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Quitter la ville et cultiver la terre en pleine pandémie
Anne-Cécile Ladouceur et Émilie Pelletier Grenier, en plus d’avoir des noms composés des plus charmants, réalisent depuis quelques mois le rêve de milliers de citadins. Elles ont troqué leurs emplois en ville pour une nouvelle vie de jardinières maraîchères à Saint-Armand, dans les Cantons-de-l’Est. Elles cultivent maintenant plus de 40 variétés de fruits et légumes.
Leur microentreprise de deux personnes s’occupe depuis le printemps dernier du Jardin Hayfield, la portion maraîchère de la ferme du même nom, que David McMillan, propriétaire du restaurant Joe Beef, entre autres, a acheté il y a quelques années. Anne-Cécile, qui a longtemps travaillé dans une pépinière, avait toujours caressé le rêve de travailler la terre et a sauté sur l’occasion lorsqu’une opportunité de le faire s’est présentée à elle.
«Je travaillais au [restaurant] Vin Papillon et j’avais entendu que David [McMillan] cherchait quelqu’un pour s’occuper de l’aspect maraîcher de sa terre à Saint-Armand, raconte-t-elle. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé et je me cherchais un ou une partenaire pour faire ça avec moi.»
Émilie, journaliste pigiste et amie de longue date d’Anne-Cécile, a tout de suite levé la main pour se joindre à l’équipe. Ensemble, elles ont mis sur pied le projet, des plans pour l’organisation du jardin jusqu’à l’achat d’équipement, en passant par le travail de la terre et la comptabilité.
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On pourrait croire que ce «retour à la terre» a été déclenché par la pandémie de COVID-19, mais il n’en est rien. «On travaille là-dessus depuis fin janvier. Le projet a évolué, comme la vie de tout le monde, avec la COVID», explique Émilie.
Les filles sont sur place depuis mars, mais elles ne se doutaient pas à l’époque qu’elles passeraient beaucoup plus de temps que prévu au jardin. «Le plan de base c’était qu’on puisse travailler la moitié de la semaine, dit Anne-Cécile, moi au resto et Émilie comme journaliste.» Avec la pandémie, Anne-Cécile n’a pu se faire réembaucher au Vin Papillon et Émilie a vu ses contrats réduits, elles ont donc pu être sur les terres à Saint-Armand presque à temps plein depuis le printemps.
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Même si l’idée de passer son temps au soleil avec les mains dans la terre peut sembler romantique pour ceux qui sont en télétravail dans leur appartement montréalais depuis des mois, les filles tiennent à préciser qu’elles sont loin d’être en vacances en campagne. Au contraire, elles travaillent dur pour rentabiliser leur investissement. «Les premières semaines de la COVID, je les ai passées dans mon 3 et demi et j’avais hâte de sortir de la ville… mais après un moment, ça reste du travail. Y avait ben du pelletage pis du brassage de compost (rires), se souvient Anne-Cécile. On dit que travailler la terre, c’est de ne pas compter ses heures. [Le résultat] c’est la somme de nos efforts, moins la vermine (rires).»
Au-delà des idées plutôt folkloriques qu’on peut avoir au sujet du travail des maraîchers, il y a tout un investissement de temps et d’argent derrière les légumes qui finissent dans nos assiettes.
«[Ce travail] a une valeur inestimable, souligne Émilie. Tout le monde mange plusieurs fois par jour, mais on n’a pas une bonne idée du processus qui est derrière ça. C’est assez incroyable l’énergie, les infrastructures et la sueur de front nécessaires pour faire pousser des légumes.»
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Lorsqu’elles ont été engagées par David McMillan, le restaurateur ne cherchait pas nécessairement des professionnelles pour cultiver sa terre, seulement des gens qui étaient prêts à travailler dur. C’est exactement le profil qu’avaient Anne-Cécile et Émilie. «J’ai eu ma première job à seize ans au marché Jean-Talon, raconte Anne-Cécile. J’ai fait tous les postes, de la réception à la vente d’engrais et de plantes. Je passais beaucoup de temps là-bas, j’ai appris à connaître l’agriculture et la culture des légumes.»
Elles ont combiné leurs compétences pour arriver à produire toute une variété de légumes qui sont maintenant servis dans les restaurants du groupe Joe Beef.
Et la suite? Est-ce qu’elles retenteraient l’expérience? Pour Anne-Cécile, les idées pullulent déjà pour un prochain jardin. «Maintenant, je me dis “mon dieu combien d’argent est-ce que je peux mettre de côté pour m’acheter une terre (rires)”. J’ai hâte de pouvoir travailler sur ma propre terre, dans mes propres affaires.»
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