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Qu’est-ce que je fais si… je rencontre un ours?
Dehors et la Hors Sentiers de Boréale s’unissent pour vous aider à survivre aux aléas du plein air.
« C’est une belle journée pour s’aventurer en forêt », vous êtes-vous dit à votre réveil.
Et ça semblait toujours une bonne idée lorsque vous avez contacté vos deux ami.e.s pour vous accompagner et fait votre entrée sur le sentier choisi. Mais après avoir mangé votre collation lors d’une petite pause puis marché quelques mètres en reprenant l’allure, vous avez senti votre sang se glacer en apercevant une grosse masse poilue et foncée qui bougeait…
Un ours.
C’est le moment qu’a choisi votre cerveau pour oublier tous les conseils que vous aviez entendus jusque-là, donnés par des experts ou des Ti-Joe Connaissant. « Faut-tu que je coure, que je monte dans un arbre? Pis si je tombe de l’arbre? Ah non : faut faire du bruit! Mais là, eh, il bouge! F*ck, je fais quoi s’il bouge? À L’AIDE! »
Woh. Par chance, cette situation est fictive… Mais si elle venait à se produire, voici la marche à suivre pour vous en sortir et pouvoir raconter ensuite à vos ami.e.s comment vous avez fait.
Jouer de malchance
« Les attaques d’ours sont extrêmement rares au Québec. On en a eu six en une centaine d’années. » Cette statistique très peu menaçante vient de la bouche de Kathleen Bédard, coordonnatrice de la gestion provinciale de l’ours noir au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Elle connaît bien les populations d’ours noirs du Québec et a déjà croisé plusieurs de ces derniers dans le cadre de son travail.
Kathleen nous rassure donc : si on croise un ours, les probabilités sont TRÈS ÉLEVÉES qu’il ne se passe rien de spectaculaire jusqu’à ce qu’une des deux parties s’éloigne de l’autre sans avoir causé de tracas.
Reculez lentement, sans faire de bruit, pour ne pas attirer son attention.
Cela dit, la coordonnatrice précise qu’il y a des populations d’ours noirs dans tout le Québec, à l’exception des îles de la Madeleine et de l’île d’Anticosti. On en trouve particulièrement dans l’Outaouais, dans le nord des Laurentides, en Haute-Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, mais vous pourriez en croiser pas mal partout. Donc, pour les besoins de la cause, revenons à notre situation de départ.
Supposons que vous avez vu l’ours, mais que lui ne semble pas avoir remarqué votre présence (c’est honnêtement ce qui se passe le plus fréquemment). Reculez lentement, sans faire de bruit, pour ne pas attirer son attention. Il faudrait idéalement que vous le teniez toujours à l’œil, pour réagir en conséquence si jamais il vous voit.
Mais peut-être que dans l’équation, il y a aussi votre ami Carl. Le genre de Carl super sympathique, mais maladroit comme votre oncle Sylvain, qui demande à votre petite sœur bisexuelle si elle s’est fait « une amie » récemment.
Évidemment, Carl trébuche en reculant et tombe dans un buisson. L’ours lève la tête et vous remarque : deux joyeux compagnons aux yeux ronds qui se remettent à paniquer. F*ckf*ckf*ckf*ck.
Écouter pour rester en sécurité
Ce que vous devez faire ensuite dépend de la façon dont l’ours semble vous percevoir.
«S’il comprend que vous êtes des êtres humains, il y a de bonnes chances qu’il s’en aille, tout simplement»
Difficile d’apprendre à décoder le langage corporel d’un ours en quelques secondes alors que vous êtes encore plus sur l’adrénaline que lors de la finale de votre ligue de garage de hockey cosom en 2016 lorsque c’était 3-3 en prolongation, me direz-vous. Encore plus difficile de vous battre sans poivre de Cayenne ni griffes acérées contre un mammifère qui fait de deux à trois fois votre poids, vous répondrai-je.
Encore une fois, les probabilités que vous deviez vous défendre contre cet ours sont très, très, très faibles. « Le comportement primaire de l’ours, c’est d’avoir peur de l’humain. S’il comprend que vous êtes des êtres humains, il y a de bonnes chances qu’il s’en aille, tout simplement », explique Kathleen Bédard.
Mais pour vous identifier, il est possible que le mammifère pose certains gestes, que vous pourrez essayer de décoder, comme adopter une attitude curieuse, ou défensive, ou, dans de très rares cas, opter pour le mode attaque. Voyons quelques exemples.
Après vous avoir aperçu, l’ours se lève sur ses pattes de derrière. Votre cœur manque encore un battement en le voyant s’élever au-dessus de votre casquette Ciele, mais il ne s’agit que d’une attitude curieuse : il cherche à sentir votre odeur, qui lui viendra avec le vent, pour comprendre à quel type d’espèce il a affaire.
«S’il se met à avancer vers vous, vous pouvez essayer de vous faire grand en agitant les bras»
Vous n’êtes pas obligé de rester planté là pour autant, selon Kathleen : « Vous pouvez toujours reculer doucement, en lui parlant d’une voix calme et posée, mais forte. Le son de votre voix aidera l’ours à vous identifier. S’il se met à avancer vers vous, vous pouvez essayer de vous faire grand en agitant les bras, ou même en tapant une branche sur le sol ou sur les arbres. »
Vous vous exécutez, mais l’ours avance toujours vers vous. Il souffle avec son nez, claque des dents, se laisse tomber sur ses pattes avant, comme s’il voulait écraser une branche sous lui : vous avez là un ours qui adopte une attitude défensive.
« Si l’ours est en train de se nourrir, que c’est une femelle accompagnée de ses oursons ou qu’il y a un obstacle qui l’empêche de fuir votre présence, il sera peut-être plus défensif. Il faut continuer d’adopter le même comportement et lui tenir tête », conseille Kathleen.
La peur commence à se faire sentir dans votre groupe d’ami.e.s. On vous a présenté Carl, mais pas Leila. Leila, c’est la personne la moins « plein air » de la gang. Par contre, dans la vie comme dans les sentiers, elle est prête à toute éventualité avec son gros sac à dos plein de bidules. En ce moment, elle cherche frénétiquement son poivre de Cayenne dans son sac et se retient à quatre mains pour ne pas s’enfuir à toutes jambes.
«Voir quelque chose courir pourrait déclencher un instinct de chasse, de poursuite chez l’animal»
Comme on pouvait s’en douter, Kathleen déconseille fortement de s’enfuir en courant si on rencontre un ours : « Voir quelque chose courir pourrait déclencher un instinct de chasse, de poursuite chez l’animal. Et pour ce qui est du gaz poivré, ça peut être une bonne idée, mais cette arme est volatile. Il ne faudrait pas que vous vous retrouviez vous-même incommodé par le jet de poivre et, dans le stress du moment, ça peut arriver. »
Si un jet de gaz poivré peut faire reculer un ours, on n’ose même pas imaginer la tête qu’on aurait après en avoir vaporisé accidentellement sur soi… Cette tête risquerait d’être pire que celle que vous aviez après une semaine d’initiations et de vices au début de vos études universitaires, c’est juré.
Les probabilités que ça arrive…
Finalement, votre ours souffle une dernière fois en votre direction, l’air de dire « je m’en vais mais juste parce que je le veux bien… », et disparaît dans les broussailles. FIOU! Vous prenez le chemin inverse et attendez un bon moment pour lui laisser le temps de s’éloigner avant de reprendre le sentier.
Mais qu’auriez-vous fait s’il s’était encore approché, ou, pire, s’il vous avait vraiment attaqué? Parce que même si ces scénarios sont très peu probables, on doit y réfléchir.
C’est seulement si l’ours vous touche qu’il faut changer de stratégie et faire le mort.
Parcs Canada explique que les ours peuvent parfois simuler des attaques pour se défendre. Ils s’approchent rapidement, montrent les dents, mais battent en retraite à la dernière minute. En pareil cas, il aurait fallu continuer de lui tenir tête le plus longtemps possible.
C’est seulement si l’ours vous touche qu’il faut changer de stratégie et faire le mort. Il est possible qu’il veuille vous blesser pour vous rendre hors d’état de nuire (à ses enfants, par exemple). Couchez-vous sur le ventre, écartez les jambes pour devenir plus difficile à retourner (ça protégera vos organes internes) et mettez les mains derrière la nuque pour vous protéger le cou.
Oui, ça semble lamentable comme moyen de défense, mais avez-vous quelque chose de mieux à suggérer, étant donné que notre espèce n’est pas dotée de venin ni de grandes dents?
Toujours selon Parcs Canada, il faudrait donc ne pas se défendre… pendant deux minutes. Ce seront probablement les deux minutes les plus longues de votre vie… Si l’ours est toujours sur votre cas après cette durée, c’est qu’il ne veut pas seulement vous blesser : vous êtes devenu une proie. À ce moment-là… tous les moyens sont bons pour se défendre.
Comme Katniss Everdeen vous le dirait : « May the odds be ever in your favor… »
Cela dit, encore une fois, les probabilités que ça vous arrive sont très minces.
Passer à côté, c’est pas si compliqué
Selon Kathleen Bédard, le simple fait d’éviter de commettre quelques erreurs peut nous aider à garder ces mammifères à distance la plupart du temps.
«Parler fort est un bon moyen de signifier sa présence et d’éloigner les ours.»
« Pour les randonneurs qui sortent en groupe, parler fort est un bon moyen de signifier sa présence et d’éloigner les ours. À ceux qui marchent seuls, je conseillerais de ne pas porter d’écouteurs afin d’être attentifs à ce qui se passe autour d’eux », explique la coordonnatrice.
Et le plus important : toujours ramasser ses déchets. « Si l’ours est habitué à la nourriture humaine et qu’il nous y associe, c’est sûr que notre présence sera attirante pour lui. Même les cœurs de pommes, on devrait les rapporter! »
OK. En résumé, si monsieur L’Ours a déjà mangé une barre tendre au chocolat ou des restes de thon laissés par des randonneurs, les possibilités qu’il veuille venir sniffer notre sac à dos sont plus élevées. Donc à tous ceux et celles qui rient en nous regardant courir après notre sac de chips vide emporté par le vent, nous pouvons répondre qu’il n’y absolument rien de drôle à PROTÉGER DES VIES, OK?
Vous aurez compris que le plus important est de garder son calme et de rester à l’écoute du comportement de l’ours. Ça vous rendra moins intéressant.e quand vous raconterez votre anecdote autour du feu, mais on préfère vous avoir en vie que mort en héros. Promis.
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