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Quand l’école te permet de travailler à la présentation de Casse-Noisette
Rencontre avec Jasmine Kamruzzaman, régisseuse aux Grands Ballets Canadiens.

URBANIA et Compétence Culture s’unissent pour faire valoir l’intérêt de suivre une formation dans le domaine culturel.
Vous êtes-vous déjà demandé comment un spectacle comme Casse-Noisette se déroule pendant que nous admirons les artistes évoluant sur leurs pointes? Pour arriver à un spectacle aussi grandiose, il faut toute une équipe en arrière-scène qui s’occupe de l’éclairage, des changements de costume et de décor, de la musique et du reste. Et la grande manitou qui réussit à coordonner tout ça, c’est la régisseuse, Jasmine Kamruzzaman, qui call les shots pendant le spectacle.
Depuis qu’elle est enfant, Jasmine sait qu’elle veut travailler dans le domaine culturel. « Comme la porte d’entrée, c’est souvent de faire de la scène, c’est un peu ce à quoi je rêvais plus jeune », dit-elle en repensant à ses années passées à faire du théâtre et de la musique.
La formation au cœur de sa carrière
Puis, Jasmine s’inscrit à l’université, au baccalauréat en action culturelle à l’UQAM. Après trois ans d’études, elle décroche un premier emploi comme directrice de la billetterie au théâtre Espace Go et, rapidement, tout se précise. « J’étais proche des comédiens et des comédiennes, du personnel d’assistance à la mise en scène, de la régie, de l’équipe de production », se souvient-elle.
Arrive ensuite le spectacle Cinq visages pour Camille Brunelle, mis en scène par Claude Poissant. Cinq acteurs, qui ont environ le même âge que Jasmine, y parlent de leur avenir à l’ère des médias sociaux.
« Je n’ai jamais vu un show aussi souvent de ma vie. J’étais comme : wow! C’est pour ça que je veux faire ce métier-là. Pour triper en gang. »
À 25 ans, elle décide de quitter sa routine pour retourner aux études, cette fois en production, à l’École nationale de théâtre du Canada. Retourner à l’école à la mi-vingtaine n’était pas un choix évident, mais elle était convaincue que sa formation allait l’aider à développer ses compétences plus rapidement et à découvrir ce qui l’intéressait vraiment dans les arts de la scène.
Les personnes qu’elle a rencontrées durant sa formation, autant celles qui étudiaient que celles qui enseignaient, lui ont permis de s’intégrer plus rapidement dans ce milieu, qui peut parfois être difficile à percer. « Tu te crées un réseau de contacts pendant ta formation, ce qui fait en sorte que, quand tu sors, t’es vraiment bien outillé. » Après avoir touché à tous les métiers des arts de la scène, de l’éclairage à la technique de scène, elle se découvre un intérêt marqué pour la régie, la direction de production et l’assistance à la mise en scène.
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Des métiers « au cœur du spectacle »
Diplôme en main, elle enchaîne les contrats à la pige pour différentes productions. « Ça va par projets, par appel d’un metteur en scène ou d’une compagnie qui te contacte pour faire partie d’une production ou d’une autre. » Selon elle, son deuxième passage à l’école a accéléré les choses et lui a permis d’être plus polyvalente. « Ta technique s’adapte à n’importe quel spectacle, et tu deviens plus flexible dans ton approche. »
Jasmine s’implique activement dans tout ce qu’elle entreprend et avait tendance à cumuler plusieurs projets, à travailler de longues heures, pour ne pas rater d’occasions ni manquer d’argent. La pandémie a toutefois fait prendre un autre tournant à sa carrière, alors qu’un besoin pressant de stabilité s’est fait sentir. « Un ami me talonnait pour que j’envoie ma candidature pour le poste de régisseuse aux Grands Ballets et, honnêtement, c’est le meilleur move que j’ai jamais fait », lance-t-elle. Depuis, elle collabore à des productions à grand déploiement, comme Casse-Noisette ou Cendrillon. « Ma carrière a pris un step fois 10 », affirme-t-elle.
La stabilité pour retrouver la créativité
Depuis trois ans, elle s’occupe du volet musical des spectacles, faisant les liens avec le chef d’orchestre, commandant des partitions et gérant les droits musicaux, notamment. Pendant le spectacle, elle envoie les cues aux techniciens pour orchestrer les changements de décor, d’éclairage ou de musique. « Selon moi, le régisseur doit avoir une certaine sensibilité pour bien faire son travail. Il doit comprendre ce qu’il voit sur scène, le feeler. Oui, tu donnes des indications à partir de phrases précises ou de mouvements, mais parfois, c’est sur une respiration. Il faut être en cohésion avec ce qui se passe sur scène pour faire ce métier », explique-t-elle.
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C’est le spectacle Cendrillon des Grands Ballets, qu’elle a accompagné de A à Z dans la création, qui lui a confirmé qu’elle était sur son X. « C’était une des premières fois où je me sentais réellement à ma place. Le spectacle était bon, mais c’était surtout l’accomplissement du processus de création – je réalisais que j’étais capable de caller un spectacle où il y a des changements de décor, des mouvements de perche qui se font sur scène, un orchestre. »
Après avoir cumulé de l’expérience – et mis au monde deux enfants –, Jasmine se sent prête à retrouver le volet plus créatif de son métier en acceptant à l’externe un mandat de directrice de production.
« J’ai pas envie de perdre la main non plus. Ça me permet de travailler sur de plus petits projets et de toucher à tout », explique-t-elle, précisant qu’elle souhaite trouver l’équilibre entre l’ensemble des projets qui la passionnent. Sa formation lui a permis d’une part d’avoir accès à des postes comme celui de régisseuse aux Grands Ballets, mais aussi de prendre part à des projets « de cœur ». En ayant un salaire fixe qui lui permet de construire une famille, elle peut maintenant se permettre de réaliser des projets un peu moins rentables qui la passionnent.
Pour en savoir plus sur le métier de régisseur, vous pouvez regarder cette vidéo ou consulter cette fiche.
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