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Petit guide pour concilier travail et symptômes de syndrome prémenstruel
Plus de 7 femmes sur 10 subissent chaque mois leur syndrome prémenstruel (aussi appelé « SPM »), cet ensemble de symptômes plus ou moins intenses qui se manifestent avant l’arrivée des règles. Encore trop peu connu, ce syndrome est souvent camouflé alors qu’il a des impacts directs sur la santé physique et mentale des femmes qui le vivent. « J’ai des symptômes assez prononcés depuis que j’ai mes règles, même si pendant longtemps, je ne connaissais pas ce terme. Ç’a été un soulagement de voir que c’était quelque chose de répandu », témoigne Suzanne, 24 ans.
« Ça se manifeste à la fois physiquement et mentalement. Physiquement : seins gonflés et douleurs, ventre gonflé et problème de digestion, manque d’énergie et fatigue. Mentalement, aussi : une grosse fatigue, une sensibilité exacerbée, je pleure tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, sans raison particulière, j’ai un manque de confiance en moi. »
Pendant toute cette période, Suzanne ressent une différence sur son bien-être au travail et sur sa « capacité à faire face à des situations complexes, de stress, des périodes où il faut faire des choix importants ». Dans la grande entreprise où elle travaille, Suzanne ne se voit pas parler de son SPM malgré l’impact que cela peut parfois avoir, notamment sur les interactions qu’elle a avec ses collègues. Elle a peur que ce soit interprété comme un aveu de faiblesse.
« En entreprise, on a un peu cette injonction à être toujours au top, performant, efficace. Le SPM est une période qui va à l’encontre de ça. »
Voici quelques conseils pour adapter votre travail pendant votre période de SPM.
Aménager son emploi du temps
Aménager autant que possible son emploi du temps en calant ses plus gros rendez-vous en dehors de ses jours de SPM, par exemple, peut permettre de moins subir cette période. Pour ce faire, plusieurs applications existent, comme My Cycle Period, Clue ou Menstrual Period Tracker. Elles permettent d’avoir un calendrier de son cycle et de répertorier ses différents symptômes afin de se rendre compte si tout cela est régulier. Plusieurs donnent également des conseils adaptés à chaque période et dans différents domaines particuliers, comme le choix d’alimentation.
Tout cela permet de mieux organiser et appréhender son travail, même en SPM.
Le télétravail
Là encore, il faut que son travail puisse le permettre, mais être en télétravail lorsqu’on se sent moins bien physiquement et mentalement offre la possibilité d’organiser différemment sa journée, se reposer plus régulièrement et s’accorder des pauses un peu plus longues lorsque notre corps en ressent le besoin. Certains responsables acceptent que les jours de télétravail mensuels soient cumulés sur une courte période.
Même si on l’oublie parfois, derrière chaque patron.ne se cache un Être humain, alors il ne faut pas hésiter en parler à son ou sa chef.fe.
Et si vous n’osez pas lui en parler directement, passer par les ressources humaines ou un.e représentant.e des salarié.es peut être une bonne solution.
Demander un congé menstruel
Et si votre entreprise mettait en place un congé menstruel? Plusieurs ont déjà passé le cap et ça a été un franc succès! A Montréal, Nicolas Bon, le fondateur et PDG de l’agence de marketing Clark Influence, propose à ses employées de prendre une ou deux journées par mois lorsqu’elles souffrent de leur SPM ou de leurs règles.
« On a lancé ce congé avant la COVID-19, il y a un peu plus de trois ans. L’idée est venue parce qu’une fille de l’agence avait lancé un balado pour parler du cycle de l’utérus. Ça a déclenché une conversation pendant un 5 à 7, on a fait un sondage auprès des femmes de l’agence, on leur a demandé si elles avaient des cycles inconfortables, si ça les empêchait d’aller au travail, de se concentrer… »
« Et la moitié des femmes ont répondu que oui, elles ont des règles douloureuses et que ce n’est pas évident de travailler pendant cette période », se remémore Nicolas.
Depuis, une employée de Clark Influence peut prendre son « Youtérus day » une à deux fois dans le mois et le PDG affirme rester flexible selon la situation de chacune. « C’est sûr que quand tu souffres, tu ne vas pas le savoir une semaine à l’avance, donc on s’est dit que ce n’était pas une journée de congé, mais une journée de repos : tu restes chez toi, tu gardes les appels externes si tu en avais prévu, mais tout ce qui est à l’interne, tu peux l’annuler et tu peux aménager ton temps comme tu veux. »
Mettre en place ce congé menstruel permet aussi de lever un tabou au sein de l’entreprise où il est désormais plus facile de parler des douleurs liées à son cycle. « Je pense que le fait même de savoir que cette possibilité existe, ça apaise beaucoup de gens et ça enlève du stress », confie Nicolas. Pourquoi ne pas mobiliser quelques salarié.e.s de votre entreprise et demander la mise en place d’un système de congé similaire? Et si votre chef.fe fait de la résistance (peut-être par manque de connaissance), parlez-lui de l’image moderne que son entreprise renverra en prenant cette initiative.