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Quand travailler de la maison fait du bien à la santé mentale
Le confinement est une épreuve pour la santé mentale, c’est indéniable. Mais pour certaines personnes, c’est également un moment pour se remettre les idées en place, prendre du recul, du temps pour soi ou pour sa famille. Enfermés avec nous-mêmes ou avec nos proches, on peut en apprendre beaucoup sur son être intérieur.
C’est le cas d’Empi, qui est travailleuse sociale en santé mentale. Elle compare sa situation d’avant confinement à celle «d’une poule sans tête qui continue à courir partout». Habituée à faire de l’overtime, elle se sentait frustrée. «Je fais de la narcolepsie et c’est difficile de me réveiller le matin. Le fait d’être à la maison me permet de me réveiller naturellement». Et en plus, elle affirme que l’absence de contact direct avec ses collègues la décharge du stress lié à l’image qu’elle doit renvoyer. «J’ai moins le stress du “devoir paraitre”».
Depuis le début du confinement elle a adopté un rythme adapté avec lequel elle se sent plus sereine et qu’elle aimerait conserver quand elle retournera au travail sur place.
Et elle n’est pas seule.
Restructuration imposée
Pour les employés toujours actifs qui travaillent de la maison, ça a été une période d’apprentissage forcée, mais constructive. Il a fallu se débrouiller pour concilier vie familiale et professionnelle, s’initier aux outils indispensables du travail à distance et, pour certains, partager le bureau avec un collègue bruyant et en demande d’attention, à savoir leur enfant. Dans ces conditions, certaines personnes attendent le retour au bureau avec impatience.
Mais beaucoup d’autres ont trouvé une certaine paix d’esprit avec le confinement et le télétravail. Après avoir demandé autour de moi, j’ai été surpris de voir que les réponses pointent vers un bilan plutôt positif. Les personnes interrogées estiment que le boulot depuis la maison améliore leur qualité de vie et que leur performance est égale, voire supérieure à ce qu’ils accomplissaient avant la pandémie.
S’organiser comme on veut
Un des points positifs du confinement c’est qu’on peut s’organiser soi-même. Ça ne veut pas dire que c’est la fin des responsabilités (you wish…), ou des deadlines, mais au moins on peut organiser son temps autour de ses priorités et non l’inverse.
Jani, qui fait son bac en biologie à l’Université de Montréal explique d’ailleurs que depuis le début des cours à distance, sa productivité a augmenté. Évoluer en dehors du cadre des cours en classe lui permet de gagner du temps. «Je fais les choses à mon rythme et à mes heures de choix, puis je fast forward les parties de cours que je comprends mieux».
Un beat plus sain
Pour Alison, étudiante en psychologie, le télétravail a amorcé des changements significatifs dans ses habitudes de vies. Habituée à des journées de 15 heures en temps normal, elle voit le confinement comme une bénédiction. «Il y avait des jours ou j’oubliais de manger et je tombais en hypoglycémie. Je passais mes journées à étudier ou en cours, je n’avais aucune vie sociale et je ne faisais qu’étudier», dit-elle.
Avec le confinement, elle a redécouvert le plaisir des choses simples comme écouter des films, prendre une marche ou passer plus de temps avec son chum. La vie, quoi. «Mon stress a énormément diminué, explique-t-elle. Je ne fais presque plus de rétention d’eau, je n’ai pas fait de crise de panique, je prends des pauses, je déjeune, et j’ai vraiment un beat de vie plus sain.»
Un meilleur environnement
En termes d’environnement de travail, c’est difficile de faire plus cozy que chez soi. C’est quand même un luxe de pouvoir travailler dans ses plus beaux sweatpants en mangeant des tartines faites avec son propre pain plutôt qu’un snack décevant du distributeur automatique.
Entre son appart ou un cubicule, le choix est généralement vite fait, comme l’explique Suzanne. «J’adore faire du télétravail! Étant donné que je travaille dans un cubicule, il y a beaucoup de bruit et c’est infernal. À la maison, c’est tranquille», raconte-t-elle.
Mais il n’y a pas que le mobilier ou l’agencement du bureau qui font la différence. L’intimité est un facteur important pour Corinne*, une agente d’assurance des particuliers. Elle avoue qu’en étant à la maison, elle se sent libérée du contrôle un peu trop serré de ses supérieurs. «Je travaille dans un milieu corporatif où on se sent constamment surveillé, affirme-t-elle. À cause de la façon dont l’environnement est conçu avec des bureaux transparents, ou des cubicules, mais également parce que la direction est tout le temps en train de circuler. Même pendant les pauses à la cafétéria on se sent observé.»
Avec le travail à distance elle a retrouvé un espace à elle, qui diminue la pression et lui permet de se sentir mieux à la fin de la journée.
Le télétravail a fait émerger des vertus inattendues auxquelles on ne pensait pas avoir accès en temps normal. Pris dans le rythme de la vie et du boulot prépandémie, on a pu accepter des situations ou des environnements qui nous conviennent plus ou moins, sacrifiant au passage un bout de notre santé mentale ou physique sur l’autel de la productivité. Le travail à distance a surtout permis d’expérimenter une autre réalité et déterminer ce qui nous convient le mieux. À voir ce qu’on en tirera et ce qu’il sera possible de garder une fois que le déconfinement sera effectif pour tous et toutes.
Pour Allison cela dépendra des résultats en lien avec cette période. «Si je vois que d’avoir moins de pression et m’avoir laissé plus de temps a diminué ma moyenne, ça risque d’être assez difficile de ne pas retomber comme avant.»
*Cette personne a souhaité garder l’anonymat
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