Lors d’une récente séance de ménage de paperasse, je suis tombé sur de vieux billets de spectacles. Alors que j’étais empreint d’une méchante dose de nostalgie, je me suis remémoré certains shows et les moments uniques que j’ai pu vivre. Il reste que parmi tous ces souvenirs qui m’ont marqué, une chose m’a encore plus frappé : le prix des billets de l’époque.

Parmi ceux que j’ai conservés, j’ai retrouvé une passe d’une journée pour la première édition d’Osheaga en 2006. Le prix était dérisoire, considérant la valeur des billets aujourd’hui. Cette passe m’avait coûté 40$. Treize ans plus tard, en 2019, vous deviez débourser 125$ pour le même type de passe, soit trois fois le prix d’un billet en 2006!

Bon, c’est vrai qu’aujourd’hui le festival est mieux organisé et nous offre la chance de voir les plus grosses têtes d’affiche de l’industrie. J’ai malgré tout constaté une hausse importante des prix des billets au cours des dernières années, et je ne suis pas le seul. Selon le Wall Street Journal, le prix moyen d’un billet de concert aurait augmenté de 55% depuis 2010. C’est à se demander quelles sont les raisons derrière une hausse aussi importante en « si peu » de temps.

Voici certaines raisons qui se cachent derrière des prix qui donnent de moins en moins envie de danser!

Depuis 2011, Ticketmaster, l’un des plus gros joueurs de l’industrie, offre la tarification dynamique. À la base, l’entreprise voulait permettre aux fans de payer un billet à un prix raisonnable non déterminé par l’avarice d’un revendeur. Selon Nathan Hubbard, directeur général de Ticketmaster, « un plus grand nombre de fans auront plus de possibilités d’assister à des spectacles, car les billets seront plus accessibles et les options de prix plus nombreuses ». En fait, l’entreprise ne voulait pas vraiment faire plaisir aux fans, mais éliminer les revendeurs pour en devenir un elle-même. Par exemple, lors de la mise en vente de billets pour voir Bruno Mars en 2018, ce ne sont pas tous les billets qui étaient disponibles. Les prix initiaux variaient entre 56 et 2500 $. Une heure et demie après la mise en vente, Ticketmaster a commencé à offrir des centaines de billets supplémentaires dont le prix variait entre 99 et 159$. Bref, juste un concept d’offre et de demande artificiel orchestré par le site.

En plus de la tarification dynamique, il y a aussi les frais supplémentaires, un classique de l’industrie pour faire encore plus d’argent. Il y a les frais de service pour traiter la commande + les frais de la salle + frais pour livrer le billet. Évidemment, au moment de choisir des billets, ces frais ne sont pas toujours affichés. On te voit, Olivier Primeau!

Ceux-ci vont apparaître graduellement pendant le processus de commande. Ainsi, vous pouvez vous retrouver avec des billets qui coûteront entre 20 et 65% plus cher que le prix affiché, dépendamment de l’événement. Puisque la pratique est douteuse, Ticketmaster a été condamné en 2019 à payer une amende de quatre millions de dollars au Bureau de la concurrence canadienne.

Si vous voulez voir Kanye flotter dans les airs, il y a un prix à payer! En effet, les coûts de production ont un impact important sur le prix d’un billet. Environ 20% du prix couvre les frais de production. Par exemple, lors de la tournée U2 360° en 2009, la production comptait environ 300 employés pour chaque spectacle, dont 130 qui se déplaçaient avec le groupe de concert en concert. Les frais généraux de la tournée s’élevaient à environ 750 000 $ par jour!

Ce n’est plus un secret, le streaming n’est pas payant. Pour un million d’écoutes, Pierre Lapointe n’a reçu que 525$! Même un groupe comme U2 n’a fait qu’environ 625 000$ en 2017 avec Spotify. La majorité de leurs revenus provient de la tournée 30e anniversaire de Joshua Tree, qui a amassé 52 millions de dollars. Ainsi, une tournée devient une source de revenus considérable pour un artiste. En moyenne, un artiste va donc toucher environ 75% du prix du billet. Évidemment, l’augmentation du prix des billets est aussi en partie imputable aux baby-boomers qui ont les moyens de payer cher pour voir Bono faire des simagrées!

Maintenant, si vous voulez éviter le sentiment de vous être fait avoir comme certains fans des Killers, un des meilleurs rapports qualité-prix reste l’option des festivals ou encore les spectacles d’artistes émergents. Qui sait, vous allez peut-être pouvoir brag que vous avez déjà payé 20$ pour voir les prochains Arctic Monkeys à la Sala Rossa…