On le connait tous, le cercle vicieux. On cherche une job pour avoir de l’expérience, mais on nous demande un minimum d’expérience pour avoir une job. C’est à se taper la tête sur les murs.

Puis quand vient le moment de rédiger son CV, le vide de la page blanche se fait sidéral. Je mets quoi dans cet espace vierge à part mon nom, prénom, numéro de téléphone et courriel? Pas de panique on est (fort heureusement) défini par bien plus que nos capacités professionnelles, et ça peut se retranscrire sur le CV.

Donc un constat simple pour commencer, si on ne sait pas quoi écrire sur nos compétences passées, il faut se tourner vers l’avenir. C’est ce que recommande Matthieu Degenève, président de L’Œil du recruteur, qui fait entre autres de la rédaction de CV. «Plutôt que d’opter pour un sommaire de carrière orienté vers le passé, on opte pour un objectif qui permet un positionnement sur le futur, qui indique là où on veut aller», explique-t-il.

On n’est pas obligé de décrire son objectif de carrière, ça peut être un but à court terme. Matthieu recommande de faire ça en une phrase ou deux en utilisant un verbe d’action.

Qu’on soit titulaire d’un DEC, d’un baccalauréat ou d’une maîtrise, on peut puiser dans ces années des éléments intéressants à présenter.

Bien sûr, on donne nos diplômes, mais on peut aller plus loin. Quelles sont les activités qui ont marqué nos années d’études? «Les expériences personnelles comme le voyage ou le bénévolat sont définitivement à privilégier», recommande Mathieu. Si on a participé à la vie associative ou sportive de notre université, si on a fait des échanges à l’étranger ou si on a enchaîné les stages, il faut l’indiquer.

Avec ça, on met en avant une section «compétences» ou on développe ce qu’on a acquis pendant ces années et comment est-ce qu’elles sont transférables à l’emploi visé.

Et puis, il ne faut pas oublier le bénévolat et les autres activités qui vous ont permis d’apprendre et d’acquérir certaines compétences. Vous avez aidé votre grand-mère en perte d’autonomie pendant un été? Ça démontre votre empathie et votre sens des responsabilités.

Matthieu recommande de mettre la main sur un ou deux témoignages favorables. On peut aller puiser dans les partenaires de vie associative ou d’anciens professeurs. «Les témoignages initient une émotion chez le recruteur, et c’est facilement transférable même si ça ne concerne pas le même domaine.»

C’est triste de voir à quoi est réduite la ligne des passe-temps sur nos CV. «Cinéma, musique et voyage…». Pourtant cette catégorie est tellement révélatrice de qui nous sommes. Selon Matthieu, les centres d’intérêt sont cruciaux pour susciter la discussion lors de l’entrevue en face à face (ou via vidéoconférence).

Par exemple, si on fait de la boxe, comment est-ce que ce sport nous aide au quotidien? C’est très bon pour la compétitivité, la résilience et pour contrôler son stress. Si on est capable de faire face à quelqu’un qui est là pour nous cogner, c’est qu’on peut compter sur nous dans des situations stressantes. «On a parfois le réflexe de penser que le recruteur va arriver à ces conclusions lui-même, mais il faut parfois lui mettre les mots dans la bouche. C’est une bonne stratégie de présenter le résultat, soit sur son développement personnel ou sur le développement de l’organisation.»

C’est la même chose pour l’art. La créativité est une compétence recherchée et ce n’est pas parce qu’on ne vend pas ses peintures que ça n’a pas de valeur. Pareil si on aime le cinéma et qu’on écrit régulièrement des reviews sur un forum, c’est un bel exemple de l’utilisation de son esprit critique, et des capacités d’analyse.

La maîtrise des réseaux sociaux peut sembler banale pour beaucoup d’entre nous, mais c’est une compétence plus que nécessaire dans le workplace d’aujourd’hui. Avoir une bonne compréhension de Facebook, Twitter ou Instagram est un atout si on cherche à intégrer une petite entreprise sans gestionnaire de communauté.

Même chose pour tout ce qui concerne la suite Office ou des logiciels de design comme Photoshop ou Illustrator. Même si notre connaissance est limitée, ça montre qu’on ne part pas de zéro et qu’on a commencé sa formation en autodidacte.

«Si on a une forte activité sur les réseaux sociaux, on peut en conclure à l’acquisition de certaines compétences en communication ou web», précise Matthieu. Les CV sont de plus en plus regardés sur un écran et un hyperlien vers les plateformes peut facilement être consulté.

Le point positif avec le manque d’expérience c’est que ça aide à garder le CV aéré. Personne ne veut se retrouver devant «l’encyclopédie de ma vie» en ouvrant le document.

«L’enjeu le plus important, c’est l’espacement entre les sections et les lignes. Plus ça respire plus il y a de chance que les contenus soient lus de façon approfondie», révèle Mathieu. Selon lui, ce qui arrive en premier est généralement ce qui est le plus consulté, donc le plus important doit se retrouver on top.

Un CV en bordel, c’est déjà la marque d’un manque d’organisation et de soin. C’est le premier point de contact avec le recruteur, et ce dernier pourrait être réticent à se retrouver face à une personne qu’il a du mal à comprendre sur papier. Il faut être fluide, organique et sobre. On pense à des colonnes, des encadrés pour séparer les idées et les organiser en rubriques. Pour ceux qui n’ont pas trop de skills à ce niveau, il y a l’outil Canva, avec lequel on peut créer un CV facilement.

Après ça, il ne faut juste pas oublier de se relire, et de le faire relire par un proche et on est good to go.