J’avais promis à une amie qui déménageait au Nouveau-Brunswick d’aller lui rendre visite et j’ai décidé de le faire à vélo (certain.e.s diront que c’est en partie parce que je n’ai pas de permis de conduire). Mes deux meilleurs amis, Félix et Laurent, n’ont pas hésité à faire le projet avec moi quand je leur ai proposé. Une promesse d’amitié est donc devenue un voyage d’un mois de Québec jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine.
Ces 1500 km nous ont fait du bien parce qu’on a essayé de ne pas tomber dans la performance, et voici comment ça s’est fait pour nous.
Voyager à notre échelle
On voulait attaquer un voyage à notre échelle qui nous ferait tripper, soit environ 80 km par jour. Quand on a tracé notre itinéraire, on s’est prévu des journées qui nous semblaient faisables, réalistes, mais surtout, dont on pouvait profiter en ayant le temps de cuisiner des repas, de faire des activités autres que le vélo et de profiter de bonnes nuits de sommeil. On planifiait nos vacances aussi, pas un entraînement.
Quand on voyait que le dénivelé avait l’air intense, on calculait un peu moins de distance, et quand c’était plat, on en mettait un peu plus. C’est certain que des fois, il n’y avait pas vraiment d’endroit agréable pour acheter de la nourriture ou pour dormir, alors on écourtait ou on allongeait nos journées. De toute manière, comme on trainait tout notre stock de camping, on aurait facilement pu s’arranger pour se trouver un spot pas trop dérangeant dans un champ quelconque si on avait préféré faire exactement ce qu’on avait prévu.
D’ailleurs, si jamais le sommeil est quelque chose qui vous préoccupe, le site de cyclotourisme WarmShower rassemble des gens d’un peu partout qui acceptent d’héberger des voyageurs et voyageuses à vélo sur leur terrain. Je l’ai utilisé dans un autre voyage plus petit et ça permet de rencontrer plein de monde, de ne pas payer pour le camping et de prendre une bonne douche chaude.
Cependant, il faut savoir une chose avant de partir à l’aventure comme ça : l’adaptation est la clé du succès. Dans notre cas, dès la première journée, on n’a pas dormi où on pensait dormir, et en quatre jours, on avait déjà sauvé une journée parce qu’il faisait beau et que nos jambes allaient bien.
Dès le départ, on savait qu’on était relativement en forme, mais on savait aussi qu’on n’avait pas tous la même expérience en vélo. Laurent est un maniaque du vélo. On savait qu’il serait notre pilier. La preuve, c’est qu’il nous a coupé le vent (ou drafté en jargon de cyclistes) durant pratiquement les trois semaines où il a roulé avec nous.
Pour ma part, je roule avec un vélo auquel il manque un rayon de roue depuis trois ans. Disons que plus le voyage approchait, plus je demandais des conseils et j’étais stressé à l’idée de ne pas être prêt physiquement. Mais finalement, mon corps s’est adapté au voyage sans problème.
À retenir avant de partir
Je me suis beaucoup fait demander ce que je retenais de tout ça à mon retour de voyage. Voici donc mes conseils en rafale du haut de mes six crevaisons.
– N’accordez pas trop d’importance aux statistiques : les applications comme Strava sont utiles pour garder des traces de son voyage et quantifier ses capacités. Par contre, ça peut vite devenir rushant de constamment savoir où on est rendu.e, notre vitesse, ce que les autres ont fait, etc. L’important, c’est d’être fier.ère de réaliser notre projet et d’avoir du fun.
– Vaut mieux être conservateur.ice dans la planification que de se fixer des distances ambitieuses. De cette manière, on a du jeu pour s’adapter et ce n’est pas démoralisant. Le pire qui puisse arriver, c’est d’avoir plus de journées de libres que vous pensiez.
– Ayez toujours deux chambres à air neuves dans vos affaires, parce qu’il n’y a rien de plus désagréable que d’avoir le sentiment d’être pris quelque part.
– Prenez soin de votre corps. Ça peut vouloir dire ajouter une journée de repos au besoin.
– Faites tout pour éviter le mauvais temps (même si ça implique de vous lever super tôt). Vous profiterez bien plusr de votre sieste sous la pluie si vous avez réussi à faire votre journée au soleil.
– Faites ajuster votre vélo à votre corps (BikeFit) par un.e physiothérapeute ou dans une boutique de vélo. C’est l’un des meilleurs moyens d’éviter des blessures ou des inconforts, surtout quand on est novice. Ça se joue au degré et au millimètre près, et ça vaut vraiment la peine.
– Visez le vrai et non le beau sur les réseaux sociaux. Si ces plateformes peuvent être une belle manière de partager ce que vous vivez avec vos proches, soyez toujours conscient.e qu’en voyage, tout le monde pense que vous vivez votre meilleure vie. Conservez des moments pour vous, des anecdotes à raconter et partagez ce qui ne fonctionne pas de temps en temps : ce sont des manières de changer le paysage des réseaux.
– Restez flexible. Mentalement, c’est important de pouvoir s’ajuster et de partir avec des gens que vous connaissez qui pourront s’adapter à presque toutes les situations. Physiquement, étirez-vous tous les jours et faites-vous un petit rituel après chaque ride. Vous éviterez ainsi beaucoup de blessures.
– Surtout, profitez.
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Félix, Laurent et moi présenterons une conférence gratuite au Arc’teryx Montréal au début du mois de novembre pour raconter notre voyage et partager nos expériences. Restez à l’affût pour réserver vos places!