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Pourquoi ça coûte aussi cher, une glacière?

On vous explique pourquoi des glacières efficaces comme YETI coûtent le prix d'un 3 et demi.

Par
Billy Eff
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Le printemps s’installe confortablement, de moins en moins de couches de vêtements sont nécessaires et… il vous reste un million de choses à acheter pour vivre l’été de votre life. Classique annuel, les magasins de plein air se feront dévaliser leur stock de tentes, de vélos et de kits de spikeball.

On est bien placé pour le savoir; le plein air vit depuis quelques années une popularité qui semble sortir de nulle part et ça ne nous déplaît pas. En magasin, vous avez peut-être remarqué une autre mode qui sort de nulle part : les glacières fucking chères. « Ah, mais c’est une Yeti! », m’explique mon ami, alors qu’on passe dans le rayon. Il y en a plein d’autres du genre, avec plein de gadgets intégrés et des prix assez élevés.

Je ne suis pas un expert de outdoors. Je ne campe pas particulièrement souvent, je ne chasse pas le petit gibier et mes talents de pêcheur sont très limités. Dans mon souvenir, une glacière, ça ne coûtait pas beaucoup plus qu’une centaine de dollars. Si, comme moi, vous êtes une personne simple qui veut juste une bonne bière froide sur le bord d’un lac une belle journée chaude d’été, vous vous êtes sûrement aussi demandé : pourquoi ce petit objet coûte aussi cher?

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L’histoire (très récente) des glacières portatives

Vouloir conserver des choses au frais est une priorité de l’humanité depuis presque toujours. Tous les peuples qui vivent dans des endroits où la préservation par le froid est possible en ont une longue tradition. Même que des recherches dans des pyramides montrent tout un système très complexe de conduits à air qui servaient à refroidir un genre de proto-garde-manger.

Si le premier réfrigérateur est inventé en 1802, il faudra attendre plus de 150 ans pour que quelqu’un mette au point un moyen de garder ses bières bien fraîches pendant de longues heures, peu importe où l’on est.

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Fabriqué en métal et isolé à l’aide de styrofoam, le Kampkold voit le jour en 1953 et est considéré comme étant la première glacière. En 1957, le premier cooler en plastique est commercialisé par Coleman, toujours l’un des leaders dans l’industrie. Igloo, son principal concurrent, ne sortira sa version d’un modèle complètement en plastique qu’en 1962.

Et il faut dire que si l’on ne pense pas si souvent que ça aux coolers en tant qu’objet ou qu’industrie, c’est parce que l’histoire aurait pu s’arrêter là. En effet, il ne semble pas y avoir eu d’améliorations considérables dans le monde des glacières pendant près de 40 ans.

Plutôt, les compagnies ont choisi de créer des produits très similaires et de les proposer dans la même fourchette de prix. Ils ont exporté la production de leurs glacières en Asie, ce qui leur a permis de faire baisser leur prix. Tout était paisible au pays des glacières et de la poignée de compagnies qui les fabriquent.

La révolution des glacières comme marqueur social

En 2006, deux frères texans agacés des glacières cheapettes qui ne gardent ni leurs bières ni leurs prises au froid décident de se mettre au travail. Leur but : créer une glacière indestructible qui garderait vraiment le froid.

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Ils ont donc analysé tous les problèmes qu’ils trouvaient avec les glacières du commerce de l’époque et les ont vraiment mises au test pour créer leur propre prototype révolutionnaire. Ils ont ensuite baptisé leur compagnie YETI et, dans le monde du plein air, c’est maintenant la Rolls Royce des glacières. Le modèle de base vous coûtera plus de 250 $ et la plupart de leur offre avoisinera le double de ce prix.

Mais qu’est-ce qui peut justifier une telle étiquette alors qu’on peut se procurer une glacière de taille semblable pour un peu moins de 100 $ au Canadian Tire?

Il y a plusieurs facteurs, mais le plus important est certainement la matière que les frères ont utilisé pour créer YETI. Pendant longtemps, les glacières étaient fabriquées avec une technique qu’on appelle l’«injection-soufflage ». C’est un peu le même principe que souffler du verre : on remplit les parois avec différents isolants qui ralentissent le processus de transfert de chaleur. C’est assez simple, facilement automatisable et peu coûteux, mais ça donne des glacières qui ne restent pas froides très longtemps, et surtout, qui se brisent facilement.

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Pour YETI, les frères Seiders ont plutôt utilisé le « rotomoulage », qui est le même procédé utilisé pour construire des kayaks, par exemple. C’est essentiellement ce que le nom implique, on fait fondre du plastique dans un moule et on le fait tourner dans un four pour qu’il s’y répartisse uniformément. Une fois qu’il a refroidi, il est démoulé et solide. Ça permet des parois et joints étanches, l’une des principales forces de YETI et de ceux qui ont reproduit leur concept.

Toutefois, c’est un processus légèrement plus coûteux, parce que moins automatisable.

Après, une très épaisse couche d’isolant assure que vos prises ou vos breuvages restent au frais le plus longtemps possible.

Revitaliser le marché

Oui, la technologie de fabrication explique en partie le fait que ces glacières coûtent de trois à quatre fois plus cher que des marques historiques comme Coleman, mais si les frères Seiders ont choisi de charger autant, c’est aussi parce qu’ils le pouvaient!

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Personne n’avait vraiment pris l’initiative de développer de nouvelles technologies dans ce marché, donc l’arrivée de YETI a été semblable à celle de l’iPhone. Ils ont tout de suite trouvé leur public cible et la plupart des gens qui en ont un vous diront qu’entre une glacière commune et la leur, c’est le jour et la nuit. La compagnie s’est donc très bien positionnée et est même allée chercher l’ancienne directrice du marketing de Calvin Klein.

Depuis, un peu comme Arc’teryx ou Kanuk, la compagnie a su s’imposer comme un manufacturier de produits solides et fiables.

Quand on voit quelqu’un avec un YETI, on sait que c’est effectivement, comme Business Insider le décrit, un marqueur social. Presque un culte, selon certaines personnes.

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Aujourd’hui, plein de compagnies reproduisent plus ou moins les modèles de YETI, avec de très légères modifications, et les vendent pour pas mal moins cher. Si ce qui vous intéresse vraiment, c’est d’avoir la bière la plus fraîche possible, vous pourrez probablement trouver votre compte sans avoir à débourser 500, voire 1 500 $.

Mais maintenant, une nouvelle gamme de prix existe dans le monde des glacières et dans le futur, on en verra de plus en plus grosses, froides et surtout, chères!