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Plaidoyer pour aider les parents étudiants

Parce que tout ce qu'ils souhaitent c'est un petit coup de main.

Par
Simon Ratté-Dignard
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Tout parent qui est déjà retourné sur les bancs de l’université comprend la complexité de l’investissement et connaît la valeur brute de ce sacrifice. Le retour aux études comme parent représente un nouveau jour, un nouveau départ, c’est un engagement important et valorisant, mais la gestion du temps nous court après comme un huissier avare.

Entre une demi-bouchée de pain au beurre d’arachide, des enfants à habiller pas toujours coopératifs, de la pâte à dent qui gicle partout, une course vers l’école, c’est toujours une journée qui débute à la rosée du matin, mais qui ne finit jamais.

La vie d’un parent étudiant est loin d’être évidente. Or, même si l’on nous vend, lors des portes ouvertes, l’idée que l’université est un endroit propice à l’épanouissement pour les parents qui retournent aux études (avec raison), qu’en est-il de la « réelle réalité »?

Je suis un parent étudiant et le temps de quelques lignes, je porterai la voix de mes confrères et consœurs qui ont décidé de retourner aux études.

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Le quotidien d’un parent étudiant est digne d’une épopée héroïque, où il doit devenir un superhéros muni d’une cape invisible. La réalité, c’est qu’on en parle trop peu. Chaque parent, en plus de vivre avec la complexité des horaires, vit avec des réalités qui lui sont propres : situations financières différentes, enfants avec des besoins particuliers ou horaire de travail chargé et variable à la fois, à cause de nos emplois (faut bien les nourrir, ces petites bouches-là).

Les matins qui ne se ressemblent jamais représentent déjà un défi en soi, mais les imprévus tombent souvent comme des averses sans prévenir. Même Colette Provencher ne pourrait nous en avertir : un enfant malade, une fameuse journée pédagogique inattendue, ou encore, dans l’ordre du surnaturel, une pandémie! La réalité d’un parent nécessite des sacrifices importants, certes. Mais pourquoi ne pas adapter quelques règles pour alléger les situations parentales en contexte d’étude?

Plongeons dans ce que l’Université de Sherbrooke pourrait améliorer pour aider cette clientèle spécifique.

L’égalité pas équitable

Lorsque l’on discute entre parents étudiants – ou entre superhéros, devrais-je dire –, c’est souvent le terme « à bout de souffle » qui revient, une fatigue, l’illusion d’un sprint perpétuel qui résulte de la vie de parent. Un épuisement qui pourrait s’estomper avec de nouvelles mesures particulières. On peut alors se poser la question suivante : est-ce que la cause n’est pas assez sexy ou médiatisée pour s’y pencher?

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Très souvent en tant que parent, on se sent démuni.e. À Sherbrooke comme dans plusieurs autres universités au Québec, les échéanciers sont les mêmes pour tout le monde (ou presque) et peu flexibles. De surcroît, les horaires de cours ne sont que très peu adaptés à la réalité parentale. On peut avoir un cours le soir et certains examens ont lieu la fin de semaine. Les parents doivent composer avec une réalité particulière, mais dans les mêmes règles qu’un.e étudiant.e « normal.e », si on veut.

Faisons preuve de créativité! S’il y a des mesures, soit dit en passant salutaires, pour ceux et celles qui ont des réalités particulières comme un TDAH, telles que le droit à une heure de plus pour les examens, pourquoi les parents ne pourraient-ils pas avoir eux aussi accès à des mesures adaptées à leur réalité? Par exemple, une date limite prolongée pour la remise de travaux (dans la mesure du possible), une heure de plus pour réaliser un examen ou même le droit de faire des journées de cours à la maison de manière autodidacte.

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La pandémie a quant à elle été très révélatrice. En effet, la mise en place d’une méthode d’apprentissage à distance a montré aux parents que j’ai interrogés qu’une gestion du temps aux études pouvait être beaucoup plus simple avec ce mode de formation.

En plus de permettre aux parents d’être à la maison avec les enfants plus souvent, cette façon d’étudier laisse place à un moment de répit bien mérité. Alors, n’est-ce pas le temps de se moderniser et de s’appuyer sur les aspects positifs de ce mode d’apprentissage?

L’Université Laval, par exemple, offre de la documentation à son corps professoral pour les informer du procédé et des paramètres à prévoir quant à l’enseignement hybride. Selon la documentation, la formation hybride représente entre 20 et 80 % des séances de cours à distance. Pour l’instant, l’Université de Sherbrooke est revenue en présentiel à 100 %.

Des petits baumes appréciés

Tout n’est pas mauvais et retourner aux études demeure un choix. À l’UdeS, on offre tout de même de petites pensées comme le forfait qui permet aux parents, pour 30 $, de s’offrir quelques activités culturelles en famille. C’est d’ailleurs quelque chose que les parents apprécient de la FEUS (Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke). Sans oublier que l’Université offre des ressources financières, de l’accompagnement et un CPE : ce n’est pas rien!

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Les études à l’Université de Sherbrooke restent géniales et uniques, soit dit en passant. Le campus est vert, illuminé et entouré d’une nature romanesque. C’est un endroit réellement bon pour s’émanciper et il faut le souligner. Les chargé.e.s de cours sont d’une ouverture exceptionnelle envers les parents étudiants, mais il y a des règles qu’ils et elles ne peuvent transiger, comme un échéancier régi par le département ou du temps supplémentaire pour compléter les examens.

Les parents étudiants, qui représentent une minorité, ne demandent pas des règles dignes d’un régime tyrannique. Il suffirait de repenser certains barèmes de l’UdeS mais aussi ailleurs pour aider les familles à s’épanouir dans un environnement sain.

Entre vous et moi, c’est beaucoup plus simple que de changer des couches (ou presque).