LogoSponsor

Portrait gaspésien : Guillaume Molaison et l’amour des jeux d’hiver

L’hiver, y en a qui sont tombés dedans quand ils étaient petits.

Par
Brigitte Hébert-Carle
Publicité

URBANIA et Tourisme Gaspésie s’unissent pour vous faire découvrir ceux qui réinventent la Gaspésie.

J’hayis l’hiver.

C’pas mêlant, j’hibernerais pendant cinq mois pis je me réveillerais au printemps avec le retour des bernaches pour enfin troquer ma bouteille de vitamine D contre un vrai gros bain de soleil. Ma mère m’a toujours dit que pour aimer la saison froide, il fallait faire des sports d’hiver. Il y a six ans, elle m’a offert pour Noël une paire de skis alpins pour m’aider à renouer avec cette passion dans le coma depuis l’enfance. Super motivée la première année, j’ai dû m’en servir trois fois. Six ans plus tard, ce sont mes skis qui hibernent dans ma garde-robe.

Crédit photo: Hop Média

Publicité

Bain de plein air

Pourtant, l’hiver, y’en a qui sont tombés dedans quand ils étaient petits. Prenons Guillaume Molaison, PDG de l’auberge Chic-Chac, à Murdochville. Il est né en Gaspésie et a toujours cultivé « l’amour du jouer dehors ». Seulement 10 jours après sa naissance, il s’est fait trimballer dans un porte-bébé en ski de fond pendant 15 kilomètres à – 25 degrés Celsius. Jeune, le matin, il se rendait à l’arrêt d’autobus en ski de fond ou en raquette les jours d’école. À 17 ans, accompagné de son père et de son frère, il a roulé de Vancouver à Gaspé en vélo. Moi, à Trois-Rivières, on allait à l’école en autobus, et à 16 ans, on avait tous un permis de conduire. Tellement qu’on arrêtait vite de marcher les 15 minutes de trotte pour se rendre au dépanneur.

Crédit photo: Fred Tougas

Publicité

Challenge accepted

En 2009, Guillaume Molaison a pris le pari d’ouvrir l’auberge Chic-Chac dans une ville qui, quelques années plus tôt, était menacée de disparaître. Le niveau de confiance était à son plus bas, et Murdochville avait encore de vieilles cicatrices à guérir. Mais Guillaume avait une vision : faire de la ville minière en déclin la destination par excellence de ski de montagne dans l’est de l’Amérique du Nord. Au départ, personne ne croyait vraiment en son projet dans une ville quasi fantôme. Mais il a gagné son pari. En 2015, son entreprise enregistrait une croissance de 100 %, doublant ses recettes pour la troisième année de suite.

Whistler peut aller se rhabiller

Guillaume Molaison n’est pas un magicien; il a simplement misé sur le potentiel naturel de la ville et ses paysages paradisiaques. La chaîne de montagnes des Chic-Chocs offre des kilomètres de terrain de jeu hivernal, et comme les pistes exploitées par l’entreprise de Guillaume sont situées plus à l’est et à proximité du golfe du Saint-Laurent, les précipitations de neige sont plus importantes. Chaque hiver, la région reçoit plus de huit mètres de neige. C’est la qualité de l’Ouest à un prix pas mal plus abordable, et surtout, sans avoir à prendre l’avion. Greta serait fière.

Des rivières et des montagnes à volonté jumelées à un coût de la vie très bas. Pour les mordus d’aventure, c’est l’endroit sur mesure.

Publicité

Au début, le défi était surtout de répondre à la grande demande, non seulement en investissant dans de nouvelles infrastructures, mais dans des ressources humaines compétentes. Guillaume s’est bâti une équipe solide, et ses employés ont même acheté des maisons dans la région, ce qui contribue à l’essor de Murdochville. La ville répond de plus en plus aux besoins de la jeune génération qui vient s’y installer. Des rivières et des montagnes à volonté jumelées à un coût de la vie très bas. Pour les mordus d’aventure, c’est l’endroit sur mesure. En fin de compte, toute la ville bénéficie de la croissance de l’entreprise. On est loin du duplex à un million à Montréal sur le « Plateau adjacent » à un mètre d’un trottoir en béton.

Mais c’est pas toujours évident de dépendre de la météo en affaires. Pour offrir un produit touristique plus diversifié, vaut mieux profiter des quatre saisons. Murdochville est donc devenue une destination plein air unique à l’année. L’été, les amateurs de sensations fortes sont aussi comblés avec du rafting sur la rivière York et des kilomètres de sentiers de vélo de montagne.

Crédit photo: Semelle Verte

Publicité

100 % Féminin

Tous les ans, en janvier, un autre jeune entrepreneur de Murdochville, Nicolas Falardeau, organise un événement complètement féminin, le White Lips. Le temps d’un week-end, des groupes de filles se réunissent et profitent de la montagne tout en se faisant initier au ski de montagne. Il y a quelques années, moins de 10 % de filles visitaient les lieux. L’événement permet d’attirer une nouvelle clientèle, qui risque d’y prendre goût et de revenir. Plusieurs forfaits sont offerts, selon l’expérience et le degré de folie. Scusez : je veux dire d’envie d’aventure. À la première édition, en 2014, il y avait 20 filles. Cinq ans plus, il y a plus d’une centaine d’inscriptions. On peut-tu faire du vin chaud avec des bulles, donc?

Tous les ans, en janvier, Nicolas Falardeau organise un événement complètement féminin, le White Lips. Le temps d’un week-end, des groupes de filles se réunissent et profitent de la montagne tout en se faisant initier au ski de montagne.

Publicité

Avec toute cette nouvelle activité dans la région, Guillaume Molaison peut bien voir grand, devant l’immensité des Chic-Chocs. Étant donné la croissance rapide de son chiffre d’affaires et le bouche-à-oreille, il devra continuer à aménager plus de territoires pour accueillir tout ce beau monde-là. La clientèle est principalement québécoise, mais les amateurs de ski de l’étranger ne tarderont pas à y débarquer par avion. Le Plateau ne peut quand même pas loger tous les Français.

Finalement, on dirait que je ne regrette pas d’avoir gardé mes skis dans le fond de ma garde-robe. L’idée de les sortir pour aller faire un p’tit tour en Gaspésie réveille en moi une étincelle, comme une envie d’aimer l’hiver un peu, au moins le temps d’un week-end. C’est peut-être juste ça que ça prend pour renouer avec la passion hivernale : revivre sa classe de neige du primaire en sortant de la ville en gang pour aller se perdre dans le bois, avec du linge mou pis un chocolat chaud (ou du p’tit vin chaud). Ça donne le goût d’aller jouer dehors.

********

Publicité