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Quelques astuces pour bien photographier la faune
Cet article a été publié dans sa première version le 8 juillet 2021 et mis à jour le 18 janvier 2024.
Un raton laveur glouton pige dans les poubelles de votre ruelle et s’assoit sur son gros popotin pour déguster sa trouvaille. Pour immortaliser ce moment (et faire réagir vos quelques abonnés sur Instagram), vous sortez votre cell et clic! Même chose lorsqu’un orignal débarque inopinément devant vous sur un sentier à Forillon ou qu’un phoque se dore la couenne sur un rocher aux Îles. Clic, clic, clic!
Si ces clichés animaliers pris à l’improviste génèrent quelques «wow!», «trop hot!» et autres commentaires sur vos réseaux sociaux, il n’en demeure pas moins qu’il vous faut un peu plus de technique et de connaissances pour vous octroyer le titre de photographe animalier.
On a demandé à un pro en la matière, Jean-Simon Bégin, photographe animalier et peintre, de nous donner ses meilleurs conseils.
Laisser son cellulaire loin des bêtes
«La première chose que je déconseille de faire, c’est justement d’utiliser son cellulaire pour prendre de vraies bonnes photos de la faune», déclare d’emblée Jean-Simon, brisant ainsi tous les rêves de photographes du dimanche voulant faire carrière seulement armés de leur téléphone intelligent.
«La première chose que je déconseille de faire est de justement utiliser son cellulaire pour prendre de vraies bonnes photos de la faune»
Le vétéran de la photographie animalière précise qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une question d’éthique. «Ça peut être stressant pour un animal, puisqu’on [si on utilise un cellulaire] doit souvent se rapprocher de lui pour avoir une belle image et à ce moment-là, on entre dans sa bulle et on vient le perturber», explique Jean-Simon, qui confie avoir vu souvent des gens approcher des animaux «sans respect ni aucune pudeur, juste pour avoir leur petite photo dans leur cell».
Si on a pas d’appareil photo avec un zoom suffisamment puissant pour capter comme il se doit la bête devant nous, le photographe conseille tout simplement d’admirer le spectacle et de prendre une photo mentale.
Mais dans l’optique (hehe) où vous voudriez vous équiper pour faire des clichés plus satisfaisants, Jean-Simon a un tuyau pour vous. «Pas besoin d’un appareil qui vaut des milliers et des milliers de dollars pour avoir un beau résultat. Tout dépend de la lumière, du sujet et du contexte», estime-t-il, ajoutant toutefois qu’un zoom de 200 millimètres est «la base pour faire de la photographie animalière», selon lui.
«Tout dépend de la lumière, du sujet et du contexte»
Pour illustrer ses propos, le photographe fait quelques mises en situation. «Si on prend un orignal rencontré par hasard, on est souvent trop proche de lui donc pas besoin d’avoir un gros zoom pour avoir un beau résultat. Il vaut mieux essayer de créer une “composition” avec la lumière et une valeur de plan qui a du sens, en se reculant ou en se positionnant au niveau de ses yeux. C’est mieux de suivre les capacités de son appareil que de forcer une image en ne respectant pas la faune».
En ce qui a trait aux petits mammifères comme les renards, les marmottes ou les castors, Jean-Simon suggère une tactique bien simple. «Si possible, on se couche calmement au sol pour avoir une meilleure prise de vue. Le fait d’être au même niveau que l’animal crée une certaine curiosité de sa part et ça permet souvent de réaliser de beaux clichés. Dans cette position, on a vraiment une fenêtre sur leur monde qu’on a pas en étant debout», explique le photographe basé à Québec.
La dernière catégorie et non la moindre, les petites bêtes comme les oiseaux, a son propre lot de défis. «Là, si on veut vraiment avoir de belles images, on a pas trop trop le choix d’avoir un appareil plus sophistiqué, puisque ce sont souvent des sujets plus rapides et furtifs. On veut par exemple quelque chose qui va nous permettre de faire l’autofocus sur le sujet facilement et un gros zoom pour bien capter les mouvements».
Un passe-temps qui s’apprend avec le gros bon sens
Depuis le début de la pandémie, sans grande surprise, Jean-Simon a remarqué un nombre plus élevé de visiteurs dans les parcs nationaux, des lieux qu’il fréquentait souvent pour prendre des clichés de bêtes dans leur habitat naturel jusqu’à tout récemment.
«Il faut agir en spectateur, respecter l’animal et lui laisser de l’espace»
«C’est rendu tellement bondé d’humains que je n’ai plus les mêmes expériences qu’avant en ce qui a trait aux animaux. J’ai donc décidé de ne plus y mettre les pieds et de m’aventurer dans des contrées plus lointaines, qui me permettent de capter des images que peu de gens ont la chance de voir».
Parlant d’humains qui peuvent causer du tort sans le vouloir, la liste des choses à ne pas faire lorsque vient le temps d’immortaliser la faune est longue, mais elle peut se résumer à quelques éléments cruciaux à retenir. «Tout ce qui consiste à “déranger” l’animal, comme le suivre pour le prendre en photo, le “caller” à moins de cinq mètres (oui, j’ai déjà vu ça avec un orignal), lui crier après pour qu’il nous regarde, l’encercler, etc., c’est non. En gros, il faut agir en spectateur, respecter l’animal et lui laisser de l’espace».
Le dernier conseil de Jean-Simon est clair : le meilleur outil pour se lancer dans la photographie animalière demeure la patience. «Il n’y a rien qui peut être accompli dans ce domaine si on le fait impatiemment. C’est énormément de travail pour espérer avoir une rencontre qui se traduit en une belle image. Il faut donc prendre son temps et profiter du moment!»