J’ai réussi à mettre la main sur une PlayStation 5 le jour même de sa sortie, il y a déjà plus d’un an et demi. Rares sont ceux et celles qui ont eu cette chance.
Mais ça, en soi, ce n’est pas hors du commun. Des consoles difficiles à trouver le jour de leur sortie, ça arrive tout le temps. Ça fait partie du thrill de mettre son alarme pour le début des précommandes, ou de faire la file dehors pour espérer obtenir l’objet tant convoité. Je me souviens encore de m’être levé à 4 h du matin pour aller acheter une Wii en 2006, pour finalement faire deux parties de Wii Tennis, puis m’endormir sur le divan parce que je m’étais levé à 4 h du matin.
Ce qui est plus rare, toutefois, c’est que la console soit toujours presque introuvable 18 mois plus tard. Même la Xbox Series X, moins populaire que la PlayStation 5, reste difficile à trouver. Comment ça se fait, donc? C’est-tu encore la faute à Joe Biden?
Et surtout, comment ça, c’est si cher?
On regarde tout ça avec vous.
Raison no 1 : la pénurie de puces électroniques
Si on me donnait 1 $ chaque fois que j’entends que quelque chose est la faute de la chaîne d’approvisionnement, je serais quand même moins riche qu’Elon Musk, mais j’aurais pas à stresser avec l’inflation.
Malheureusement, même si c’est cliché, c’est vrai.
La période pandémique a coïncidé avec le début d’une pénurie de semi-conducteurs utilisés dans les puces électroniques.
Les consoles de jeux vidéo, à la base, sont des ordinateurs spécialisés pour une seule tâche : jouer à des jeux. Et qui dit « ordinateur » dit « puces électroniques ».
Or, la période pandémique a coïncidé avec le début d’une pénurie de semi-conducteurs utilisés dans les puces électroniques, pour trois raisons.
La première, c’est que de plus en plus de produits utilisent des circuits électroniques, à commencer par les voitures électriques. Une Tesla, c’est pratiquement un ordinateur avec des pneus. Et ça, c’est sans compter tous les produits qui deviennent « intelligents » : frigos, fours… on est même rendu avec des tasses intelligentes!
En même temps que tout est devenu électronique, une pandémie a forcé tout le monde à rester à la maison, ce qui fait que tout le monde s’est acheté des cossins électroniques en même temps. Vous connaissez sans doute quelqu’un qui a profité de la pandémie pour se remettre aux jeux vidéo, pour enfin bâtir son cinéma maison ou pour transformer sa maison en maison intelligente. Sans compter que tout le monde s’est parti un maudit podcast.
En plus, le télétravail a obligé tout le monde à s’équiper d’un ordinateur à la maison, idéalement avec deux écrans, une webcam et un micro. Ah, pis des bons écouteurs, tant qu’à faire. Toutes des affaires avec des circuits électroniques.
Ce qui nous amène à la troisième explication : personne ne fabrique de semi-conducteurs, éléments de base de la fabrication des puces. Il n’y a que trois grands joueurs qui fabriquent les puces les plus avancées : TSMC, Samsung et Intel. Et ils ne fournissent pas à la demande. Oui, ils sont en voie d’augmenter leur production avec l’ouverture de nouvelles usines, mais c’est un processus long et coûteux, si bien que ces nouvelles usines ne seront complètement opérationnelles qu’à partir de 2024.
Alors oui, ça va s’améliorer, mais pas tout de suite.
Raison no 2: La demande est plus élevée que jamais
L’autre raison qui explique que les consoles de jeux vidéo sont si rares, c’est que vous êtes tou.te.s une gang de nerds. Je blague, je suis sûrement le pire nerd d’entre tous. Mais la vérité, c’est que les gens jouent plus que jamais.
Ce n’est pas que les manufacturiers produisent peu de consoles. C’est que le public en achète énormément.
Tout le monde ne parle que de la PlayStation 5, mais parlons des nouvelles Xbox pendant un instant. Les nouvelles consoles de Microsoft ne sont peut-être pas aussi populaires que celles de Sony, mais elles se vendent quand même très, très bien; tellement que Phil Spencer (le patron de Xbox) a déclaré au début de l’année que cette génération de Xbox est celle qui se vend le mieux depuis le début de la marque en 2002.
La Switch, quant à elle, continue de se vendre comme des petits pains chauds avec des joysticks qui brisent facilement, même si elle est sortie en 2017. Au printemps, la console hybride de Nintendo a franchi le cap des 107 millions d’exemplaires vendus, ce qui la place au cinquième rang des consoles les plus vendues de tous les temps. Et si Nintendo décide de faire vivre sa console encore quelques années (et peut-être de créer une nouvelle version plus puissante), elle pourrait se retrouver au sommet de cette liste (où trône en ce moment la PS2 avec 155 millions de consoles).
Quant à la PlayStation 5, on a appris au début du mois de juin que la console avait franchi le cap des 20 millions d’exemplaires vendus. Pour donner une idée de l’explosion de la demande, Sony a indiqué qu’après 18 mois, il fallait 9 jours pour vendre 80 000 consoles PS4. Le même nombre de PlayStation 5 se vend en 82 minutes.
On passe donc de 6 consoles par minute pour la PS4 à 1000 consoles par minute pour la PS5.
Vous voyez où est le problème? Ce n’est pas que les manufacturiers produisent peu de consoles. C’est que le public en achète énormément.
ET pourquoi c’est si cher?
Mais c’est quand même étonnant que les consoles se vendent autant, alors qu’elles coûtent pas loin d’un mois de loyer, non? Avec les taxes, une Xbox ou une PS5 revient à environ 700 $, ce qui n’est quand même pas négligeable dans l’économie actuelle.
Premièrement, il faut relativiser. Oui, c’est cher, mais pas vraiment plus cher qu’avant, au contraire.
En février 2021, Bloomberg estimait que fabriquer une PS5 coûte 450 $ US.
La PlayStation 1, à sa sortie en 1994, coûtait 299 $ US. Avec l’inflation (un concept dont on entend beaucoup parler ces jours-ci…), on parlerait aujourd’hui de 585 $, soit près de 100 $ de plus que le prix de la PS5 (499 $ US).
Deuxièmement, ce prix élevé s’explique. La PlayStation 5 et la Xbox Series X sont des consoles coûteuses à produire.
En février 2021, Bloomberg estimait que fabriquer une PS5 coûte 450 $ US. Et là, on ne parle que des composantes, pas du coût de la main-d’oeuvre, de l’expédition ou du marketing. Qu’est-ce qui coûte si cher?
En gros, tout. Un processeur équivalent à celui de la PS5 coûterait une centaine de dollars à un consommateur ou une consommatrice. La mémoire vive (RAM), 400 $, et un disque SSD NVMe comme celui de la PlayStation, une autre centaine de dollars. N’oublions pas la carte graphique, qui coûterait pratiquement le prix de la console pour une puissance équivalente.
Bien sûr, Sony a des prix de gros; c’est ce qui arrive quand tu fabriques des dizaines de millions de consoles. Mais il reste que l’entreprise fait à peine de profits avec la PlayStation 5 avec un disque, et vend la PS5 numérique à perte.
Même situation du côté de Microsoft, qui a toujours vendu les Xbox à perte.
Ne pleurez pas trop pour ces multinationales; elles se rattrapent amplement avec la vente de jeux.
Mais il n’en demeure pas moins que les nouvelles consoles sont des ordinateurs de gaming puissants, et que cette puissance se paie.