À l’ère des réseaux sociaux, comment réagiriez-vous si un inconnu prenait des photos de votre enfant à votre insu?
Cet été, Marie-Michelle Chartier a été confrontée à une situation fort embarrassante : un inconnu a pris des photos de sa fillette de deux ans, sans d’abord lui avoir demandé son autorisation. « [Ça] nous a mis très mal à l’aise. Nous ne savons jamais ce que les gens feront de cette photo ou à qui ils la montreront », nous raconte la Montréalaise.
Une situation qui s’est reproduite à l’automne, dans la Capitale-Nationale. Cette fois, la mère de 33 ans s’est interposée entre la personne qui filmait et sa fille.
« [Ma fille] dansait dans un lieu public, et un monsieur a sorti son téléphone et s’est mis à la filmer », dit-elle.
D’autres mères ont confié à Mollo avoir vécu des situations similaires. C’est arrivé à Marion lors d’une visite au Musée des beaux-arts de Montréal. « Ma fille était habillée en princesse, ce qui rendait la visite très cute, mais ça ne justifie en aucun cas de la prendre en photo », nous écrit-elle.
Célia a aussi vécu cela à plusieurs reprises. « Dernièrement, une grand-mère a sorti son téléphone en disant : “Je vais la filmer, elle est trop cute avec son chariot d’épicerie!” ». La femme a fini par s’excuser après s’être fait rabrouer par la maman.
Sur Reddit, des mères racisées ou autochtones racontent que des étrangers prennent régulièrement des photos de leurs enfants à leur insu. Elles dénoncent une certaine forme de fétichisme, au même titre que les inconnus qui tiennent à toucher aux cheveux de leurs enfants.
« Souvent j’ai dû dire aux gens : “Ceci n’est pas un zoo, ma fille n’est pas un animal” », dit l’une d’elle.
À l’inverse, des parents caucasiens vivant en Asie ou en Afrique rapportent des situations similaires. (N.B. : Je suis moi-même devenue la coqueluche de groupes de touristes asiatiques lors d’un voyage en Chine quand j’étais enfant, dans une ère pré-réseaux sociaux. J’ai posé pour d’innombrables clichés de groupe avec des étrangers, avec l’approbation de mes parents. Une autre époque, hein…).
Malveillance ou maladresse?
Que dit la loi? Au Québec, il est permis de prendre une photo de n’importe qui dans un lieu public sans son consentement. Par contre, il est interdit de publier sans son accord dans un journal, une publicité ou sur les réseaux sociaux, une photo sur laquelle reconnaît la personne. Et pour les mineurs, il faut obligatoirement l’autorisation du parent.
Cette tendance suscite les mêmes questions sur le respect de la vie privée que celles qui entourent le sharenting, soit cette pratique qui consiste à partager des photos de ses propres enfants sur les réseaux sociaux. Fraude, utilisation malveillante de photos… Tous des risques associés à la diffusion de photos en ligne.
Évidemment, tous les photographes amateurs ne sont pas nécessairement creepy, malveillants et n’ont peut-être pas l’intention de diffuser leurs clichés. On peut mettre ça sur le compte d’une certaine maladresse ou d’une méconnaissance des normes sociales.
Une mère s’est récemment indignée quand un père fréquentant la même garderie qu’elle a publié des photos de son enfant et de ses camarades sur la page Google Maps du CPE.
« On voyait très bien le visage de ma fille dans plusieurs photos. J’ai demandé à la direction du CPE d’intervenir et les photos ont été retirées », nous raconte Gabrielle.
Marie-Michelle Chartier aimerait que ces étrangers qui prennent sa fille en photo fassent preuve d’un peu plus de pudeur. La même dont elle-même fait preuve quand vient le temps de partager des photos de sa fille sur les réseaux sociaux. Chose qu’elle ne fait d’ailleurs qu’occasionnellement, et le visage toujours partiellement caché. Le consentement de son conjoit est également non négociable.
« Je sais bien que ça peut ne pas partir d’une mauvaise intention, mais je préfère ne pas prendre de risque », dit-elle.