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Qu’est-ce qui se passe avec la surenchère immobilière?

Votre shack vaut-il une petite fortune?

Par
Maude Gauthier
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On pensait que c’était un phénomène propre à Montréal, mais ça, c’était avant la pandémie. Petit nombre de propriétés à vendre et grand nombre d’acheteurs potentiels donnent un cocktail explosif dans plusieurs régions du Québec. De Boucherville à Magog, les maisons se vendent souvent plusieurs dizaines de milliers de dollars au-dessus du prix affiché. C’est le temps d’engraisser votre bas de laine!

On a fait le tour de la question pour essayer de comprendre le phénomène avec Yan Castonguay, courtier immobilier et dirigeant de l’Équipe Castonguay pour Proprio Direct dans le secteur de Vaudreuil-Soulanges, et avec un vendeur, Mathieu*, ancien Montréalais qui a fait une passe de cash grâce à la surenchère récemment. Bravo, Mathieu, on est pas mal jaloux!

Qu’est-ce que la surenchère?

Sur le site de Centris, on peut voir que le nombre d’inscriptions en vigueur est plus bas cette année, la pandémie ayant tout mis sur pause pendant quelque temps. Les ventes et le volume de transactions sont toutefois en forte hausse.

Capture d’écran Centris
Capture d’écran Centris
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Selon Yan Castonguay, le coup de frein imposé pendant la haute saison des transactions immobilières (printemps) a largement contribué à la surenchère. Il n’y a pratiquement pas eu de transactions printanières cette année, ce qui a mis tous les acheteurs et vendeurs en attente pendant plusieurs semaines. Certains vendeurs ont utilisé ce temps pour réfléchir, reporter la vente ou décider de rénover pour occuper leur été qui s’annonçait pas mal tranquille.

Quant à Mathieu, il a vendu son condo dans Hochelaga environ 100 000 $ au-dessus du prix affiché.

Le phénomène a créé une rareté de l’offre, un manque d’inventaire dans un marché où il y avait déjà plus d’acheteurs que de vendeurs. Dans le secteur de Vaudreuil-Soulanges, des transactions récentes ont pu se conclure entre 25 000$ et 50 000$ au-dessus du prix affiché.

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Quant à Mathieu, il a vendu son condo dans Hochelaga environ 100 000 $ au-dessus du prix affiché.

100 000 piasses!

Dernier cri, le condo est à 20 minutes de marche d’un métro, sur une rue plutôt bruyante. Mais ça ne l’a pas empêché de recevoir des offres multiples, de 12 acheteurs pour être exact. Si ça, ce n’est pas de la surenchère, on ne saura jamais ce que c’est!

Le stress

Mathieu a commencé à penser à vendre en mai, parce qu’il avait peur que le marché descende à cause de toute l’incertitude entourant la pandémie. Ses projets de vente, qui étaient dans les cartons pour les prochaines années, ont donc été précipités. Il voulait profiter de l’occasion. «Un courtier m’a d’emblée suggéré 70 000$ de plus que ce que je pensais afficher comme prix», dit-il.

«Un courtier m’a d’emblée suggéré 70 000$ de plus que ce que je pensais afficher comme prix.»

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Mathieu a ensuite songé à utiliser Du Proprio, plutôt que de faire affaire avec un courtier immobilier, question d’économiser la commission et d’empocher plus. Mais c’était «trop demandant, stressant, avec le travail et la famille, beaucoup d’acheteurs vont vouloir acheter et il va falloir que je gère toutes les visites». Il a finalement décidé de prendre le courtier immobilier qui avait vendu le condo voisin du sien et qui lui inspirait confiance.

Qui dit mieux?

Le rôle des courtiers immobiliers, lorsque le client est un vendeur, est de lui amener les meilleures conditions possibles. «Ça commence par un examen des propriétés comparables et une recommandation de prix, souvent dans la plus haute tranche pour sa catégorie», dit Yan Castonguay. La propriété est ensuite affichée, notamment sur Centris. Un certain délai est accordé pour les visites, dans le respect des mesures sanitaires, pour donner la chance à plusieurs acheteurs potentiels de voir la propriété. «Une date est précisée pour recevoir les offres, ce qui contribue à générer plusieurs offres et est bénéfique pour le vendeur», dit-il.

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En tant qu’acheteur, ce mécanisme peut vous donner le temps de visiter quelques propriétés, mais il peut aussi vous faire cracher le motton si vous la voulez vraiment! Parce que c’est presque certain que vous vous retrouverez en compétition avec d’autres acheteurs potentiels.

Avec votre profit en poche, ça ne vous garantit pas que vous allez trouver une nouvelle maison rapidement.

Mathieu ne peut pas savoir combien il aurait empoché sans courtier, mais disons qu’il est très satisfait du prix auquel il a vendu avec courtier. Ses visites étaient planifiées sur une période de deux jours consécutifs et peu après, il recevait les offres. Certaines étaient même accompagnées de lettres de présentation dans le but de se démarquer! Mais au final, l’argent a parlé, et les acheteurs ont surtout été choisis pour le montant offert et la sécurité de leur financement.

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Quels sont les risques?

Un marché comme ça, combien de temps ça dure? C’est la question à 100 piasses, semble-t-il. Même les boules de cristal de courtiers ne nous aident pas là-dessus!

L’affaire plate, c’est qu’avec votre profit en poche, ça ne vous garantit pas que vous allez trouver une nouvelle maison rapidement. Yan Castonguay dit qu’il a «du mal à confirmer aux clients qu’ils vont trouver autre chose, ils vont peut-être devoir prendre une location temporaire». Les courtiers tentent d’être rapides et de bien conseiller les acheteurs pour le prix. Le marché reste «difficile pour les acheteurs, mais ce n’est pas nécessairement mauvais. Pour ceux qui achètent, la valeur de la propriété continue de monter, donc s’il revendaient aujourd’hui, ils encaisseraient probablement un petit profit.»

Conseil: sans courtier, t’es pas dans la game

Devriez-vous magasiner des maisons en bas du prix réel, en sachant que vous devrez surenchérir? Dans ce marché «de fou», il est effectivement difficile d’acheter sans avoir vendu, parce que cela ajoute une condition à remplir et qu’un acheteur qui fait une offre sans cette condition passera avant vous. Selon Mathieu, ça vous met tout de suite «hors course, ce n’est pas vraiment possible de magasiner sans avoir vendu».

Le conseil de Mathieu: prenez un courtier, ça en vaut la peine.

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Dur d’acheter autre chose sans en faire un burn-out, donc préparez-vous et prenez soin de votre santé mentale dans tout ça!

Le conseil de Mathieu: prenez un courtier, ça en vaut la peine, tant pour la charge de travail que pour maximiser les gains: «Jamais j’aurais fait mon 100 000 $ sans lui». Si c’est possible pour vous, ça peut être une bonne idée «d’acheter dans un autre marché, moins fou, où c’est moins intense».

Parce que si vous vendez, mais que devez réinvestir tout votre profit dans une surenchère pour obtenir la maison de vos rêves, c’est un peu moins winner.

*Le nom a été changé à la demande de la personne interviewée.