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Québec – Montréal à vélo en une journée : tout le monde peut le faire
Je ne me suis jamais considéré comme un sportif. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. J’étais le petit gars qui regardait les nuages debout dans le champ gauche au baseball, celui qui lançait par erreur dans son propre panier au basket ou qui fermait les yeux à chaque contact durant mes deux ans dans l’équipe de football, au secondaire.
En 2020, tout ça a changé quand j’ai redécouvert le cyclisme. Jusqu’alors, le vélo était pour moi un moyen de transport. Avec la pandémie, c’est devenu un moyen de voyager. Été après été, mon vélo m’a permis de sillonner les routes moins connues du Québec, des rangs de campagne en passant par les chemins de quatre roues.
Éventuellement, la curiosité m’a poussé à vouloir parcourir de plus grandes distances. Cet été, j’ai fait quelque chose dont je ne me serais jamais cru capable, il y a un an ou deux: après 5 jours de bikepacking entre Charlevoix, la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent, j’ai décidé de terminer ma semaine en parcourant la distance Québec – Montréal en une seule journée. Presque 272 km, 10h37 sur le vélo avec une seule et mince heure de pause.
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Puisque je sors grandi (et un peu raqué) de cette expérience, je tiens à partager avec vous 4 choses que j’en retiens.
1- Le cyclisme de longue distance, c’est pour tout le monde
Quand des gens me disent qu’ils sont impressionnés par les distances que je parcours à vélo, je leur réponds qu’eux aussi en seraient capables (après leur avoir dit merci). C’est certain que ça prend de la pratique, mais je pense sincèrement que, graduellement, la majorité des cyclistes peuvent y arriver. La preuve : ma première sortie de 100 kilomètres en 2020 a été bien plus difficile que celle de 272 kilomètres en 2023. Ce qui a changé entre-temps, c’est que j’ai appris à gérer mon effort et mon alimentation. Et ça, tout le monde peut apprendre à le faire.
L’un des aspects intimidants du cyclisme pour les débutants, c’est à quel point on en vient rapidement à se comparer aux autres. On dirait qu’ils roulent toujours plus vite que nous, qu’ils ont plus d’endurance, plus d’énergie, etc.
Pour éviter de tomber dans le piège de la comparaison, se concentrer sur les kilomètres plutôt que sur le temps permet d’avancer à son rythme, sans se soucier des autres. Rappelez-vous: l’objectif, c’est d’arriver au bout, peu importe le temps que ça prendra.
2- L’aventure est au coin de la rue
Faire l’entièreté du trajet séparant les deux métropoles en une journée a changé ma perception de ce qui est à ma portée à vélo. C’est certain que la route Québec-Montréal, ça ne flash pas autant sur Instagram que les plus beaux cols d’Italie. Toutefois, il y a quelque chose de hautement dépaysant à partir de Québec, le matin, et de prendre sa douche dans son appart à Montréal le soir même, après avoir vu des dizaines de villages au passage.
Quand on se rend compte qu’on a un immense terrain de jeu dans sa cour arrière, ça donne envie de s’y aventurer. Depuis 2020, Strava m’indique que j’ai parcouru 10 000 km sur mon vélo, soit un peu plus que la distance qui sépare Natashquan du Panama. Et, pourtant, pas une fois je suis sorti du pays, même pas de la province. Le Québec est vaste, et grâce à mon vélo, je le connais mieux que jamais. J’ai appris à mes dépends que l’horaire du traversier d’Oka varie selon la météo, que la grosse côte à Frelighsburg se nomme Joy Hill et que ma poutine préférée se trouve à St-Irénée (je ne me souviens même pas du goût, c’est surtout la vue qui m’a marqué).
Réaliser que je suis capable de faire des longues distances à vélo, c’est réaliser que le nombre d’endroits que je peux visiter est exponentiel.
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3- La liberté dans le pas grand-chose
Étrangement, je ne pense pas à grand-chose quand je suis sur mon vélo. Je pense en alternance à mes cuisses, à la qualité de la route, à ma faim, à la température, à ma soif, à la distance à faire, à ma fatigue, à la vitesse, au maudit vent, et ainsi de suite. Il y a quelque chose de hautement méditatif qui se cache derrière les longues randonnées à vélo. Rares sont les fois dans ma vie où je suis resté douze heures en silence. Rares sont les fois o ù j’ai été dans le moment présent autant que sur mon vélo.
À chaque grande distance que je parcours, j’ai l’impression que le rythme du monde ralentit autour de moi. Pour une journée, les mauvaises nouvelles n’existent plus. Je n’ai pas d’emploi, ni de problèmes d’argent. Ma seule considération est de me rendre au bout de la route et les rares conversations que j’ai sont avec les commis de dépanneur du coin.
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4- Se dépasser, pour soi
Je tiens à le préciser : c’était ma première distance d’ultra-cyclisme, mais aussi mon premier voyage de bikepacking en solo. À mon départ de Baie-Saint-Paul, j’avais une boule dans l’estomac en pensant à la semaine qui m’attendait. L’inconnu était effrayant, mais jamais autant que l’idée de ne pas partir.
En rétrospective, je me rends compte que ce n’est pas la distance qui m’a motivé à faire Québec-Montréal en une seule journée, ni mon premier 50, 100 ou 150 km. En fait, la distance est toujours restée la même, car la distance d’un défi ne se mesure pas en kilomètres.
Ce qui compte, c’est la distance parcourue entre ce que l’on se pensait capable de faire et ce qu’on a accompli. À chaque kilomètre, je cherchais à répondre à la petite voix dans ma tête qui se demandait si j’arriverais à en faire un autre. Et un autre… Et chaque fois, la réponse était oui. Oui, j’y arriverais.
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En regardant mon odomètre afficher 272 km, je me suis dit que plus jamais je ne douterais de mes capacités physiques, que plus jamais je ne me regarderais dans le miroir en trouvant que mon corps ne ressemble pas assez à celui d’un athlète. Parce que oui, ça arrive même aux athlètes de marquer dans leur propre panier, au basket.