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Quand une semaine de siestes au bureau rend plus confus que reposé

Réaliser ses rêves peut être une activité plutôt décevante.

Par
Alexandre Perras
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Je chérissais le rêve de dormir sur mes heures de boulot depuis un moment déjà. Nostalgique des siestes à la petite école, je me voyais très bien reproduire l’exercice à l’âge adulte. C’est pourquoi la semaine dernière, j’ai testé les siestes quotidiennes au bureau.

Je ne passerai pas par quatre chemins, je ressors de l’exercice avec un certain sentiment d’ambivalence.

Les résultats de ce bijou d’enquête-journalistique-d’immersion-totale-gonzo m’ont un peu déçu.

Ces siestes devaient contribuer à ma productivité, à ma créativité et même mon humeur! Vous comprendrez assez rapidement que les résultats de ce bijou d’enquête-journalistique-d’immersion-totale-gonzo m’ont un peu déçu.

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J’ai évalué chacune de mes siestes selon trois critères. Le confort de l’endroit de la sieste, le sentiment de repos qui en a résulté et, finalement, mon humeur après le dodo. Voici ce que ça donne.

JOUR 1

J’ai pu m’installer dans une salle de montage grâce à la généreuse offre de ma collègue Lucie. Bon, c’était plutôt coincé, mais j’avais un endroit pour me poser malgré tout.

Je me suis donc canté avec mes écouteurs et une playlist de white noise afin de permettre à Lucie de vaquer à ses occupations.

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Malheureusement, je n’ai pas pu dormir. J’avais l’impression d’être en attente constante de la fin du 20 minutes de repos. Probablement causé par mon incapacité chronique à ne pas prendre de pause au travail. De plus, comme toute personne n’étant pas capable de décrocher, j’ai oublié de désactiver les notifications de mon cellulaire…

Un beau 20 minutes de réflexion les yeux fermés, dans un endroit trop peu confortable pour même me considérer chanceux de « siester ». De plus, j’ai l’impression que cette sieste a trigger en moi une envie de sommeil, sans pour autant la combler. J’ai bâillé tout l’après-midi…

Confort : 3 / 10

Repos : 0 / 10

Humeur : 5 / 10

JOUR 2

Toujours dans la salle de montage. Je crois avoir dormi cette fois-ci, mon alarme m’a même surpris à la fin du 20 minutes. J’ai d’ailleurs appris de mes erreurs de la veille. J’ai mis mon cellulaire sur silencieux et j’ai pris un white noise de plus longue durée, pour ne pas avoir à subir les violentes coupures de silence, toutes les cinq minutes.

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Comme la veille, j’ai encore eu l’impression que la sieste a, plutôt trigger une envie de sommeil. J’ai, à nouveau, passé l’après-midi à bâiller. J’ai même dû me grayer d’un verre d’eau très froide pour essayer de me réveiller.

Confort : 5 / 10

Repos : 2 / 10

Humeur : 6 / 10

JOUR 3

J’étais sur un divan. Yeah. Le confort y était, mais pas le repos.

À nouveau, j’ai eu beaucoup de difficulté à réellement me reposer. Le cellulaire était silencieux. J’avais du white noise de longue durée. J’avais même un oreiller caltore.

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L’impression d’être un employé lourd qui fait son intéressant en dormant sur le divan à l’entrée du bureau était trop importante pour que je puisse réellement me reposer. De plus, mon subconscient ne pouvait arrêter de penser aux gens qui devaient m’observer lors de cette sieste. Un doute que j’ai rapidement éclairé, dès l’instant où j’ai rallumé mon cellulaire. De nombreuses stories me mettaient en scène en train de dormir sur les zinternets. NICE.

Je sors de cette « sieste » plutôt calme et de bonne humeur. J’ai moins le sentiment de bâiller. Je ne me sens pas reposé, mais plutôt relaxe.

Confort : 7 / 10

Repos : 2 / 10

Humeur : 6 / 10

JOUR 4

Le divan n’était pas disponible aujourd’hui et j’ai mis une croix sur la salle de montage.

Une délicieuse journée d’automne s’offrait à moi. Le soleil plombait, la température était plus que confortable. Pourquoi ne pas dormir sur un banc, juste en face du bureau?

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Bon j’allais faire un compromis sur le confort, mais j’allais être complètement étendu.

Gros succès. Qui n’aime pas prendre un bain-de-soleil? Personne. Je ne crois pas avoir dormi à proprement parler, mais je ressors de l’exercice complètement détendu et vraiment de bonne humeur.

Confort : 6 / 10

Repos : 6 / 10

Humeur : 9 / 10

JOUR 5

Question d’allonger le week-end, j’ai eu la chance de travailler de la maison familiale vendredi dernier. Ben quoi, c’était l’Action de grâce pour tout le monde. J’avais donc accès à un lit pour ma sieste de la journée. DOMMAGE.

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Pour la première fois, j’étais bien installé. Mais malgré le silence et l’absence de collègues bruyants, je n’ai pu m’endormir. C’est sûrement moi le problème. Comme les siestes précédentes, je ressors de l’activité plutôt calme et de bonne humeur. Comme si le fait de m’arrêter me permettait de reset mon sentiment d’urgence et de stress qui m’accompagnent habituellement.

Confort : 10 / 10

Repos : 6 / 10

Humeur : 8 / 10

Vive les siestes?

En compilant les résultats quotidiens, on constate que le confort manquait à l’appel. Comme je l’expliquais la semaine dernière, il n’y aucune place dans les bureaux d’URBANIA. L’idée de dormir dans les toilettes m’a d’ailleurs traversé l’esprit à un certain moment durant la semaine.

L’autre élément ayant certainement joué dans mon sentiment d’ambivalence face à l’activité : moi-même. Je ne crois pas que j’avais assez de 20 minutes pour réellement me détendre, arrêter le fil de mes penser et m’endormir. De plus, mes préjugés face à l’activité m’ont travaillé toute la semaine. « Pourquoi quelqu’un devrait-il être payé pour dormir au travail? », « Je n’ai pas le temps de faire une sieste, j’ai trop de travail », etc.

Reste que ces 20 minutes quotidiennes, les yeux fermés, me permettaient assurément de mettre mon urgence de travailler sur pause.

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Reste que ces 20 minutes quotidiennes, les yeux fermés, me permettaient assurément de mettre mon urgence de travailler sur pause. Ce qui est clairement une bonne chose pour ma santé mentale. Je n’ai peut-être pas pu me « reposer » à proprement parler, mais ces « pauses au calme » m’ont permis de recentrer ma concentration sur les choses qui importaient sur ma to-do list.

Est-ce que j’ai constaté les bienfaits de la sieste sur mon travail? En partie. Je vois clairement les bénéfices d’arrêter complètement ce que l’ont fait et ne rien faire. Pas de cell. Pas de lecture. Pas de discussion. C’est drastique, mais ça calme.

Pour ce qui est de mes préjugés face au repos sur les heures de job… ce serait me mentir à moi-même si j’affirmais vouloir continuer l’exercice de la sieste la semaine prochaine!

Une question d’espace ou une question de culture?

Le niveau de préparation y était. Je savais quand et pendant combien de temps je devais dormir pour m’assurer d’avoir un repos « optimal ». C’est dans l’exécution que les choses se sont gâtées. Les conditions ne me permettaient pas vraiment de siester au travail. C‘est difficile de forcer la sieste dans un environnement de travail n’étant pas emménagé pour y pratiquer l’art du repos.

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Et même lorsque ces espaces sont aménagés dans les espaces de travail, ils ne garantissent pas nécessairement le repos! Au Japon, l’un des pays industrialisés le plus en manque de sommeil au monde, on cherche des solutions à ce problème. Une idée? Les salles de repos!

En effet, la tendance est désormais à l’instauration d’espaces réservés aux employés pour leur permettre de dormir au travail. Le seul truc, c’est que les employés ne veulent rien savoir de ces salles

Les Japonais préfèrent dormir sur leurs bureaux, sur les bancs des parcs, dans les cafés – à n’importe quel endroit autre que les lieux réservés à cet effet.

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Les concepteurs derrière l’idée des salles de repos dans les espaces de travail ont oublié un détail : les Japonais préfèrent dormir sur leurs bureaux, sur les bancs des parcs, dans les cafés – à n’importe quel endroit autre que les lieux réservés à cet effet.

À bien y penser, il est peut-être là, le problème. C’est bien de se voir offrir du temps et des espaces pour dormir au travail, mais l’aspect « au travail » gâche un peu le concept du repos finalement.