Problème d’approvisionnement : les vêtements de plein air aussi en galère

« Le monde connaît des perturbations sans précédent sur toutes les chaînes d’approvisionnement en raison de la pandémie mondiale. Cette situation a des conséquences jusque dans l’industrie des vêtements techniques, et nous concerne aussi. »

C’est avec ces phrases peu rassurantes que l’entreprise web de vêtements et d’équipements de plein air Altitude Sports a entamé son infolettre destinée à ses abonné.e.s la semaine dernière pour les prévenir de futures « perturbations dans les nouveaux arrivages » et d’annulations de livraisons.

Même si les problèmes entourant la chaîne d’approvisionnement s’étendent bien au-delà de l’industrie du plein air, touchant autant les jouets que les PlayStation 5 et les sous-vêtements, on a tenté de comprendre les étapes qui ont mené les co-PDG Maxime Dubois, avec qui on s’est entretenu, et Alexandre Guimont à appuyer sur send pour envoyer ce message inquiétant.

Quatre95: Avant toute chose, comment s’est déroulée la dernière année et demie?

Maxime Dubois : Avec plusieurs commerces fermés et le très grand engouement pour le plein air, on a eu une augmentation prononcée de nouveaux clients fidèles, beaucoup plus que les autres années en comparaison.

D’un côté, on était super content de voir que les gens pensaient encore à nous et de voir nos ventes malgré le contexte, mais d’un autre, on avait beaucoup de pression et on devait dealer avec des paramètres complexes (moins de main-d’œuvre, respecter les mesures sanitaires, faire attention à notre santé mentale, etc.). On n’a jamais autant travaillé de notre vie!

Q95 : Parlant de « paramètres complexes », quel a été votre cheminement pour vous rendre à rédiger une infolettre de la sorte à vos abonné.e.s? En d’autres mots : est-ce que ça va si mal à la shop?

MD : L’an passé à la même date, la chaîne d’approvisionnement était déjà grandement affectée par le contexte de la pandémie. Nos marques partenaires nous avertissaient qu’il allait y avoir des défis de livraison, autant en ce qui a trait aux matériaux qu’aux pièces d’équipement en tant que telles.

Un an plus tard, c’est encore très difficile d’avoir le matériel à temps, pour ne pas dire impossible. Les retards se comptent en semaines voire en mois pour plusieurs pièces. Et comme les vêtements et l’équipement sont créés, assemblés et envoyés de plusieurs endroits différents sur la planète, quand ça bloque à une place, c’est toute la chaîne qui est lourdement affectée.

En plus de ça, on n’échappe pas non plus à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit en ce moment. On a même augmenté le salaire horaire de tout le monde qui travaille à l’entrepôt de deux dollars pour assurer un meilleur taux de rétention et convaincre les gens de venir travailler avec nous. D’ici au Black Friday, qui commence le 21 novembre pour nous, on vise à employer 300 personnes à temps plein pour répondre aux besoins qui sont criants.

En écrivant l’infolettre, on voulait vraiment être transparents avec nos clients et leur faire part des défis que l’on rencontrait au quotidien. On n’est pas du tout en mode panique, la sélection va être au rendez-vous, c’est juste que la profondeur de l’inventaire va être restreinte.

Q95 : Quelles sont les grandes lignes de produits que les gens devraient acheter dès maintenant pour être sûrs d’en avoir?

MD : Plusieurs modèles de chaussures sont durs à avoir puisqu’ils sont produits dans certains pays toujours en confinement à l’heure actuelle. Les livraisons sont donc suspendues ou extrêmement ralenties, ce qui fait qu’ils sont « pris » là-bas pendant un bout de temps.

Ensuite, des compagnies ont arrêté de faire différents modèles de vêtements pour enfants parce qu’ils sont plus coûteux à faire que des vêtements pour adultes. Ça crée donc un effet de rareté sur les « étalages ».

Sinon, en ce moment, les manteaux d’hiver et les pantalons sont les deux grandes catégories où on accuse le plus de retard. Les polars commencent aussi à se tailler une place dans le top des pièces compliquées à se procurer, puisque Polartec, une des plus grandes compagnies de laine polaire, a énormément de difficulté à avoir accès au matériau brut.

Q95 : Qu’est-ce que les gens peuvent faire mis à part acheter plus tôt que tard ce dont ils ont besoin?

MD : On a une « wishlist » sur notre site, où les clients peuvent avoir des alertes lorsque les produits convoités arrivent en stock. Outre ça, je conseille aux gens de s’abonner à notre infolettre pour suivre les développements et d’être vites sur la gâchette avec leurs achats!