Quand les conseils financiers d’un proche se transforment en histoire d’horreur

Quatre95 et l’IQPF s’unissent afin de vous initier aux rouages de la planification financière.

Votre belle-sœur a le regard qui pétille en parlant des rendements de ses investissements à risque au party de Noël. Vous sentez l’excitation monter. Vous aussi, vous voulez de l’argent qui entre dans votre compte de banque pendant que vous dormez. Elle commence à vous conseiller; vous prenez des notes. Elle parle d’argent facile et d’occasion en or.

Voilà, c’est fait. Il y a un show de feux d’artifice dans votre cœur. Surtout que vous l’adorez, votre belle-sœur, et que vous lui faites confiance. Un vrai conte de fées, quoi.

Oui – mais non. Peut-être vaudrait-il mieux lui confier « seulement » votre cœur. Votre argent, il serait peut-être pertinent de le confier plutôt à des gens qui connaissent vraiment leur affaire avant que votre conte de fées se transforme en histoire d’horreur. Parce que ce n’est pas ce qui manque, des histoires où argent et famille font tout sauf bon ménage!

Dans le cas de Jeanne*, c’était l’achat immobilier. Poussée par son entourage lors de toutes les fêtes familiales à « s’acheter une maison pour arrêter de sacrer son argent par les fenêtres », elle sent la pression monter. Elle commence par mettre tout son argent de côté pour tenter tant bien que mal de se coussiner un petit magot. Mais entre ses REER et son fonds de sécurité, elle se rend rapidement à l’évidence qu’elle ne peut plus se permettre d’avoir du fun avec ses payes.

Après quelques mois à ramer dans le beurre et à passer des nuits blanches à stresser sur la façon dont elle arriverait à accéder à la propriété, elle prend rendez-vous avec un planificateur financier. L’ÉPIPHANIE. Il lui donne non seulement la bénédiction d’être locataire, mais lui prouve à quel point c’est avantageux pour elle de ne pas investir dans une propriété. Elle n’est pas rendue là, tout simplement. Ensemble, ils décident qu’elle s’achètera une maison au moment opportun (a.k.a. quand elle en aura les moyens). Elle apprécie maintenant son appartement, voyage et est très heureuse d’avoir maintenant un punchline pour les petits curieux qui lui demandent : « Comment ça, que t’es pas propriétaire? »

Voyons maintenant une histoire qui finit un peu moins bien. Les membres d’une famille soudée suivent les conseils financiers d’un oncle qui travaille dans le domaine et investissent en bloc dans un portefeuille financier à risque. Nous sommes en 1987, et la crise financière qui rôdait fait s’effondrer les marchés. En quelques mois, les avoirs de la famille dégringolent, certains perdent les sous accumulés pour leur retraite, et d’autres mettent leur vie quotidienne dans une précarité franchement stressante.

L’oncle n’avait aucune mauvaise intention et s’en veut depuis. En plus de mettre la situation financière d’êtres chers en péril, cette situation s’est soldée en querelles familiales et en grands malaises qui perdurent. Perdre son argent, c’est une chose, briser le tissu familial en est une autre.

Il n’est pas rare que les expats vivent avec le mal du pays : Raoul en sait quelque chose. Une offre alléchante d’investir dans un projet familial de construire un grand domaine en Haïti réanime ses envies d’y retourner plusieurs fois par année et de profiter du rhum, de ses amis et de la plage. Il a une somme importante de côté et se dit qu’il s’agit certainement de la meilleure façon d’investir pour sa retraite.

Au départ, tout va bien, et il se rend même quelques fois sur place au cours de la première année pour superviser l’achat du terrain et le début de l’élaboration des plans. Les factures commencent à rentrer tranquillement, puis le rythme s’accélère… jusqu’à lui en faire faire des cauchemars. Pire : il n’arrive pas à obtenir d’informations claires sur ce qui se passe. Il finit par apprendre que certains membres de la famille mieux nantis ont pris le contrôle du choix des matériaux, faisant gonfler toutes les estimations. Les retards se prolongent et la construction n’en finit plus de ne pas finir. De Montréal, très difficile pour lui de mettre ses limites. Et malheureusement, plusieurs années plus tard, la maison est devenue à la fois une source de conflit familial, un gouffre financier, et la cause principale de ses insomnies…

Déplaçons-nous chez les plus riches de notre société. Un jeune homme devient membre d’une famille aisée qui a hérité de plusieurs millions de dollars. Soucieux lui-même de ses finances personnelles, il s’informe sur la façon de bien gérer son portefeuille modeste. On le dirige vers le conseiller financier familial. Le hic : les honoraires dudit conseiller, qui commencent à 8 000 $ par année! La morale de l’histoire : choisis un conseiller financier à ta pointure et ne cède pas à la pression familiale de gérer des millions si ta fortune se chiffre en expériences de vie et en quelques milliers de dollars.

Les plus vieux d’entre nous – OK : ceux qui ont 35 ans ou plus – se souviendront de Réjean, qui tentait d’embarquer toute la famille de La Petite Vie dans sa nouvelle entreprise de vente pyramidale de shampoo, New You. Hilarant (pour l’époque et encore à ce jour), l’épisode révèle les grandes lignes des scams dont nous devons tous nous méfier. À l’ère des réseaux sociaux, pareilles entreprises ont une portée exponentielle et dépassent largement les assemblées de salon de l’époque. Leurs produits de santé miracles, leurs huiles essentielles, leurs crèmes, leurs suppléments et autres supercheries sont partout… et leurs entreprises sont bizarrement très difficiles à géolocaliser.

Chose importante à savoir : tous leurs conseils de mentorat et de week-end d’empowerment tournent autour de l’importance de recruter des gens qu’on aime pour leur faire profiter de cette occasion EN OR. « Pourquoi laisser ceux que vous aimez dans la misère? Votre cousine Natasha mérite elle aussi d’être millionnaire et d’aspirer à une vie fabulous! Vous pourriez être celui ou celle qui offre à Natasha les clés de sa nouvelle Mercedes! Natasha deserves thiiiiiiiiiiiiiis! »

L’affaire, c’est qu’en embarquant Natasha, vous allez faire de l’argent sur son dos, elle ne fera pas une cenne, et elle devra elle aussi recruter quelqu’un d’autre pour aspirer à rouler en voiture de luxe. Quand vous le dessinez, ça fait vraiment une pyramide, avec au top quelqu’un qui encaisse de l’argent à la tonne.

Sachant que 41 % des 18-44 vivent dans une situation financière fragile, on se doute bien que la piasse facile séduit. L’idée ici n’est pas de se méfier systématiquement des gens de notre entourage, mais de se rappeler qu’il est toujours sain d’ajouter un avis impartial entre ceux qu’on aime et notre argent!

* Tous les noms ont été changés pour ne pas que les anecdotes racontées génèrent encore plus de conflits de famille.

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La planification financière, ça commence par une conversation (et pas nécessairement avec votre mononc’!). En faisait appel à un planificateur financier, vous vous offrez de nouveaux outils vers la réussite.

En vous dirigeant vers la personne qualifiée, l’Institut québécois de planification financière peut vous aider à voir loin et agir tôt pour profiter de la vie.