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Pourquoi les souliers de sport coûtent si cher?
Selon vous, qu’est-ce qui vaudra 440 milliards de dollars en 2026? La fortune de Bezos? La dette de la province? Un plein d’essence!? Non : le marché mondial de la chaussure.
En 2022, acheter une paire de souliers aussi ordinaire que des Converse peut donner un méchant coup de pied à votre budget. Cent piasses plus taxes pour du canevas et du rubber!? Malheureusement, même vos pieds n’échappent pas au coût de la vie.
Alors, pourquoi paie-t-on si cher pour une paire de souliers de base? Est-ce que c’est vrai que les marges de profit sont énormes et que les employé.e.s sont sous-payé.e.s? Décortiquons le prix des souliers de tous les jours.
Trouver le soulier ordinaire
Bien entendu, une centaine de dollars n’est rien comparativement aux milliers que les Jordan et autres Yeezy de ce monde peuvent atteindre.
Alors, c’est quoi un soulier « ordinaire »?
Malgré un prix «raisonnable», se procurer des Air Force 1 peut être aussi difficile que d’acheter une paire édition limitée.
Si vous n’avez pas encore une paire de Air Force 1 de Nike, vous connaissez certainement quelqu’un qui en a une. C’est aussi un modèle qui est un parfait exemple du soulier de la vie de tous les jours. Vous pouvez les porter autant à un bal de finissant.e.s qu’à des funérailles.
Pour la deuxième année consécutive, les Air Force 1 remportent la médaille pour le soulier athlétique le plus vendu en 2021. Au coût de 100 $ US, les AF1, qui fêtent leurs 40 ans cette année, n’offrent pas plus de technologie qu’en 1982. D’ailleurs, à l’époque, la paire coûtait déjà 90 $ US, ce qui équivaut à 264 $ aujourd’hui, avec l’inflation!
Ainsi, le soulier a perdu de sa valeur au fil des ans, mais pas de sa popularité. Malgré un prix « raisonnable », se procurer des Air Force 1 peut être aussi difficile que d’acheter une paire édition limitée. En effet, plusieurs revendeur.euse.s ont créé une bulle artificielle en achetant le plus de stock possible du modèle pour le revendre à plus gros prix en ligne. Donc, il n’est jamais garanti qu’une paire de votre taille sera disponible sur le site officiel de Nike.
En plus des revendeur.euse.s, la COVID est devenue une autre épine dans le pied de ceux et celles qui veulent une paire. À cause de la pandémie, Nike a fait face à des enjeux de stocks reliés aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Il faut se rappeler que vos souliers doivent parcourir des milliers de kilomètres et passer plusieurs « péages » de différents fournisseurs avant de se retrouver dans vos pieds.
Les faces cachées du prix
On entend souvent des commentaires du genre : Nike fabrique des souliers pour 5 $, exploite sa main-d’œuvre et, du même coup, les consommateurs et consommatrices. La réalité est plus complexe que ça.
Une paire à 100 $ coûte environ 28,50 $ à fabriquer en usine en Asie.
Comme n’importe quel bien de consommation, une paire de souliers voit le jour en usine. Selon Steve Bence, directeur de programme, approvisionnement mondial et fabrication chez Nike, une paire à 100 $ coûte environ 28,50 $ à fabriquer en usine en Asie.
Dans l’industrie, ce montant représente le coût au débarquement, soit le total qu’il en coûte à un fournisseur pour créer un produit, le transporter et faire en sorte que le ou la client.e le reçoive. Ainsi, il y a 25 $ pour la main-d’œuvre et les coûts d’usine, et le reste des frais provient de l’expédition, des assurances (au cas où un bateau perdrait la cargaison dans l’océan!) et du passage aux douanes.
Une fois les souliers arrivés à destination, d’autres coûts s’ajoutent. Une entreprise comme Nike dépense 15 $ en frais généraux divers (marketing, salaires, etc.) et 2 $ en taxes. L’entreprise réalise un bénéfice de 4,50 $ sur chaque paire de chaussures, qui sont ensuite vendues à des grossistes, comme Sports Experts, pour 50 $. Finalement, les détaillants majorent les chaussures de 100 % à 100 $ pour récupérer les différents coûts et réaliser un bénéfice.
L’exploitation, toujours en vigueur
Malheureusement, les rumeurs sont vraies, et les employé.e.s responsables pour vos beaux souliers ne sont pas rémunéré.e.s adéquatement. Aujourd’hui, Nike paie ses travailleurs et travailleuses en usine entre 65 et 90 cents US de l’heure (!!!) et les employé.e.s travaillent, en moyenne, entre 70 à 80 heures par semaine.
L’entreprise semble consciente du problème, mais n’a que des phrases creuses à partager, du genre : « Nike reconnaît qu’il n’y a pas de ligne d’arrivée lorsqu’il s’agit du respect des droits de l’homme. Nous continuerons à créer des terrains de jeu égaux pour tous. »
Bref, peut-être que les employé.e.s pourraient franchir cette ligne d’arrivée s’ils avaient les moyens de se payer la paire de souliers qu’ils fabriquent? Reste à voir si l’exploitation va continuer dans le Metaverse…