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Pour en finir avec les commentaires déplacés envers les entrepreneures

On est là pour faire de la business, pas pour rire (jaune) devant vos insinuations.

Par
Frédérique Marseille
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L’auteure est la fondatrice et propriétaire du gym d’escalade et café-bar Backbone, à Bromont.

Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, je me fais encore appeler « ma belle » ce matin dans un meeting (que je lead comme une pro) avec des consultants en affaires. Dans les 2 dernières années, de possibles investisseurs, partenaires ou professionnels dans plein de domaines m’ont à répétition fait des jokes à connotation sexuelle, des propositions « en blague » pour des dates, etc. Je n’ose plus dire que ça me dérange, sachant que c’est presque certain que je vais perdre des opportunités.

Je n’ose plus dire que ça me dérange, sachant que c’est presque certain que je vais perdre des opportunités.

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Depuis 10 ans en business, j’ai en effet souvent dit à des hommes d’affaires que j’aimerais communiquer de façon professionnelle, que je préfère que le ton de nos conversations reste exempt de références à la séduction parce que ça me rend mal à l’aise, mais aussi parce que criss, moi je suis là pour faire de la business! Je me suis chaque fois fait répondre que « j’ai pas d’humour » et que si je suis susceptible comme ça, ce sera difficile de travailler avec moi. Et moi, soudainement vulnérable d’avoir nommé ma limite, je perds le gros bout du bâton dans ces négociations d’affaires.
Je voulais juste travailler avec professionnalisme, et faire respecter mes valeurs.

Je continue à inviter mon père dans les gros meetings pour tout ce qui concerne l’immobilier, la construction, les financiers ou les banques. Pour me faire prendre au sérieux… alors que c’est moi qui goal les rencontres, qui sait faire de la vraie business, qui porte des projets comme pas grand monde out there. Des vieux hommes hyper friqués prêtent sans difficulté à des gars de mon âge (j’ai 32 ans là, je suis même pu une jeune adulte), mais moi je dois devenir agressive, cocky, bad ass… pour ne serait-ce qu’avoir un meeting.

Ça m’épuise, jouer ce personnage-là.

NON, je ne veux pas me faire appeler « ma belle » quand je travaille

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On fait quoi? Mon père me dit, en debrief du meeting de ce matin qui me fâche – parce que oui, le bonhomme à qui on a parlé est le meilleur out there, mais NON, je ne veux pas me faire appeler « ma belle » quand je travaille: « Mais Fré, business is business. Faut se mettre des œillères et avancer ». Je sais que c’est kind of vrai, dans notre monde actuel, et que je dois choisir entre me défendre ou faire des affaires. Comme si un et l’autre pouvaient pas, not yet, être respectés à la fois.

Tsé, je suis pas la plus militante out there, mais pas pentoute. Je veux juste travailler tranquille.

Ps. Ah pis je suis pas Noire ou musulmane ou lesbienne ou en surpoids ou whatever différence qui rend tout encore plus tof. Je me sens chanceuse malgré tout qu’un de mes défis soit aussi petit que celui-là.