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Petit guide de survie : les vacances avec une autre famille

Quelques conseils pour ne pas s’entretuer.

Par
Brigitte Hébert-Carle
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Rêver aux prochaines vacances, c’est ma façon d’affronter le quotidien avec plus de légèreté. Que ce soit un chalet, un week-end dans une yourte ou une semaine dans un tout-inclus, savoir qu’une date est fixée, même lointaine, ça me fait l’effet d’un antidépresseur naturel. Mais voyager avec des enfants, juste d’y penser, c’est drainant.

Récemment, mon chum et moi, on s’est fait des couples d’amis parents, croisés dans le voisinage ou à la garderie. Veut, veut pas, avec la parentalité, nos amitiés se redessinent. Pour pas trop taper sur les nerfs de nos amis sans enfants avec nos petites victoires, comme : « Ma fille a enfin donné sa suce au Roi Lapin », ça facilite parfois la vie, ou les conversations, de se regrouper entre parents pour des repas ou, encore mieux, des vacances. Sauf que si ça semble être la meilleure idée du monde sur papier, partir en gang, ça demande certains ajustements.

Vaut mieux s’assurer d’être tous sur la même longueur d’onde avant de flamber votre paie sur deux nuitées à Rawdon ou un aller-retour Cancún-Montréal.

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Souvent, nos enfants sont le vecteur de ces amitiés impromptues. Au départ, on n’a pas choisi ces amis parents pour nos affinités communes, mais plutôt pour acheter la paix face au chantage de Simone nous suppliant d’inviter Margot ou Arnaud à la maison. Si ça peut sincèrement être le début d’une grande amitié, avant de vous louer une villa pour un mois en Toscane, continuez à tester le brunch du dimanche. Si on ne partage rien d’autre qu’une prescription d’antibiotiques de la pharmacie, les vacances vont être longues.

COUP DE FOUDRE PARENTAL

Ça y est, vous avez le kick sur d’autres parents, l’un est semi-bon au tennis comme vous et l’autre tripe à faire ses semis chaque printemps comme votre partenaire. Après plusieurs soupers, la chicane n’a toujours pas pogné (entre les parents, on s’entend), et vous êtes à l’aise de pousser plus loin la proximité, par exemple en osant partager une salle de bain : vous êtes prêts pour le chalet!

Avant tout, il est primordial d’ajuster ses attentes, voire de ne pas trop en avoir. Parce qu’une escapade avec des enfants, c’est loin d’être toujours des vacances. Il y a beaucoup de choses à prévoir, et de possibles crises à gérer. Idéalement, votre réserve d’énergie ne devrait pas être à sec avant même de partir, sinon vos deux œufs au déjeuner pourraient être accompagnés d’une crise de bacon sur le plancher.

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Pour éviter frustration ou chaos, entendez-vous à l’avance sur certains détails, genre le niveau de luxe du chalet, et donc le budget.

Ça se peut que ton couple d’amis ait envie de passer son week-end dans une maison d’architecte style Pierre Thibault tandis que vous vous contenteriez d’un shack chauffé aux bûches, sans Wi-Fi, spa, ni flafla.

Dites-le haut et fort, parce que, si vous avez peur d’être jugé et que vous hypothéquez sur vos cours de yoga du jeudi, vous devrez inspirer-expirer pas mal pour sentir la zénitude monter en vous.

Planifiez vos repas avant de partir et désignez un responsable de l’épicerie, parce que si tout le monde y va au feeling, vous risquez de vous retrouver avec 3 sacs de pain brun, 6 sacs de chips pis trop d’olives que personne ne va manger pour une facture d’épicerie beaucoup trop salée (comme les olives, d’ailleurs).

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La galanterie voudrait que l’on attende que toutes les familles soient arrivées avant de choisir sa chambre. Ce serait plate que ceux qui ont été pognés dans le trafic de la 15 post meeting Zoom se ramassent avec le futon au sous-sol parce que vous finissez à midi le vendredi (vive l’horaire d’été à l’année!). Trouvez-vous une façon le fun de vous séparer les chambres, que ce soit par la pige ou un concours de limbo. Faites aller votre créativité!

Le chalet a été un succès et il n’y a presque pas eu de malaise en jouant à la boulette. Bravo! Prochaine étape : le tout-inclus.

CANCUN EST PAS PRÊTE POUR VOUS

Veuillez boucler votre ceinture et bien écouter les conseils de sécurité, nous allons bientôt décoller. Avertissement, ça se peut que votre semaine idéale dans le Sud parsemée de soirées de filles, de gars ou de couples finisse dans le lit à 20 heures tous les soirs. Même si les shows de tout-inclus sont rarement mémorables, c’est plate de se sentir FOMO d’une soirée Bollywood mexicaine. Pour optimiser ce genre de projets, je vous conseille de planifier vos soupers spéciaux les premiers soirs de votre voyage, quand votre niveau d’énergie est aussi élevé que le taux d’alcool dans le sang de la gang de Québ dans le bain à remous depuis 6 heures.

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Une fois arrivés, mettez au clair ce que vous avez envie de faire, ou de ne pas faire. Comme il y a toujours un parent un peu plus G.O. que les autres, laissez-vous pas entraîner dans un hiking de deux heures avec des enfants qui ont juste des gougounes, ou un aller-retour au centre-ville de Playa del Carmen en collectif, si tout ce dont vous rêvez, c’est de vous évacher sur le bord de la piscine pour siroter vos daïquiris en surveillant d’un œil votre enfant qui vit sa meilleure vie dans une glissade en forme de tortue. Vous avez le droit d’y aller Despacito. Et vos amis ont le droit de vouloir y aller Living La Vida Loca.

D’ailleurs, c’est pas parce que vous avez réservé vos billets d’avion ensemble ou que vous êtes allées vous faire faire votre manucure pré-Sud ensemble que vous devez absolument être fusionnels pendant tout le voyage. Si un couple a envie de déjeuner à 7 h et que l’autre veut paresser jusqu’à 9 h, YOLO! Vous allez finir par vous retrouver autour des mêmes chaises longues devant la fameuse glissade en forme de tortue, anyway.

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Par contre, si vos amis pensaient bénéficier de gardiennage sans frais et ont réservé six demi-journées de plongée en vous confiant la garde de Matthias sans vous le demander, alerte rouge : suivez les lumières vers les portes de sortie d’urgence.

Possible que ce voyage soit le premier, et le dernier. Passez au prochain couple d’amis.

L’important, c’est de mettre ses limites et de se partager le plus possible les obligations, pour que tout le monde ait droit à son petit moment de bonheur et de légèreté.

Au retour, essayez de régler vos comptes rapidement. Parce que si vous réalisez 4 mois plus tard que vos amis vous doivent 45 dollars pour une mauvaise bouteille de mezcal et trois sauces muy picante et que vous ne l’avez pas réclamé, c’est trop tard.

Malgré tout, prendre du temps en famille et entre amis, ça crée des souvenirs pour la vie, et ça tisse des liens très forts, tant pour les grands que les petits. Je vous garantis qu’en voyant le sourire de vos kids courir sur la plage, vous allez digérer plus facilement les petites anicroches, et les gros abus au buffet à volonté.

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