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Peut-on être trop disponible pour notre enfant?

Voici comment apprendre à lâcher prise.

Par
Lory Zephyr
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Comme parents, vous êtes les premiers enseignants de vos enfants, mais aussi, en quelque sorte, leurs premiers amis de jeu. À travers les « coucou » et les jeux de bain, vous transformez les petites actions anodines du quotidien en expériences éducatives. Les interactions parent-enfant sont utiles pour stimuler le langage, travailler la mémoire ou, tout simplement, pour apprendre à entrer en relation de façon amusante et agréable.

Cependant, cette façon de faire peut mener vers un surinvestissement auprès de lui, au point que certains parents ne savent plus comment lâcher prise.

D’une disponibilité absolue à une disponibilité relative

Plus les enfants sont petits, et plus la disponibilité du parent se doit d’être grande. En effet, à quelques jours de vie, le bébé doit être soutenu pour toutes les actions de son quotidien (sauf dormir, disons!). Le parent porte la charge de devoir être à proximité et prêt à réagir, selon les besoins.

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Mais plus l’enfant vieillit, et plus il acquiert de l’autonomie. Les enfants d’âge préscolaire ou primaire, par exemple, sont capables d’accomplir plusieurs choses seuls, même s’ils n’ont pas les mêmes capacités que les adultes. Selon leur degré de maturité et leur stade développemental, ils apprennent petit à petit à utiliser leur jugement, leur capacité d’analyse et leur pouvoir d’agir.

Pour favoriser le développement de cette autonomie, le parent doit passer d’une disponibilité (presque) absolue à une disponibilité relative.

C’est face aux manques, à l’attente, aux carences tolérables qui se trouvent dans son environnement que l’enfant peut se débrouiller au quotidien, devenir de plus en plus indépendant et prendre ses propres décisions.

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Le parent qui voit les bienfaits de cette autonomie comprend non seulement que son enfant peut participer activement aux décisions familiales qui le concernent, et lui évite d’avoir une vision réduite selon laquelle les enfants sont des êtres passifs qui doivent être façonnés.

Ce qui est paradoxal, c’est que bien des parents liront ces dernières lignes et seront tout à fait d’accord avec cette vision de l’enfant et l’importance de leur autonomie. Pourtant, plusieurs sont encore un peu trop dans la posture de la disponibilité presque absolue. Certains parents s’imposent d’être constamment à l’affût, prêts à réagir, et s’efforcent d’anticiper tous les besoins de leurs enfants.

Lorsque votre enfant exprime de la frustration de ne pas réussir sa construction Lego ou l’épluchage de sa clémentine, que faites-vous? Le faites-vous pour lui ou retenez-vous cet élan pour plutôt l’observer et le laisser utiliser ses ressources internes?

Votre enfant souhaite un verre de lait, mais vous êtes en train de discuter avec votre partenaire. Arrêtez-vous votre discussion pour le lui servir ou demandez-vous à votre enfant de patienter?

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Ces situations peuvent sembler banales, mais la ligne peut devenir fine entre : « J’offre de l’aide » et « Je montre à mon enfant que je suis toujours disponible à la seconde près ». Pourtant, il est impossible d’être disponible en tout temps et rapidement. Et si cela devait être le cas, on ne laisserait que trop peu d’occasions aux enfants de développer leur autonomie.

Dire oui pour le lâcher prise

Trouver le bon équilibre pour savoir comment et quand lâcher prise n’est pas toujours simple. Prenons l’exemple de l’apprentissage du vélo à 2 roues. Si l’enfant est trop jeune, il ne sera qu’exposé à l’échec à répétition et cela aura l’effet inverse sur le développement de son autonomie.

En revanche, pour les enfants qui ont l’âge et les capacités de le faire, les roues d’entraînement et vos mains sont sur le guidon pour le diriger seront bien utiles dans les premiers temps. Ici, vous soutenez votre enfant tout en l’encourageant à franchir cette nouvelle étape.

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Arrive toutefois le moment où vous êtes exposé à une prise de risque : enlever les roues d’entraînement. Cela peut être effrayant autant pour lui que pour vous. Après tout, il pourrait tomber et se faire mal. Mais ça fait partie du processus.

Au début, comme parent, vous courez près du vélo pour le suivre et l’aider avec son équilibre, au besoin. Mais, au fur et à mesure, le parent finit par lâcher prise pour favoriser l’autonomie de son enfant, et lui permettre de vivre cette fierté de pédaler seul! Pour le parent, cela demande d’accepter une certaine perte de contrôle. Vous avez enseigné ce qu’il fallait à votre enfant, vous vous êtes assuré que son casque était bien attaché et vous ne restez pas trop loin.

Maintenant, vous devez avoir confiance que votre enfant utilisera tous ses acquis pour faire des choix. Que ce soit au vélo, comme dans la vie. Au fur et à mesure que vous les voyez grandir et se développer, vous commencez à lâcher prise.

Prendre du recul, montrer à vos enfants à tolérer l’attente, les observer avant d’agir et enseigner plutôt qu’intervenir sont des postures parfois difficiles à prendre pour le parent, mais elles sont nécessaires pour l’enfant.

Et ça, il faut s’en souvenir.

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