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Petites cocasseries de la #vanlife

Chronique d'un (pas si vieux) camper van.

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous emmène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtre Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Des fois je me couche le soir et je suis remplie de gratitude. D’autres fois, je me range dans la catégorie « heille, pas fort, Mel ». Des fois je suis mitigée. Comme le soir où je me suis couchée, après avoir eu cette aventure avec le pauvre ranger qu’on a un peu pris pour un épais :

Le pauvre ranger

On arrive au State Park tard le soir, le bureau d’accueil est vite, mais la barrière est ouverte. On ne se pose pas trop de questions, on entre. Oui, on aurait dû lire l’affiche qui disait quoi faire en dehors des heures officielles d’ouverture, non, on ne l’a pas fait. On rêve d’une douche chaude. On vire le truck à l’envers pour trouver les 25 sous qui nous procureront cette douce sensation. Quand le premier shampoing mousse pas du tout, c’est digne que y’était temps. La douche crache son eau chaude sur le mur, ce qui m’oblige à me coller dessus (ark), le pommeau est fixe, rien à faire, je dois frencher le mur pour me rincer le derrière de tête. On dort là, tout va bien. Le lendemain matin, le ranger arrive, dans son pick-up. Je suis installée dehors, Antoine est à l’intérieur et il me dit: « Fais comme au Mexique: dis que tu parles pas anglais et fais la nounoune, ça va marcher, t’es bonne là-dedans ».

Je suis installée dehors, Antoine est à l’intérieur et il me dit: « Fais comme au Mexique: dis que tu parles pas anglais et fais la nounoune, ça va marcher, t’es bonne là-dedans ».

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Pas le temps de me rendre compte qu’il s’agit peut-être d’une bitcherie, le ranger vient vers moi et me demande si on a dormi là, la nuit. Qu’il y a des frais… Je sors mon accent québécois le plus prononcé: « Good mourningne. Seur, plize. Speak slow. » Patient, il me répond sur le même ton qu’il répondrait à un enfant de cinq ans sourd-muet et aveugle. Il est tendre et attachant, mais faut pas rire: « Diiiid. Yoouuuu. Sleeeep. Hhhhhhere. Lassst. Night? » « No. We no sleep. We here ouane aweure. Hein Antoine? We here ouane aweure? » « Oh yeeesss we here ouane aweure Mélanie ». Le ranger nous explique qu’on ne peut pas rester, que ça va nous coûter 7$ pour y passer la journée. « Oh we no stay again. We leave ten minutes Antoine? » « Oh yes, we leave ten minutes Mélanie ». Et il est parti. Nous aussi. On a attendu d’être sortis pour se regarder, éclater de rire et se dire qu’on n’avait pas ben ben aidé la cause des frogs. Oupsi.

Sorry le ranger, mais merci d’avoir dormi ici.

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La discothèque ambulante

On est à Mazatlan, sur la Malecon, la rue qui longe la mer, donc lieu hautement touristique où tout le monde vient se balader. On décide d’y passer la nuit et je suis pas mal fière d’avoir trouvé un stationnement « c’est surréaliste de dormir sur la rue la plus populaire, wow ». Pire meilleure idée de la vie. On se fait à manger dans le camion et comme tous les soirs, on sort les cartes. On boit notre tequila tranquillos, tout va bien. Il y a beaucoup de circulation, mais on s’y fait. C’est plus difficile côté décibels, cela dit. Pour les Mexicains, la musique, ça s’écoute TROP fort, quitte à déchirer les speakers. On se couche, pas très convaincus de l’idée de génie, finalement.

Et là, POW, venues de nulle part des dizaines et des dizaines de Harley-Davidson, qui nous envahissent. J’ai l’impression d’être au beau milieu d’une formation en « V » leadée par David Boutin, dans le film Hochelaga. Les motos repartent comme elles sont arrivées et laissent place à des scooters qui grimpent le volume de leur musique, niveau Stéphane Dufour qui fait un solo de guitare dans un show d’Éric Lapointe. Gros gros fun. Ce soir-là, on a brisé pour la seule fois notre loi de roadtrip: ne pas rouler la nuit. On s’est déplacés vers une rue plus tranquille d’où on entendait quand même tout ça, mais sans me péter directement le tympan.

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Comment avoir l’air d’une grosse bougonne devant le coucher de soleil? Être pognée pour apparaître dans une « pano » de ton chum.

Erreur sur le roadtrek

Ben oui, belle épaisse. J’ai fait ça: première fois qu’on croise un roadtrek pareil comme John Mel & Camper et je réussis à rentrer dans le mauvais. La face paniquée de Marine, sexagénaire de l’Oregon, qui se demandait ben c’est qui la folle qui s’enligne pour s’évacher de tout son long sur son lit. Une fois les excuses faites, j’ai fini par me présenter! Je la regardais et (mis à part le regard inquiet), je me suis vue en elle: les cheveux longs au milieu du dos, cheveux qui n’ont pas vu l’ombre d’une paire de ciseaux de toutes les années 2000, les racines lourdes embourbées dans le sébum capillaire et la repousse couleur chatte espagnole qui a jadis été une teinture. Tout d’un coup, j’ai presque eu le goût de retourner chez nous et de me prendre un rdv chez le coiffeur. Je l’admire, mais je pense pas que je pourrais être ça, moi, une Marine pour le reste de mes jours.

Pas de Maipoils en vanlife, ni de Juinpoils d’ailleurs.

Les petits jumeaux, pas facile de savoir lequel est lequel.

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Pas le pont

« À San Francisco, faut absooooooooolument que tu ailles voir le Golden Gate Bridge ». Oui, oui, je veux ben, mais non non, je peux pas. Trois jours à attendre qu’il sorte du brouillard le maudit pont. On s’est même parkés direct devant, toute une nuit, pour le voir. Finir par googler le dit pont pour le voir en photo, quand il fait soleil. San Francisco, avec tes 12 degrés gris, je te trouve frette.

De toute beauté.

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