Promeneur de chiens : une profession qui a du mordant

Éric en rêvait depuis longtemps et il est finalement passé à l’acte il y a une dizaine d’années. Dorénavant, il passe ses journées entières dehors… avec des chiens! On lui a demandé à quoi ressemble son quotidien qui fait rêver.

Depuis toujours, Éric est passionné par les explorateurs. Alors quand il promène six chiens en même temps en pleine tempête de neige, il se dit que c’est un peu son aventure à lui. « Je dévore les romans d’aventure depuis tout petit. J’ai toujours été fasciné par les grandes explorations avec des intempéries. Souvent, pendant mes promenades, je me vois comme dans ces livres », raconte-t-il.

Chaque jour, ce Montérégien sort en moyenne cinq fois pour promener les pitous de ses client.e.s. Il a lancé La P’tite Marche, son entreprise de promenades de chiens, il y a près de dix ans, après s’être pas mal cherché.

« J’ai un bac en histoire et j’ai longtemps travaillé comme archiviste et en gestion de documents, mentionne-t-il. Pour être honnête, je détestais ma vie. Puis j’ai eu une grave maladie qui m’a fait penser que j’allais peut-être mourir. À ce moment-là, j’ai tout remis en question. J’ai quitté mon travail et je me suis tourné vers la musique. Je suis musicien et je suis devenu vendeur dans un magasin de disques. Quand ça a fermé, je me suis posé la question : est-ce que j’aime vraiment ce que je fais? La réponse fut : pas tant que ça. Et comme j’adore les chiens, c’est un peu apparu comme une évidence pour moi. »

Ce dont Éric raffole le plus dans son métier, c’est sa liberté : « Je peux aller où je veux, et je fais mes propres horaires. Je peux décider un jour de faire un piquenique pour le dîner et d’aller en forêt avec tous les chiens que je promène. Le lendemain, je vais aller explorer des nouveaux quartiers près de chez moi à Granby et puis le jour d’après, je vais faire une randonnée. »

Comme les chiens qu’il promène, cet entrepreneur a constamment besoin de voir de nouveaux paysages. « Le pitou fonctionne beaucoup par son museau, explique-t-il. Pour être stimulé, il faut qu’il renifle souvent des odeurs différentes. C’est pour ça que c’est très important de ne pas faire la même balade tout le temps, mais d’aller dans de nouveaux endroits. Et pour moi, c’est pareil, j’aime découvrir. »

Quand il se lance en 2011, Éric n’a encore aucune formation en éducation canine. « Comme j’aimais les chiens depuis toujours, j’étais bien renseigné, précise-t-il. J’avais un bagage, je savais ce qu’il fallait faire, mais sans diplôme officiel. » C’est une rencontre fortuite qui lui donnera, quelques années plus tard, l’envie de suivre une classe. Aujourd’hui, il donne régulièrement des cours d’éducation le soir et les fins de semaine.

À chaque nouveau client ou nouvelle cliente, Éric soumet un questionnaire pour connaître au mieux le pitou auquel il aura affaire. « Ensuite, la première rencontre se fait tout en douceur, dit-il. Si le chien est à l’aise rapidement, on peut directement aller se promener. Sinon, il faut que je lui donne d’abord un peu à manger, que je m’assoie un peu plus loin et que je lui montre que je ne suis pas une menace. Une autre technique que j’utilise, si le chien est à l’aise avec les autres, c’est que je viens avec ma chienne d’un an et demi. Elle a le don d’apaiser les nouveaux un peu peureux. Et puis les chiens sont de prime abord plus méfiants avec les éducateurs ou promeneurs masculins. »

Maître de ses horaires, Éric a des journées bien remplies depuis que sa réputation est faite dans la région. « Une journée type pour moi, ça commence avec une promenade avec un chien un peu plus difficile que je dois promener tout seul, raconte-t-il. Ensuite j’en promène plusieurs par groupe de trois ou quatre, parfois même six! Je les divise en deux balades sur la journée. Enfin, je consacre souvent une petite promenade aux pitous un peu plus vieux, ou qui ont du mal à marcher parce qu’ils ont un problème. »

Et si les affaires marchent bien aujourd’hui pour ce promeneur montérégien, ça n’a pas toujours été si facile. « Je viens de recommencer à travailler, dit-il. La pandémie a beaucoup ralenti mon activité, et ensuite j’ai eu un accident. Un chien peureux m’a mordu le doigt et j’ai dû arrêter ma profession pour un moment. Mais aujourd’hui, j’ai bel et bien repris toutes mes promenades. »

Pour Éric, la plus grosse saison débute d’ailleurs en ce moment. « Tout le monde pense que l’été est la saison durant laquelle je suis le plus sollicité, mais pas du tout. Souvent, les canicules me mettent au congé forcé. Les maîtres veulent aller faire un tour, les chiens sont plus sensibles aux vagues de chaleur, donc ont moins d’énergie. » Mais dès que les intempéries se pointent le bout du nez, la clientèle afflue. « Qu’il pleuve, vente ou neige, les chiens ont besoin de sortir et de se dépenser. Mais les clients, eux, sont un peu plus réticents à faire des grosses sorties alors qu’il y a tempête de neige. Moi, j’adore! Je sors mes raquettes et je pars avec tous mes compagnons. », s’enthousiasme-t-il.

Pour vivre de sa passion, Éric n’a reculé devant rien. « Le gros conseil que je peux donner à quelqu’un qui veut lancer son entreprise, c’est de tout accepter au début et de ne manquer aucune opportunité de gagner un peu d’argent pour l’injecter dans son projet. Dans mes premières années, je faisais même du gardiennage pour chiens chez moi. Ce n’était pas toujours facile, mais c’est ce qui m’a permis de gagner la confiance des gens de mon quartier, puis de ma ville. »

Aujourd’hui, La P’tite marche est une référence pour les habitant.e.s de Granby et Éric semble être l’homme de la situation quand il s’agit de pitous. On espère le croiser sur les sentiers de randos cet hiver, avec tous ses amis à quatre pattes!