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Quand le sport compétitif des enfants devient toxique

Comment s’assurer que les enfants évoluent de manière saine dans le milieu sportif?

Par
Marie-Noëlle Potvin
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Ça fait plusieurs années que je travaille localement à avoir un impact positif sur la culture du sport que je coache, soit le patinage artistique, mais aussi sur le sport, en général. Ce qui m’attriste, c’est que trop souvent, les ados et jeunes athlètes frappent un mur vers 14-15 ans : ils s’écœurent et gardent un goût amer du sport qui a déjà été leur passion.

Et si on ajoute à ça tous les abus dont on entend de plus en plus parler, on n’a plus vraiment le choix de se remettre en question afin de donner l’exemple à nos jeunes.

Ça ne va pas vraiment bien dans les milieux sportifs

Espérer, dans la société actuelle, que nos jeunes puissent pratiquer leur sport de prédilection de manière saine, est-ce une utopie? Peut-être.

Par exemple, pensez-vous que les acteurs qui graviteront autour de vos jeunes pendant leur carrière sportive auront toujours comme objectif principal leur sécurité? C’est très idéaliste, avouez.

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Quand il est question de sport encadré, je me découvre un côté maman ourse jusqu’ici inconnu. Peut-être parce que je sais ce que ça représente. Bon, tant que tu fais du sport ini-super-récréatif, habituellement, ça va… C’est plutôt la suite qui m’inquiète. Les sports compétitifs, la performance, le favoritisme, les abus de pouvoir… Bref, je sais trop bien qu’à partir du moment où on fait du sport de manière compétitive, il y a des risques de dérapage.

À force de me poser ces questions, la coach de patinage de fantaisie qui a quelques 22 ans de coaching derrière le toupette (moi) se retrouve à ne pas inscrire son enfant à RIEN. Que voulez-vous, j’ai peur des milieux sportifs. D’avoir le bras pris dans le tordeur, comme on dit.

Le changement de culture peut être initié par les parents…

Donc, on s’y prend comment, si on veut être un parent exemplaire (lol) et vigilant, qui verra arriver les abus de toutes sortes à cent milles à l’heure? Évidemment qu’il n’y a pas de formule magique, mais en se documentant un peu sur les situations d’abus et les bonnes pratiques, il y a quand même des règles de base à appliquer.

Le plaisir

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Ici, c’est à nous, parents, d’avoir un discours qui favorise le plaisir plutôt que la performance. Même si on est fiers que nos enfants soient bons, essayons de souligner d’autres qualités, comme la persévérance, leur attitude positive, le fait d’être un bon perdant et reconnaître l’effort collectif de l’équipe.

Bref, gagner, c’est ben le fun, mais pas besoin d’en rajouter. Essayons plutôt de valoriser le processus et les apprentissages derrière cette victoire. Ce genre de discours aidera votre enfant à bâtir sa propre confiance.

Identifier et communiquer les malaises

Éduquez votre enfant à identifier les situations abusives. Ça, c’est un gros dossier, j’en conviens. Mais, un jour ou l’autre, votre jeune entendra des discours qui ne fitteront pas avec ses valeurs. Et là, ça peut aller dans tous les sens : de la pression par rapport à l’image corporelle, des commentaires humiliants, du chantage, des avances inappropriées.

Il pourrait même se faire offrir des substances pour récupérer plus vite et performer plus…(et là, je n’exagère pas, promis).

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C’est bien de le préparer en conséquence pour qu’il sache quoi faire.

Lui apprendre à identifier lorsqu’il se sent mal à l’aise, grâce à la régulation de ses émotions, ça contribuera à garder son indépendance de pensée. Après tout, on ne veut pas que nos enfants soient facilement manipulables.

Équilibrer son horaire

Encourager la variété et l’équilibre. C’est un service à rendre à votre enfant que de l’exposer à plusieurs activités tant sportives, culturelles, artistiques que récréatives.

Bref, le sport, ce n’est qu’une partie de l’équation. On gagne à être agiles dans plusieurs sports, mais on gagne aussi à être capable de s’asseoir sur son steak 1 heure ou 2 pour lire, faire de la musique, de la peinture ou juste rien. Votre jeune est en train de construire sa confiance et son identité, et plus il aura de cordes à son arc, plus il sera sûr de lui.

Restons alertes à certains signaux

Les jeunes ne sont pas à l’abri du surentraînement. Toutefois, les signes peuvent être plus subtils que chez les adultes. Fatigue, manque de motivation, troubles du sommeil. À cela peut s’ajouter l’anxiété de performance, les troubles alimentaires, etc.

Bref, la volonté de performer dans son sport peut venir avec beaucoup de mauvaises pratiques et de répercussions très néfastes. Conséquences qui, en retour, peuvent affecter leur intérêt pour le sport par la suite, malheureusement.

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Dernièrement j’ai beaucoup adapté mon discours. Ayant évolué dans un sport hautement compétitif, le développement hâtif a toujours fait partie de sa culture. Je n’ai jamais trippé sur le concept, mais je pensais que c’était un « mal nécessaire ». Aujourd’hui, je ne pense plus du tout comme ça et mon discours porte sur développer ses habiletés et être capable de faire plein de trucs.

(** Ah pis c’est-tu moi ou y a comme un espèce de petit vent de changement qui semblait souffler aux Olympiques? Un peu comme une lumière au bout du tunnel. Je me devais de le souligner, parce qu‘on y a vu de beaux exemples pour nos jeunes. Espérons que ça continue en ce sens.)