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Pourquoi l’essence est si chère?

Va peut-être falloir que vous alliez camper en vélo cette année!

Par
Pier-Luc Ouellet
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Mon plus gros flex sur ma famille en région, c’est que j’ai jamais aucune idée du prix de l’essence, parce que je suis rendu un p’tit maudit montréalocentriste qui se promène en BIXI (ou en autobus quand faut que je monte une côte).

Ceci étant dit, la vie est bien différente dans mon Bas-du-Fleuve natal, où le transport en commun est anémique (pendant de nombreuses années, le seul transport en commun dans ma ville était un taxi dans lequel on embarquait à plusieurs). Les gens y sont plus dépendants à la voiture, et la montée vertigineuse du prix de l’essence a un réel impact sur les portefeuilles.

Mais comment ça, le gaz est rendu cher de même? Est-ce que ce sont les pétrolières qui ont décidé de faire leur part pour l’environnement (lol)?

On décortique ça pour vous.

Une demande élevée

La première raison qui explique le prix de l’essence, c’est la demande élevée. Après une période d’accalmie en raison de la pandémie, la demande pour l’essence est repartie de plus belle.

Non seulement l’augmentation de la demande a été soudaine, mais elle est intense.

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Non seulement l’augmentation de la demande a été soudaine, mais elle est intense; après deux ans de confinement, les gens veulent voyager plus que jamais. Il suffit de regarder les files d’attente de plusieurs JOURS pour renouveler son passeport pour le constater. Ça a donc créé une énorme demande pour le combustible qui alimente voitures comme avions.

Ouin, c’est pas demain la veille qu’on va réduire nos émissions de GES issues du transport.

Une baisse de l’offre

En même temps que la demande a explosé, l’offre a été réduite. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais à la fin de l’hiver, la Russie a envahi l’Ukraine. Oui, je sais, c’est passé inaperçu.

En réponse à cette attaque, de très nombreux pays ont coupé leurs liens commerciaux avec la Russie. Le hic, c’est que la Russie est le troisième plus gros producteur de pétrole au monde. Bon, relativisons : les pays européens continuent de s’approvisionner en Russie. Mais l’Union européenne a approuvé le 30 mai dernier un accord qui devrait permettre de réduire de 90 % ses importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année.

Oui, certains autres pays producteurs de pétrole pourraient augmenter leur production pour compenser la perte du pétrole russe. Mais les pays producteurs de pétrole ne sont pas plus fous que les autres; ils savent bien qu’une offre inférieure à la demande leur permet d’augmenter considérablement le prix du baril, ce qui leur garantit plus de revenus pour les mêmes coûts de production.

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Une plus grande marge sur les raffineurs

Vous l’aurez deviné, mais ce n’est pas Paul, le propriétaire du dep au coin de la rue, qui négocie avec la Russie pour importer du pétrole pis qui raffine ça dans son garage. Les grandes raffineries comme Shell ou Esso importent la matière première, la raffinent, puis la revendent à la station-service.

Ce n’est donc pas la station-service qui s’en met plein les poches, mais plutôt la raffinerie. Les entreprises ont largement augmenté leur marge dans la dernière année, s’assurant des profits records.

En juin 2008, on payait le litre d’essence 151,1 sous (on se fie aux chiffres de Radio-Canada). La marge de raffinage était de 9,4 sous, soit environ 6 %.

En mai 2022, le litre d’essence coûtait 216,9 sous. La marge de raffinage était de 48,4 sous, soit un peu plus de 22 %.

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La marge du détaillant (la station-service qui vous vend l’essence) est passée de 7 % à 4,5 %. En fait, même à 65 sous de plus le litre, le propriétaire de la station-service fait MOINS d’argent qu’en 2008.

Fait que si vous cherchez un coupable, regardez du côté des raffineries. Ce sont de très bonnes années financières pour elles.

Et en attendant, peut-être qu’il vaut mieux se mettre au vélo.