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Qu’est-ce que je fais si… je manque de nourriture?

Comme le jeune Simba l’a dit : « Un peu gluant, mais appétissant! »

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URBANIA et la Hors Sentiers de Boréale s’unissent pour vous aider à survivre à vos sorties de plein air hors sentiers!

« J’aurais donc dû. » Une phrase extrêmement courante, mais tellement enrageante étant donné le sentiment d’impuissance qui vient avec…

Mais c’est aussi le genre de phrase qui nous fait nous retrousser les manches et nous débrouiller avec les moyens du bord.

Avis à tout.e.s celles et ceux qui pourraient décider de partir en randonnée quelques jours et perdre leur nourriture à cause de la visite d’un ours trop gourmand. Ou partir en camping en planifiant mal la quantité de nourriture dont ils ont besoin pour la durée du séjour. Ou qui se seraient perdu.e.s dans la forêt et auraient à retrouver leur chemin en n’ayant en poche qu’une pauvre barre tendre Chewy choco-guimauve.

Vous serez mal pris.e.s. Et vous allez avoir faim.

Donc, comment se sortir de ce pétrin? On n’a pas de solution miracle (genre, faire pleuvoir des hamburgers), mais voici quelques conseils qui pourraient peut-être vous éclairer tranquillement pas vite vers le chemin de la satiété.

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La prudence est de mise

Avant toute chose, sachez qu’il est extrêmement complexe et risqué de se nourrir dans la nature si on n’est pas un expert en la matière. Avant de cueillir un fruit, une plante, un champignon, une racine, il faut être ABSOLUMENT certain de l’identité de ce qu’on vient de choisir.

Avant de cueillir un fruit, une plante, un champignon, une racine, il faut être ABSOLUMENT certain de l’identité de ce qu’on vient de choisir.

Un grand nombre de plantes de nos forêts québécoises sont comestibles mais, surprise surprise, un grand nombre également sont toxiques. Même celles et ceux qui auraient quelques connaissances dans le domaine devraient idéalement avoir deux ou trois photos à l’appui sous la main pour confirmer l’identité d’une baie délicieuse mais aussi d’une autre, toxique, qui pour nous compliquer la vie est quasi identique à la première…

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Alors… qu’est-ce qu’on fait si on se retrouve sans bouffe en pleine nature et qu’on ne s’y connaît vraiment pas en cueillette de plantes comestibles?

Eh bien, en théorie… on patiente.

Et malgré ce que vous pouvez en penser, ce n’est pas si pire que ça. Le corps humain peut survivre trois heures sans chaleur, trois jours sans boire et trois semaines sans manger. Donc, vous remarquerez que patienter avant de manger peut durer un bon moment. Cela dit, il vous faudra des forces pour vous sortir de ce pétrin, qu’on ne vous souhaite certainement pas.

Quoi et pourquoi?

Alors, si on décide de manger, qu’est-ce qu’on choisit? Kassy Lefebvre-Breton est nutritionniste pour la Timiskaming First Nation, en Abitibi-Témiscamingue. Selon elle, si on est pour utiliser ses forces pour trouver à manger, mieux vaut consommer des aliments à fort apport énergétique. « Les aliments à prioriser dans une telle situation de survie seraient ceux qui ont une bonne concentration de glucides. Ils vous fourniront de l’énergie plus rapidement que ceux qui contiennent beaucoup de protéines », explique-t-elle.

Maximiser la consommation de glucides permettrait de pouvoir utiliser plus longtemps l’énergie fournie par les aliments.

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Kassy soutient que le glycogène, une grosse molécule composée de glucose, permet de stocker de l’énergie dans le foie et les muscles. Maximiser la consommation de glucides permettrait donc de pouvoir utiliser plus longtemps l’énergie fournie par les aliments. En ce sens, les petits fruits sauvages seraient de bons choix : framboises, bleuets, gadelles, groseilles, canneberges, etc.

« Un autre aliment comestible, qui se trouve près des marécages, est la quenouille. » Au printemps, on peut arracher la plante à sa base et retirer les feuilles du bas pour y découvrir un cœur blanc et tendre, qu’on appelle le rhizome. « Ça goûte un peu sucré, même poivré. C’est doux et très bon! Mon chum et moi, on en mange juste pour le plaisir des fois!», me raconte Kassy, convaincante.

Au printemps, la tête de la quenouille est verte, et non brune comme on la connaît. On peut apparemment la cueillir pour la faire bouillir, un peu comme un épi de maïs. Les Autochtones récoltaient parfois le pollen qui s’amassait sur la tête de la quenouille arrivée à maturité pour en faire une sorte de farine.

… des crêpes en survie, ça reste des crêpes, me semble?

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Savoir pour survivre

« Pour savoir si une plante est toxique pour vous, vous pouvez l’humecter et l’écraser sur votre peau. Si après deux heures, il n’y a aucune rougeur, c’est bon signe. Ça ne garantit rien à 100 %, mais quand même. » Ce truc pas piqué des vers nous vient de Stéphane Denis, propriétaire du Centre d’activités nature Kanatha-Aki.

Situé à Val-des-Lacs, dans les Laurentides, ce centre offre diverses activités récréatives mais aussi des stages en survie. « Souvent, en situation de survie, les gens paniquent et se brûlent en une journée. Il faut gérer son état psychologique et son stress pour économiser son énergie », ajoute Stéphane.

«Souvent, en situation de survie, les gens paniquent et se brûlent en une journée. Il faut gérer son état psychologique et son stress pour économiser son énergie»

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Il serait assez normal de sentir monter une p’tite crise de panique à l’idée de ne presque rien pouvoir ingérer pendant une durée indéterminée, au milieu d’un environnement dense, feuillu… et dont on ne connaît pas grand-chose. Mais « la richesse, c’est pas pécuniaire… c’est la connaissance » : nul besoin de vous dire que ce sont encore là les mots de Stéphane Denis, qui nous en bouche un coin et nous renvoie à nos livres de biologie secondaire 4.

Pour nourrir « mes connaissances », Kassy Lefebvre-Breton m’a présenté d’autres végétaux poussant dans la forêt et pouvant être comestibles. « Il y a les têtes-de-violon, qu’on peut trouver autant en épicerie qu’en forêt. Ce sont des fougères en début de croissance, qui sont comestibles enroulées et cuites, mais deviennent très toxiques lorsqu’elles sont déployées », m’explique-t-elle.

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Il faut aussi s’assurer de cueillir une tête-de-violon sur une fougère à l’autruche. Choisir une autre espèce de fougère peut rendre malade…

Kassy me fait aussi découvrir les asperges sauvages. Ces plantes se récoltent souvent au mois de juin et peuvent être mangées comme des asperges. « Elles ont un goût plus amer, plus fort. Notre alimentation est assez standardisée aujourd’hui, ce qu’on trouve dans la nature a souvent un goût plus prononcé », explique la diététiste professionnelle.

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Les fruits du sumac vinaigrier, un arbuste qui a une apparence assez exotique mais qui est répandu chez nous, sont aussi comestibles. On peut les récolter en été, et ils sont riches en vitamine C. Certains en font de la limonade ou du thé. Bon, ce n’est pas ce qu’il y a de plus consistant, mais tant qu’à boire que de l’eau sablonneuse, ça ne peut pas faire de tort… sauf si vous vous trompez d’arbuste.

Et qu’en est-il des êtres vivants qui se déplacent? Est-ce que le fait de croquer dans une bibitte aurait été moins répugnant si vous aviez fait votre baptême en la matière lors de votre sortie scolaire à l’Insectarium en 2003? « J’aurais donc dû… »

« Les sauterelles et les criquets, c’est riche en protéines. Savais-tu qu’un kilo d’insectes équivaut à 10 kilos de steak? », demande Stéphane.

Si vous revenez d’une expérience de survie et que vous racontez que vous avez réussi à attraper un kilo d’insectes… rendu là, c’est quasiment maladif.

«Savais-tu qu’un kilo d’insectes équivaut à 10 kilos de steak?»

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Et les êtres vivants plus gros, les mammifères? Kassy Lefebvre-Breton ne recommande pas tellement cette option. « Honnêtement, à moins que vous sachiez fabriquer et poser des collets pour chasser, l’énergie que vous mettrez à essayer d’attraper un petit mammifère comme un écureuil, un tamia ou un porc-épic vous demandera sûrement trop d’efforts pour ce que ça vous apportera comme énergie, parce qu’il y a de grandes probabilités que vous reveniez bredouille », avoue-t-elle. « Je mettrais vraiment plus l’accent sur trouver de l’eau potable! »

C’est vrai, encore une fois, que la nourriture arrive au troisième au rang des priorités en survie. C’est aussi vrai, au risque de se répéter, qu’il faut être un.e expert.e ou être accompagné d’une personne qui l’est avant de se mettre une plante sauvage sous la dent.

La morale de cette histoire : vous n’êtes pas un freak si vous préparez minutieusement votre prochaine sortie dans la nature. Vous êtes en train de vous éviter une sérieuse diarrhée très loin de votre salle de bain après avoir mangé ce que vous croyiez être une racine comestible !

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En préparant les provisions de votre prochaine sortie, n’oubliez pas d’y inclure la nouvelle bière sans alcool Hors Sentiers de Boréale! Elle ne se récolte malheureusement pas dans la nature, alors mieux vaut prévoir le coup.