C’est tellement simple et universel, un vélo, qu’on prend rarement le temps de s’y intéresser. Mais si vous faites partie de ces gens qui ont attendu la dernière minute pour vous en procurer un nouveau cette année, vous avez remarqué que leurs prix ont explosé.
Très souvent au-dessus de 1 000 $, ces vélos de qualité sont beaucoup plus onéreux que ceux achetés en grande surface et seraient aussi drastiquement différents. Mais à quel point? Qu’est-ce qui peut vraiment justifier de tels prix pour des morceaux de métal accrochés à deux roues?
Deux types de vélos différents
Si votre budget est serré, faites un tour dans n’importe quelle grande chaîne de magasins; vous pourrez ressortir avec un vélo à moins de 400 $. Mais entre un vélo pré-assemblé comme celui-là et celui que vous achèteriez dans un magasin spécialisé, il y a un monde de différence, m’explique Marc-André Lebeau, propriétaire des boutiques Bicycles Quilicot et ancien cycliste compétitif.
La manière de les construire et les matériaux utilisés, entre autres, sont l’une des différences majeures, selon l’expert. Pour pouvoir offrir des bas prix de manière constante et surtout, avoir un inventaire important pour un même vélo, ces grands magasins doivent tout faire pour garder les plus bas coûts de fabrication possibles, parce qu’il y aura toujours une demande pour des vélos à ce prix-là.
Donc plutôt que des cadres en aluminium, on utilise de l’acier. Et si certaines pièces peuvent être faites en plastique, encore mieux! En bref, contrairement à un vélo de magasin indépendant, ceux-là ne sont pas faits pour la performance ou la durabilité; ils sont là pour s’assurer que l’industrie des vélos à 300 $ survive.
Sur toute la ligne, vous aurez simplement un moins bon produit avec un vélo du Walmart et le faire réparer en cas de problème pourrait souvent coûter plus cher que de simplement en acheter un autre. Pas très pratique ou durable, ça!
Alors un vélo plus cher est forcément mieux?
Dans la plupart des cas, oui, un vélo plus cher sera plus performant et durera plus longtemps. Les pièces utilisées seront de vraies pièces professionnelles que les concepteurs du vélo auront choisies spécifiquement pour la performance. Le cadre sera forgé plutôt que moulé par injection et sera fait avec des matériaux beaucoup plus légers que l’acier utilisé dans les modèles moins chers. Même la peinture utilisée sera de meilleure qualité afin d’éviter la rouille.
De plus, de l’assembler demande beaucoup plus d’efforts et de travailleurs spécialisés qu’il faut payer décemment pour leurs heures de travail. Sans compter le développement de nouveaux modèles et de matériaux pour rendre les bicyclettes encore plus performantes. Comme l’explique Marc-André Lebeau, la technologie au niveau des vélos a énormément avancé depuis les années 90. Dépendamment du produit, les pièces les plus chères seront le cadre, la fourche ou les roues qui, à elles seules, peuvent coûter des milliers de dollars.
C’est un peu comme avec les voitures, explique Lebeau : une Lamborghini coûte plus cher qu’une Ford puisqu’elle est savamment conçue par des ingénieurs avant d’être assemblée à la main. Et quand vous en conduisez une, vous comprenez vite la différence entre les deux!
Et les vélos qui coûtent encore plus cher, eux?
Comme le concède Lebeau, si vous n’êtes pas un professionnel, la vraie différence pour vous se verra dans l’écart entre un vélo à 300 $ et un vélo à 1 000 $. Au-delà de ça, ça devient une question d’utilité et d’utilisation, mais surtout de préférence et de performance. Le poids, surtout, a une très grosse incidence sur le prix de votre bécane. La blague dans l’industrie veut que chaque gramme de moins sur un vélo coûte 1 000 $.
Mais il y a une autre raison pour laquelle ces vélos existent : ils sont pour la plupart fabriqués en petite quantité, avec certains des meilleurs matériaux, ce qui en fait presque des pièces de collection.
Le vélo de compétition, ce n’est pas du yachting, mais ça reste un sport dispendieux dans lequel les passionnés n’ont pas peur de dépenser. C’est une question de marketing.
Alors les vélos chers, c’est une tendance qui est là pour rester?
Encore une fois, c’est comme les voitures! Avec chaque nouvelle avancée technologique et chaque nouveau modèle, d’anciens modèles cessent d’être produits et de plus onéreux les remplacent. On ne veut plus de nos véhicules et l’élan de popularité dont a profité la bicyclette durant la pandémie fait que les constructeurs essaient de mieux s’adapter aux besoins des cyclistes, que ce soit pour se rendre au travail comme pour faire le Tour de France! En somme, tout sera mieux fait, et surtout bâti, pour être entretenu longtemps plutôt que remplacé.
Les vélos que vous trouverez en magasin aujourd’hui sont bien différents de ceux que vos parents pouvaient trouver en leur temps. Que ce soit les matériaux, la technologie ou l’ingénierie derrière : tout a changé pour devenir encore plus rapide, léger et performant. Mais qui dit « expertise et fine pointe de la technologie » dit souvent « gros bidous ». Par contre, de nouvelles technologies comme l’impression 3D pourraient éventuellement faire baisser les coûts de production. Mais pour l’instant, attendez vous à payer cher votre prochain vélo!