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«La PCU ne peut pas soutenir le même rythme de vie que tu avais avant le confinement. Il est important de s’organiser comme si on était sur le seuil de la pauvreté. Une épicerie traditionnelle risque de t’aider, et ce beaucoup plus facilement, à respecter le budget que tu t’es établi selon ce nouveau revenu. Ça se peut que tu manges du Kraft Dinner, mais il y a moyen de s’organiser pour bien manger malgré tout», m’explique David Truong.

3- Rembourser ses dettes?

L’idée de rembourser ses dettes peut être alléchante, surtout si vos dépenses sont réduites au maximum en vivant chez vos parents. Ce n’est pas incongru de penser que l’argent de surplus peut être utilisé pour rembourser vos dettes d’études, mais il reste important de considérer certaines choses.

«Tant que t’es aux études, t’es pas obligé de rembourser ton prêt étudiant. Mais en plus de ça, il y a des allégements pour le remboursement qui ont été accordés comme mesure d’aide au début de la crise», explique David Truong.

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«Oui, ne pas avoir de dettes, c’est bien. Le dicton le dit: “Qui paye ses dettes s’enrichit”, mais dans un cas où il n’y a pas d’urgence à rembourser et que t’as pas d’intérêts qui courent pour l’instant… On se calme le pompon. On prend cet argent-là, on ne fait pas de folie, et on le met de côté pour un fonds de prévoyance», poursuit-il.

Fonds de prévoyance 101

Côté bonnes pratiques pour un fonds de prévoyance, le conseiller affirme qu’il pourrait être pertinent d’envisager un CELI. Un compte d’épargne libre d’impôt, dans lequel, on peut mettre et retirer de l’argent sans impact fiscal. De plus, les revenus qui seront générés dans le CELI sont à l’abri de l’impôt, comme son nom l’indique.

«C’est un bon truc pour commencer à avoir des bonnes habitudes d’épargne. Si tu laisses un gros montant dans ton compte bancaire, il est beaucoup plus à ta disposition, tandis que si tu le mets dans un compte d’épargne, il y a comme une notion de sécurité supplémentaire qui te dit: “Ben ce compte-là, je ne devrais pas trop y toucher!”»

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4- Dépenser ce qui reste?

Alors, pour ceux qui n’ont pas de trop de dépenses, qui sont admissibles à la PCU, qui se sont fait un budget et qui considèrent faire attention à leur argent, qu’est-ce qui se passe?

«C’est un peu comme un cadeau du ciel. C’est donné, cet argent-là. On te donne littéralement un fonds de prévoyance!»

«C’est un peu comme un cadeau du ciel. C’est donné, cet argent-là. On te donne littéralement un fonds de prévoyance! C’est pas parce que t’es jeune que tu ne devrais pas prévoir le coup! C’est bien beau de dire qu’on gère bien notre argent, c’est pas parce que tu as un budget que tu as nécessairement prévu un fonds de prévoyance. Ce 2000$ dollars est imposable à la fin de l’année. Il va falloir s’assurer d’avoir la capacité de payer l’imposition sur l’argent reçu! Faut pas l’oublier», me lance David Truong.

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Et clarifions que ce fonds d’urgence n’est pas gelé pour toujours. Comme le conseiller le dit, «il pourrait éventuellement servir pour un futur voyage ou une future dépense qui vous travaille depuis un moment, selon comment les choses vont se dérouler dans les prochains mois!»

Alors, le iPhone, la Switch ou la caisse de p’tit jus naturel en importation privée peuvent attendre. Je dis ça, je dis rien.