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Quel genre d’entrepreneur.e êtes-vous? Voici le questionnaire pour tout savoir
L’auteure est la fondatrice et propriétaire du gym d’escalade et café-bar Backbone, à Bromont.
Pendant la pandémie, notre entreprise est passée par plein d’émotions et de questionnements. Je me suis mise à considérer m’associer avec de nouveaux partenaires, à faire grandir la «famille» entrepreneuriale derrière le projet.
Mon ami et homme d’affaires Darko Popovic m’a conseillé de remplir ce questionnaire visant à cerner quel type d’entrepreneure je suis, et quel genre d’entreprise j’ai créée.
Le but était d’apprendre à se connaître comme de potentiels partenaires et non seulement comme des amis, de la famille ou des connaissances.
J’ai réalisé que cet exercice était INCROYABLE, tant pour savoir concrètement avec qui je travaille que pour mieux nommer qui je suis au sein de ma business. Un questionnaire comme celui-là évite tellement de «ah, ben je croyais que tu voulais…» et «il me semble que c’était clair que moi je voulais…»
T’sais, c’est comme un mariage, tu veux pas te tromper de team player!
Vision d’entreprise
- Où voyez-vous votre entreprise ou votre projet dans cinq ans?
On parle ici de touuuus les projets et objectifs que vous avez dans votre tête et que vous voulez activement et consciemment atteindre en tant qu’entreprise tout en étant réaliste. Cette question n’est pas une liste de souhaits, mais plutôt une projection pragmatique. Développement, mise en place d’une plus grande équipe (combien?), chiffre d’affaires, déménagement, vente de la compagnie, marchés cibles…
- Quels sont des milestones que vous souhaitez atteindre?
Ces étapes sont comme des dominos qui s’enchaînent et mènent à l’accomplissement du master plan général. Elles vous permettent de croître sans vous décourager, à l’aide d’objectifs atteignables de plus petite échelle au-delà du fameux et très flou «succès de l’entreprise».
- Comment allez-vous partager les profits? Seront-ils versés aux propriétaires de la compagnie ou réinvestis? Ou les deux?
Cette question est très importante et doit être répondue avec le plus de franchise possible. On pourrait croire sur le coup que «réinvestir» les profits est plus valeureux que «s’enrichir», mais pour plusieurs personnes, le but de travailler est aussi une manière d’avoir une meilleure santé financière personnelle. C’est important de nommer tout ça!
Valeurs de la compagnie
- Quelles qualités recherchez-vous dans les membres de votre équipe et pourquoi?
Pensez aux différents rôles que votre équipe comportera. Gérants, employés, franchisés, investisseurs, fournisseurs (ils font un peu partie de l’équipe dans certaines situations!), conseillers, comptabilité et administration, etc. Tous ces rôles requièrent des qualités différentes! Voici une vidéo de coaching que je vous recommande fortement.
- Quelles qualités recherchez-vous dans des partenaires?
Le nerf de la guerre! Un.e partenaire est comme un mari ou une femme avec qui vous allez faire des enfants. C’est un mariage en bonne et due forme, avec un contrat et des engagements, et des ententes qui doivent être gagnant-gagnant pour tout le monde. Ces partenaires ne peuvent pas seulement être «vos meilleurs amis», il leur faut des qualités professionnelles qui complètent les vôtres. On lance souvent des projets «sur une gosse», comme on dit, emplis d’une passion rêveuse en brainstormant avec des êtres chers. Allons plus loin que la passion, et vérifions la compétence et la compatibilité!
- Quelle culture d’entreprise souhaitez-vous mettre en place ?
La Banque de développement du Canada (aka des prêteurs assez importants dans le game du financement) parle de la culture d’entreprise ainsi: «La culture organisationnelle se décrit généralement comme l’ensemble des croyances, des valeurs et des attitudes d’une entreprise, et comment celles-ci influencent le comportement des employés».
En gros, c’est un peu comment vous voulez que ça se passe DANS votre compagnie, au cœur de votre équipe, la manière de traiter les employés, de communiquer, de voir le travail en général. Il y a une grande différence, par exemple, entre la culture d’entreprise des compagnies de jeunes tech de la Silicon Valley et, disons, des centres d’appels de volume où chaque employé est traité comme un numéro.
- Si vous pouviez nommer trois à cinq valeurs de base de votre entreprise ou projet, lesquelles seraient-elles?
Oh là là! Cette question est très importante, et la réponse doit être très claire tant pour vous que pour vos associés. Ces valeurs seront le liant, l’âme, l’émotion que percevront vos clients et votre communauté. Ces valeurs doivent aussi être le moteur des actions que la compagnie va faire, de sa manière d’investir, des décisions, et surtout de la façon de faire son marketing.
Motivation personnelle
- Quelle était votre motivation personnelle pour démarrer un tel projet?
Est-ce que c’est pour enfin être votre propre boss? Est-ce que c’est parce que vous trouvez qu’il y a une passe de cash à faire dans cette industrie? Est-ce que c’est pour vous réorienter et vous rapprocher de vos passions? C’est important de s’assurer qu’on ne s’éloigne pas de notre élan initial et si ça arrive, se demander si ce changement nous sert ou nous nuit.
- Comment allez-vous atteindre vos objectifs?
Grosse question. En gros, c’est votre to-do list, votre liste d’épicerie et l’échéancier sommaire de votre projet.
- Quand saurez-vous que vous les aurez atteints?
Je crois que de toutes les questions, celle-ci m’a le plus fait réfléchir. Se fixer des objectifs est facile… mais savoir qu’on les a atteints, sans toujours remettre la ligne d’arrivée plus loin, est un piège dans lequel on peut tomber facilement.
- Quoi faire par la suite?
Quand ces objectifs seront atteints, avez-vous d’autres rêves et projets? Est-ce que votre projet initial s’inscrit dans un «master plan» encore plus grand? Il n’y a pas de mal, toutefois, à répondre «après: je me reposerai et profiterai». Pourquoi pas!
- Y a-t-il un aspect de votre produit ou votre projet que vous ne voulez absolument pas changer ou sacrifier?
C’est important de fixer nos limites de manière claire, surtout sur des points qui nous touchent plus que d’autres et qui agissent comme piliers de notre motivation. Chaque membre de l’équipe peut, en amont, nommer les «vétos» qu’il ou elle souhaite avoir le droit de contrôler.
- Décrivez votre style de travail et votre workflow en quelques phrases.
J’adore cette question! Chacun de nous travaille à sa manière, et aucune n’est meilleure qu’une autre. Certains sont multitâche, d’autres sont très méthodiques et fans des to-do list. On peut parfois se compléter dans une équipe, mais ça peut aussi être très frustrant de travailler coude à coude avec une personne complètement différente de soi. Êtes-vous lève-tôt? Bête de nuit? Pensez aussi à votre capacité à gérer le stress. Certaines personnes adorent les rush, d’autres les détestent.
- Quelle part de vous doit absolument être entendue afin de bien pouvoir travailler et vous sentir respecté.e?
Certaines caractéristiques dans notre manière de travailler touchent parfois des parts beaucoup plus intimes de notre personnalité. Ça peut être super anodin comme «moi, le dimanche, je suis en famille, un point c’est tout» ou encore «j’ai besoin d’espace pour me tromper, faire des erreurs, sinon j’angoisse» ou même «je déteste parler en public, je ne veux jamais que ce rôle me soit donné».
Attentes personnelles et rôles
- Quelle partie de votre travail aimez-vous le plus?
Il y a des tâches au cœur d’un projet qu’on ressent jamais comme du boulot, même si elles sont énergivores et exigeantes. Elles représentent les actions que nous avons systématiquement hâte de faire, ou encore qui nous inspirent et nous font sourire. Elles peuvent aussi être plus anodines, par exemple: j’adore passer le balai, ça me relaxe.
- À quoi êtes- vous bon.ne dans votre travail? La qualité pour laquelle on s’appuie sur vous?
Là, c’est différent. Il y a beaucoup de choses dans lesquelles nous sommes bon.nes, même si parfois elles ne nous plaisent pas à ce point. Certains sportifs professionnels racontent parfois dans leurs biographies qu’ils ont détesté le sport auquel ils excellaient, mais tel était leur talent. C’est important de le savoir.
- Quelle partie de votre travail vous semble difficile et énergivore?
Quoiqu’en démarrage d’entreprise on soit forcé de porter tous les chapeaux, c’est bon de savoir à l’avance quelles parties de votre projet vous voulez déléguer dès que les fonds le permettront. Cette question touche aussi l’humilité, et cette capacité que nous devons tous avoir à formuler ce dans quoi nous ne sommes pas super bons.
- Décrivez votre équilibre idéal vie-travail incluant le rythme d’une journée, d’une semaine et, plus généralement, de votre quotidien.
Combien de journées de travail? Combien de journées en congé? Combien de semaines de vacances par année? Les heures idéales pour travailler? Êtes-vous du genre à vouloir absolument des vacances dans le sud en hiver? Si oui, est-ce que l’hiver est la haute saison de votre entreprise… ça peut créer des petits problèmes si vous voulez des vacances au moment de l’année où votre entreprise a le plus besoin de vous! Aimez-vous le télétravail? Avez-vous un chien qui doit vous suivre à la job?
- Comment est-ce que ces idéaux risquent d’évoluer dans l’avenir et à cause de quels facteurs?
Si vous n’avez pas d’enfants en ce moment, pensez-vous en avoir plus tard? Si vous avez décidé de garder un emploi à temps partiel pendant le démarrage de votre entreprise, quand pensez-vous le quitter et qu’est-ce que ça changera à votre quotidien? Avez-vous une condition de santé qui risque d’affecter votre travail dans 5, 10 ans?
- Est-ce que cette entreprise sera votre «dernière job à vie»? Si non, quand prévoyez-vous la quitter et pour quelles raisons?
Je crois que la question est claire!
- Quel est votre plus gros défi quand survient un conflit avec vos partenaires?
Une des questions les plus pertinentes à se poser! Encore une fois, l’humilité et la clairvoyance face à nos patterns et défis personnels de communication sont de mise pour répondre à cette question. Soyez à l’affût de votre histoire personnelle liée aux conflits en général, à ce qui vient vous chercher dans des situations banales, à ce qui déclenche chez vous de l’angoisse, de la colère et de la peine dans les relations interpersonnelles. Ainsi votre futur partenaire, en connaissant ces détails, pourra faire attention et contextualiser vos défis communicationnels.
Responsabilités
Choisissez deux rôles parmi les suivants qui vous correspondent le plus dans un projet (vous pouvez visionner ce vidéo pour mieux les comprendre).
– Visionnaire
– Opération
– Finance
– Expansion
– Ventes
– Développement de l’entreprise
– Développement de produits
– Marketing
– Légal/administration
Le but ici est de marier ce que vous VOULEZ être et ce que vous ÊTES. Désir vs qualités réalistes. Si vous découvrez que votre partenaire d’affaires veut exactement les mêmes rôles que vous, comment allez-vous trancher? Il faut encore une fois une bonne dose d’humilité et de réalisme. N’hésitez pas à demander aux gens de votre entourage (amis, parents, employés, ex-collègues) comment eux vous voient. Il existe souvent une dissonance entre notre vision de notre propre personne et ce que nous sommes vraiment.
- Avez-vous déjà vécu des échecs et si oui, comment avez-vous géré la situation? Qu’avez-vous appris?
Que ces échecs soient survenus du côté entrepreneurial, des choix de vie ou de vos relations humaines intimes, n’hésitez pas à creuser et trouver des situations d’échec que vous avez traversées voir quelles ont été les stratégies que vous avez appliquées pour vous en sortir. Est-ce qu’elles pourraient être améliorées? Repensées?
Gestion des conflits
- En face d’un désaccord avec des partenaires, quelles qualités, type de communication ou stratégies d’affirmation, souhaitez-vous mettre en place? Comment vous et vos partenaires devriez communiquer vos inconforts et malaises?
Certains aiment être super profonds et parler de tout au fur et à mesure, d’autres préfèrent des rencontres hebdomadaires, d’autres croient dans la force d’un médiateur externe ou encore d’appliquer consciemment des techniques de communication non violente. Faites attention: on a souvent tendance à se voir meilleur communicateur qu’on l’est vraiment! Êtes-vous du genre à écrire plutôt que de parler? À aborder les choses avec un humour à double sens?
- Quels sont vos plus grands défis au cœur d’un conflit?
Que ce soit de trop se taire et se «laisser manger la laine sur le dos» ou encore d’avoir des accès de colère, d’être passif agressif ou simplement de ne pas savoir articuler nos pensées, ces défis rendront vos conflits encore plus difficiles. Je vous invite à les nommer à votre partenaire et à chercher des solutions et stratégies avant même qu’un conflit survienne!