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Qu’est-ce que ça veut dire «se placer Ă  l’abri de ses crĂ©anciers»?

Faillite et insolvabilité commerciale 101.

Par
Alexandre Perras
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Le mot «faillite» a trouvĂ© une place particuliĂšre dans l’actualitĂ© des derniĂšres semaines. On a aussi entendu parler d’insolvabilitĂ© et de crĂ©anciers et on a vu des entreprises «se placer sous la protection de la Loi sur la faillite» ou «se placer Ă  l’abri de ses crĂ©anciers».

Encore aujourd’hui, la compagnie David’s Tea, a justement annoncĂ© son intention de se placer Ă  l’abri de ses crĂ©anciers.

C’est bien beau tout ça, mais qu’ossa veut dire pour moi? Est-ce que faillite rime nĂ©cessairement avec fermeture? Et quel est l’impact de cette fameuse loi sur l’entreprise et ses consommateurs? On dĂ©cortique le tout, en essayant de ne pas vous endormir!

La faillite commerciale

Commençons par la base.

C’est une procĂ©dure judiciaire qui survient lorsque les dettes d’une entreprise excĂšdent ses actifs ou que ses revenus sont insuffisants pour payer ses dettes au fur et Ă  mesure de leur Ă©chĂ©ance. C’est donc un moyen lĂ©gal par lequel une entreprise se libĂšre de ses dettes. Tout ça ne se fait toutefois pas par magie.

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Il est possible de le faire de façon volontaire en cĂ©dant les biens de l’entreprise insolvable Ă  un syndic autorisĂ© en insolvabilitĂ© (SAI) chargĂ© de rĂ©gler la faillite, ce qu’on appelle la cession volontaire. Les biens de l’entreprise seront donc cĂ©dĂ©s au profit des crĂ©anciers, pour rembourser une partie de la dette accumulĂ©e.

«Créanciers? Syndic?», on en reparle plus bas!

Le cheminement inverse est aussi possible. Un ou des crĂ©anciers peuvent dĂ©poser une requĂȘte devant un tribunal provincial, en vue d’obtenir une ordonnance de sĂ©questre contre le dĂ©biteur, on dit alors que celui-ci fait l’objet d’une requĂȘte de mise en faillite.

Vous comprendrez que c’est souvent la derniĂšre Ă©tape envisagĂ©e par une entreprise qui a des problĂšmes financiers. Des options de redressement seront d’abord Ă©valuĂ©es. Il y aura aussi des propositions et ententes qui peuvent ĂȘtre signĂ©es avant une faillite (et une fermeture dĂ©finitive).

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Le petit lexique de la faillite

Débiteur

La compagnie qui doit de l’argent. Si sa dette devient trop grosse pour ses revenus, cette entreprise n’a pas encore dĂ©clarĂ© faillite, mais l’option de le faire ne doit pas ĂȘtre bien loin dans son esprit. C’est elle qui doit rencontrer le SAI pour jaser finances et dĂ©terminer les prochaines Ă©tapes.

Failli

C’est un dĂ©biteur qui a dĂ©clarĂ© faillite. Un SAI dĂ©terminera la situation actuelle de la sociĂ©tĂ© et les possibilitĂ©s qui s’offrent Ă  elle. On Ă©value la situation financiĂšre de la compagnie. Quels sont les actifs? Quels sont les montants des dettes? Quel est le nombre de crĂ©anciers garantis? Etc.

Créancier(s)

On leur doit de l’argent. Habituellement, dans un tel contexte, c’est ben rare qu’ils soient contents. Trois types de crĂ©anciers existent: garantis, non garantis et privilĂ©giĂ©s.

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Se placer sous la protection de?

Il y a deux lois sous lesquelles les entreprises peuvent «se placer» lorsque leur cash flow tombe dangereusement dans le rouge. La Loi sur la faillite et l’insolvabilitĂ© (LFI) et la Loi sur les arrangements avec les crĂ©anciers des compagnies (LACC), communĂ©ment appelĂ©e la Loi C-36, qui font toutes deux parties du rĂ©gime d’insolvabilitĂ© du Canada.

La LFI couvre les cas d’insolvabilitĂ© commerciale et personnelle. Comme on peut le lire dans la politique du droit de l’insolvabilitĂ© du Canada, cette loi «rĂ©git la façon dont les actifs du dĂ©biteur sont liquidĂ©s par un syndic et dont les produits sont distribuĂ©s d’une maniĂšre juste et Ă©quitable entre les crĂ©anciers».

La LACC, de son cĂŽtĂ©, fournit un cadre lĂ©gislatif de rĂ©organisation de restructuration des affaires et des finances d’une entreprise, sous la supervision du tribunal. Pour y accĂ©der, ladite entreprise doit avoir des dettes de plus de 5 millions de dollars.

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Aldo, Stokes, Reitmans, SAIL Plein Air, Sportium, Frank And Oak, ça vous dit quelque chose? Ils ont tous demandĂ© la protection des tribunaux contre leurs crĂ©anciers selon l’une ou l’autre de ces deux lois. Quelques exemples, auxquels s’ajouteront peut-ĂȘtre d’autres entreprises qui flirtent avec la faillite.

En gros, ces lois permettent aux entreprises de prendre un pas de recul face Ă  leurs crĂ©anciers, d’examiner la situation et de revoir leurs affaires pour continuer d’opĂ©rer tout en remboursant leurs dettes. Dans le cas oĂč c’est impossible, ces lois dĂ©terminent comment leurs actifs seront liquidĂ©s.

Mais concrĂštement?

Ça permet aux entreprises de respirer un peu afin d’établir un plan de match pour la suite.

Dans le cadre de la LACC, le tribunal Ă©met une ordonnance qui assure Ă  l’entreprise concernĂ©e une protection de 10 jours contre ses crĂ©anciers. Suspension des procĂ©dures pour rĂ©cupĂ©rer les dettes existantes. Pas de nouvelles procĂ©dures d’exĂ©cution contre l’entreprise. Et pas de paiements de remboursement.

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Pendant ce temps, l’entreprise peut poursuivre ses activitĂ©s, payer ses employĂ©s et servir ses clients sous la supervision du tribunal.

«Se placer sous la protection de» ne veut pas nĂ©cessairement dire faillite. L’ordonnance Ă©mise dans le cadre de ces lois donne le temps aux entreprises de prĂ©parer un plan de transaction ou un plan d’arrangement. Il est donc question de restructuration.

Plusieurs Ă©tapes et scĂ©narios sont envisageables avant la concrĂ©tisation d’une faillite. RĂšgle gĂ©nĂ©rale, les petites et moyennes entreprises invoqueront la LFI, tandis que les restructurations d’envergures se dĂ©rouleront selon les dispositions de la LACC.

Le cas des Aldo, Stokes, Reitmans et compagnie reste donc Ă  suivre au cours des prochaines semaines. Survivront-ils Ă  cette pĂ©riode plus creuse avec la mise en place d’un plan de restructuration sachant plaire Ă  tous ou Ă  l’inverse, devront-ils rĂ©ellement dĂ©clarer faillite?

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