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Quand l’argent fait obstacle à l’amitié

C’est pas toujours facile d’avoir des amis qui vivent au-dessus de nos moyens.

Par
Mélodie Nelson
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Si l’amitié n’a pas de prix, l’argent peut malheureusement troubler certaines relations. Voici trois histoires où l’argent a transformé, parfois pour le pire, des amitiés.

Un mariage et un enterrement d’amitié

Quand Marielle* danse, elle est aussi merveilleuse que des rondelles d’oignons un lendemain de veille. Si des mecs s’approchent, hypnotisés par ses chorégraphies meilleures que celles du film Romy and Michele’s High School Reunion, elle les ignore. Ce qui compte, ce sont ses copines.

Pourtant il y a dix ans, elle a perdu sa meilleure amie d’enfance.

Elle aurait vraiment voulu voir son amie vivre l’un des plus beaux jours de sa vie, mais Marielle n’avait pas les moyens d’acheter un cadeau de mariage et de contribuer financièrement à une bachelorette arrosée de champagne dans une limousine.

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Elles se fréquentaient depuis l’école primaire. Mais quand sa BFF l’a invitée à son mariage, Marielle s’est sentie mal à l’aise. Elle aurait vraiment voulu voir son amie vivre l’un des plus beaux jours de sa vie, mais Marielle n’avait pas les moyens d’acheter un cadeau de mariage et de contribuer financièrement à une bachelorette arrosée de champagne dans une limousine. Incapable d’avouer son malaise et ses dettes d’études, elle a décliné l’invitation.

Son amie ne l’a pas digéré et la relation s’est effritée.

C’est seulement plusieurs années plus tard, et après avoir retrouvé la stabilité financière, que Marielle a revu son amie. Elle lui a parlé du froid que ce conflit d’argent avait causé.

« Elle était déçue. Elle aurait voulu que je lui dise et elle aurait tout fait pour que je sois à son mariage, sans me sentir honteuse. Ça a pris du temps, même après ça, pour qu’on se retrouve vraiment », mentionne Marielle.

Elle indique que maintenant, elle ne laisse jamais l’argent entraver ses amitiés. « Parfois c’est moi qui ai plus d’argent et je paie un repas à mes copines, d’autres fois c’est une autre. Ou nous sortons dans des endroits où je connais le propriétaire et c’est la meilleure des solutions pour s’amuser sans rien dépenser », rigole-t-elle.

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Perdre sa job… et ses amis

Laetitia n’a pas pu compter sur une amitié aussi sincère que celle de Marielle et son amie d’enfance.

Arrivée au Québec d’Italie dans la vingtaine, elle occupait un poste important dans une compagnie de communication. Son style de vie était ponctué de brunchs, de séances de Botox, de journées au spa, de séjours dans des chalets Pinterest et de sorties dans des after-hours.

Puis elle a perdu son emploi, et le salaire qui venait avec.

Un jour, elle a croisé par hasard quelqu’un qu’elle considérait son ami, et cette personne a fait semblant de ne pas l’avoir vue.

Elle a commencé à refuser des invitations à sortir (et des séances de Botox), tout en expliquant qu’elle n’avait plus les moyens d’aller consulter un chirurgien aux six semaines.

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Puis, à sa grande surprise, les invitations ont cessé. Un jour, elle a croisé par hasard quelqu’un qu’elle considérait son ami, et cette personne a fait semblant de ne pas l’avoir vue.

Ç’a été un coup dur. « Je me suis isolée et pendant plus d’un an, je n’ai pas cherché à me faire d’autres amis. Je pensais que je n’étais plus intéressante », dit-elle.

Laetitia s’est réorientée professionnellement et elle s’est tournée vers la méditation et le yoga, afin de trouver un équilibre et s’accepter comme elle est. « J’ai moins d’amis, mais je sais que ce sont de vrais amis, qui sont là quand je suis déprimée, stressée, et pas juste prête à faire la fête. »

L’embarras de pouvoir demander un poney à son anniversaire

Quand elle était adolescente, Marjolaine a vu la richesse de ses parents menacer ses amitiés. « Mes parents ont plusieurs entreprises, mais ils n’exhibent pas leur argent. Ils n’ont jamais eu de voiture décapotable rouge de l’année et ils m’ont appris à être humble, aussi. Sauf que pour moi, ça voulait dire qu’ils avaient honte d’avoir réussi et que ça m’a marqué dans mon rapport à leur travail. »

«Mes amies ne comprenaient pas pourquoi je ne voulais pas en parler, et certaines ont pris ça pour du snobisme ou parce que je trouvais qu’elles faisaient pitié.»

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À l’école secondaire, elle racontait à ses camarades de classe que ses parents travaillaient dans un restaurant. « C’était quand même vrai, mais c’était leur restaurant. Et ça s’est su quand la sœur d’une de mes amies a commencé à travailler pour eux, se souvient-elle. Mes amies ne comprenaient pas pourquoi je ne voulais pas en parler, et certaines ont pris ça pour du snobisme ou parce que je trouvais qu’elles faisaient pitié. Après, il y a eu plein de rumeurs sur moi, disant que mes parents m’avaient achetée à l’étranger, et des filles qui m’invitaient soudainement à aller magasiner avec elles. »

Comme Marielle et Laetitia, Marjolaine a compris que l’argent peut jouer des tours en amitié, surtout lorsqu’on n’en parle pas ouvertement. Mais la leçon qui ressort de ces histoires, c’est surtout que les vrais amis connectent au-delà des comptes de banque.

Car l’honnêteté, la confiance et la loyauté valent pas mal plus qu’un après-midi au spa.

*Ce nom a été changé pour préserver l’anonymat de la personne.

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