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Profiter (pour vrai) de la ville quand on étudie à Québec

Trucs et astuces d'une passionnée, pour le pire et le meilleur.

Par
Emmy Lapointe
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À l’aube de mes 17 ans, durant ma première rentrée au cégep, j’ai eu pour la première fois de ma vie, le besoin de me pousser. J’ai tout lâché pendant un an. J’ai pris un appartement à Montréal avec deux inconnues. J’ai habité dans Hochelaga, je suis sortie dans le Mile End, j’ai frenché dans Rosemont, j’ai eu peur de crever devant le métro à Joliette, Papineau et Fabre. L’île aux cent clochers n’était donc pas pour moi, je suis revenue à Québec avec l’intention d’y rester.

Trois sessions au Cégep Limoilou plus tard, l’envie de me pousser est revenue juste comme ça. Sauf que là, j’avais besoin d’une raison, parce qu’on ne peut pas toujours se pousser sans rien dire. L’Université du Québec à Rimouski et le baccalauréat en lettres ont été mon échappatoire.

Je ne pensais pas ça possible, mais on finit par faire le tour de sa solitude et du Saint-Laurent. Je suis donc revenue (encore) en mai 2018 terminer mon bac et retrouver le fleuve de Québec, moins large et qui n’avale rien sur son passage.

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Maintenant, pour être franche, je ne pense pas être un jour capable de me pousser à nouveau d’ici, j’aime ma ville vraiment fort. Je l’aime pour tout ce qu’elle est et pour tout ce qu’elle pourrait être.

J’ai malheureusement souvent l’impression que Québec échappe aux gens… qu’on lui a collé une image au temps des VHS et qu’elle n’a pas changé depuis.

Alors, j’ai envie de parler de ma ville à ceux et celles qui y arrivent et qui ne la connaissent pas encore. Comme j’aurais eu envie qu’on me dise que Saint-Denis, c’est la déprime depuis des années et que la Coop Paradis à Rimouski était le lieu où on diffusait les productions culturelles les plus intéressantes.

Déjà, Sainte-Foy, ce n’est pas Québec et Québec, ce n’est pas Sainte-Foy. Sainte-Foy, c’est dans Québec.

Déjà, Sainte-Foy, ce n’est pas Québec et Québec, ce n’est pas Sainte-Foy. Sainte-Foy, c’est dans Québec. Mais je peux comprendre la confusion parce que l’uni est à Sainte-Foy. Tu te dis que tu veux rester proche du campus, que c’est proche de « tout », mais si ton « tout » en question, c’est la Pyramide, il y a quelque chose de brisé en toi.

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Et pour être franche, c’est probablement le coin le plus déprimant. Les immeubles à 60 logements (loin d’être abordables) avec vue sur le chemin Sainte-Foy, les néons, les jardins de béton, un centre commercial à ciel ouvert.

Si tu penses que sortir en ville, c’est sortir sur Myrand, je t’en prie, slide dans mes dm, je te fais un carnet d’adresses personnalisé.

Laisse Sainte-Foy aux grandes personnes et aux têtes de gratte-ciel.

Si tu veux te prendre un appartement pour être proche de tout, choisis Saint-Sacrement, Montcalm, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sauveur, Saint-Roch, Limoilou. Laisse Sainte-Foy aux grandes personnes et aux têtes de gratte-ciel.

Ton appartement doit être à maximum 15-20 minutes à pied d’un 800 ou d’un 801(les lignes de bus principales qui desservent une bonne partie de la ville). Si t’as une voiture, un stationnement, c’est un must, parce que les opérations déneigement, ça peut devenir irritant. Entre vous et moi, le vrai truc, c’est de ne pas avoir de voiture ou de ne pas trop l’utiliser. On a un LPU (passe de bus incluse dans tes frais de scolarité), que tu sois ou non d’accord avec, tu le payes, aussi bien l’utiliser. Et sinon, Québec est une ville qui mérite d’être explorée à la marche.

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Ne sors pas au Shaker. 28$ pour un tartare au saumon et à la mayonnaise, c’est cher. Je ne dirai rien sur le Bureau de poste, mais je n’en pense pas moins.

Si tu veux sortir, va dans Saint-Roch, dans Saint-Jean-Baptiste. Évite le Cineplex: le Clap et Cartier sont plus abordables, même pour la nourriture.

Je dis le bus, mais ici, tu as le droit de dire la bus.

On ne fait pas la file pour prendre le bus, mais c’est courtois pareil. Je dis le bus, mais ici, tu as le droit de dire la bus.

Tu ne te feras jamais répondre en anglais.

On est trop blanc. On vote quand même pas mal pour la CAQ. On a des autoroutes de travaux, des centres commerciaux à vomir, un amphithéâtre immonde en forme de crachoir, des gens qui pensent qu’ajouter un pont, c’est la solution.

Mais on vote aussi pour QS, on a des ruelles vertes, des épiceries en vrac, des gens qui savent que des places pour les chars, il y en a en masse.

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On a un fleuve à droite, une rivière au centre, des montagnes au fond, des escaliers à ne plus savoir monter, de vastes parcs, des rues pleines, un soleil orange, puis un rose qui déchirent le ciel chacun leur tour et pour lesquels je ne me pousserai plus jamais.