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Petit guide pour maîtriser la thermorégulation en hiver

Parce qu'avoir trop froid ou trop chaud en expé, c'est pas le fun.

Par
Cloé Giroux
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Comme dirait mon grand chum Gilles Vigneault, mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. Pourtant, je connais une pelletée de Québécois.es qui se cloîtrent dans leur chaumière dès que la saison hivernale se pointe le bout du nez.

Autant pour les plus frileux et frileuses que les habitué.e.s du -30, j’ai concocté un petit guide pratique qui vous aidera, je l’espère, à apprécier davantage les journées plus frisquettes de la saison avec l’aide de Jacob Racine, guide professionnel en tourisme d’aventure. On a jasé de thermorégulation du corps, une approche qui vise à conserver la température adéquate du corps en équilibrant constamment les apports et pertes de chaleur grâce à quelques techniques simples simples simples.

DES MACHINES MILLÉNAIRES

« Si on recule de 10 000 ans, nos ancêtres étaient des bibittes qui se sont adaptées au froid, mentionne Jacob. Grâce à ça, on a une machine, notre corps, qui fonctionne numéro 1 dans des températures hivernales, mais on l’a un peu oublié, parce qu’on passe de moins en moins de temps à l’extérieur. Quand on amène notre corps dans une situation où il doit s’adapter aux conditions hivernales, eh bien, on se rend compte assez vite qu’il performe bien; on est des machines à produire de la chaleur. »

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BOUGER

« Pour produire de la chaleur, y’a pas 36 moyens : il faut bouger, me lance Jacob. C’est ce qui va créer le plus de chaleur possible, et c’est ce qui va faire en sorte que le sang, qui transporte la chaleur, aille jusque dans vos extrémités. Plus vous bougez, plus votre cœur pompe, plus le sang circule jusque dans les doigts, les pieds et partout dans le corps. Il va donc se thermoréguler de cette façon. »

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Bouger, ça veut dire partir en ski avec vos ami.e.s, s’échanger une puck sur la glace ou courir un kilomètre de plus que la dernière fois sur les trottoirs glissants de la ville, mais ça veut aussi dire s’activer quand on est statique en file d’attente à l’extérieur (il me semble que ça arrive souvent ces jours-ci), faire quelques jumping jacks quand c’est l’heure de la collation en expédition ou essayer la marche rapide pour se rendre à l’épicerie. (Personnellement, j’ai tout essayé, je n’ai que deux vitesses, la marche ou la course; je suis incapable de faire de la marche rapide.)

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MANGER

« Manger va donner de l’énergie à votre corps pour que celui-ci puisse vous permettre de continuer de bouger, donc de continuer à produire de la chaleur », mentionne Jacob.

En expédition d’hiver, il est commun de prendre son temps pour cuisiner de bons repas pour le déjeuner ainsi que pour l’heure du souper, puisqu’on est bien à l’abri dans un refuge ou un campement. Mais sur l’heure du dîner, le groupe est souvent en déplacement, donc c’est plus risqué de s’arrêter complètement pour manger, puisqu’on peut rapidement attraper froid.

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C’est ici que les vivres de course entrent en jeu. Selon le type d’activité qui sera pratiquée dans la journée, vous pouvez vous préparer un petit sac refermable dans lequel mettre des collations (préparées maison, de préférence) qui auront un apport énergétique adéquat. Durant l’activité, gardez ce sac près de vous, et mangez quand vous avez faim, sans nécessairement avoir besoin de vous arrêter et ainsi risquer de perdre votre chaleur.

« L’hiver, le corps doit produire beaucoup de chaleur, donc on se nourrit d’éléments plus caloriques, conseille l’expert. Les glucides, je les compare à du p’tit bois ou de l’épinette; chaleur vive, mais qui s’éteint rapidement. Les lipides, c’est un peu comme des grosses bûches d’érable, celles qui te permettent d’obtenir de la braise et de faire cuire tes guimauves, mais t’as beau mettre ton allumette en dessous, ça allumera pas; ça te prend les protéines et les glucides pour que ça fonctionne. »

Le GORP (Good Old Raisin and Peanut) est la collation classique de l’adepte de plein air, puisqu’elle représente le parfait équilibre entre les glucides et les protéines, en plus d’être facile à transporter et à conserver. Vous pouvez, comme moi, faire vos propres mélanges maison et ajouter des petites doses de plaisir… genre du chocolat.

ISOLER LA CHALEUR

« La troisième étape, c’est de porter des vêtements isolants qui vont vous permettre de garder la chaleur de votre corps, poursuit Jacob. Si vous êtes en costume de bain dans une température de -25, vous aurez beau bouger et manger, vous allez forcément finir par avoir froid, parce que le contexte fait en sorte que toute votre chaleur s’en va. »

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Je le déclare sans gêne : nul besoin de posséder la dernière technologie de vêtements en Gore-Tex pour pouvoir jouer dehors sans avoir froid.

Personnellement, j’aime bien m’habiller en pelures d’oignon, donc opter pour un système multicouche qui me permet d’enlever une couche de vêtements quand je commence à avoir chaud et de la remettre quand je redeviens statique. Comme me l’a si bien expliqué Jacob, les vêtements agissent comme un thermos, c’est-à-dire qu’ils sont primordiaux pour vous aider à garder la chaleur que vous avez produite en bougeant, mais ce ne sont pas eux qui vont vous réchauffer.

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« J’ai déjà travaillé dans une boutique de plein air, puis on me demandait souvent quels manteaux ou quelles bottes étaient les plus chaudes, dit Jacob. Il n’y a pas vraiment de bottes chaudes : y’a des bottes isolantes et des vêtements isolants. C’est vous qui produisez de la chaleur et vos vêtements isolants vous aident à conserver cette chaleur-là. »

SAVOIR S’ADAPTER

« Évidemment, ces trois éléments doivent s’adapter à votre activité et à votre environnement, souligne le spécialiste. Aussi, il faut éviter tant que possible de transpirer quand on bouge (d’où la technique du système multicouche), puisque l’humidité qu’on va produire va finir par nous jouer un tour. Le corps transpire pour se refroidir, alors dès que le froid de l’hiver attrape cette humidité-là, ça fait baisser notre température corporelle. »

Il faut garder en tête qu’on n’a pas tous et toutes le même métabolisme : on a tous un.e ami.e qui sort en shorts dans les températures les plus glaciales, puis un.e autre qui prend le temps de bien rentrer ses mitaines dans les manches de son manteau pour éviter que le vent passe (même si c’est juste pour se rendre jusqu’à la station de métro du coin).

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« Une des choses les plus importantes par rapport à la thermorégulation, c’est d’être à l’écoute de son corps, être conscient de ses limites, de ses capacités d’adaptation et d’y aller par étape, résume Jacob Racine. Avant de faire une sortie de camping d’hiver, c’est peut-être mieux de commencer avec une sortie en forêt de quelques heures pour voir comment notre corps réagit et ainsi, petit à petit, dompter cette saison qui fait si peur. »

Alors? Prêt.e à aller jouer dehors?