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Petit guide de l’écoute sur l’identité de genre des enfants

Spoiler alert : il y a une bonne et une mauvaise manière de faire les choses.

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
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URBANIA et UNIS TV s’unissent pour vous présenter la série de fiction FEM.

J’élève ma fille de manière non genrée (avant que vous ne me le demandiez : oui, j’habite le quartier Plateau-Mont-Royal). Pour moi et son autre parent, c’était décidé avant sa naissance. Même si mon enfant a un prénom féminin, on souhaite qu’elle puisse explorer la notion de genre. Ainsi, on l’habille le plus neutre possible, on lui achète des poupées, mais aussi des camions et des casse-têtes. On essaie d’utiliser des termes non genrés, comme « personne » au lieu de « madame » quand on regarde des livres d’images. Jusqu’à présent, ça se passe bien… surtout parce qu’on décide pour elle.

À presque trois ans, ma fille commence à poser des questions sur le monde qui l’entoure, et je sais qu’étant donné sa curiosité sans bornes, on ne touche présentement qu’à la pointe de l’iceberg. Après tout, c’est normal que nos enfants se questionnent sur pas mal d’affaires en grandissant, les sujets pouvant aller de l’argent qui pousse en forme de cartes en plastique aux plumes des dinosaures (googlez ça)… en passant par l’identité de genre.

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Si votre enfant arrive un jour au souper en vous annonçant qu’il ou elle (ou iel, hein) ne veut plus porter des vêtements « de fille » ou que le pronom que vous lui attribuez ne lui convient plus, il y a des limites à ce que ChatGPT peut faire pour vous. Retroussez-vous les manches : voici quelques astuces pour gérer la situation tout en douceur.

Quand on parle de genre, de quoi parle-t-on, exactement?

Avant de discuter, mieux vaut s’assurer de réviser quelques termes de base. La notion de sexe et genre, c’est complexe, fluide et mouvant.

Voici quelques définitions pour y voir plus clair.

  • Sexe biologique ou assigné à la naissance : ce qu’il y a dans les culottes ou dans la couche (homme, femme ou intersexe).
  • Identité de genre : le genre auquel on s’identifie ou on se perçoit appartenir (homme ou femme, ou quelque part entre les deux).
  • Expression de genre : la manière dont on se présente, s’habille et se comporte (féminin, masculin, ou quelque part entre les deux).
  • Orientation sexuelle : personnes vers qui on est attiré.
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Pour aborder la question avec les enfants, j’aime beaucoup la figure du Genderbread Person, une manière ludique de décortiquer ce beau continuum qu’est le genre.

Si je résume, on peut donc être de sexe biologique dit masculin, par exemple, et s’identifier comme tel, tout en ayant une expression de genre plus féminine (pensez au vernis à ongles de Jay Du Temple, qui a soulevé les passions il y a quelques années).

Quelqu’un peut aussi être de sexe biologique dit féminin, mais s’identifier comme non binaire et avoir une expression de genre masculine.

Bref, presque tous les scénarios sont possibles sous l’arc-en-ciel.

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C’est quoi, s’interroger sur son identité de genre?

Dès l’âge de deux ou trois ans, les enfants comprennent la différence entre la notion de fille et de garçon. Dans les années qui suivent, ils et elles et iels assimilent davantage les stéréotypes de genre et comprennent les codes qui y sont associés : les camions et les cheveux courts pour les garçons, les poupées et les paillettes pour les filles.

Malgré tout, les petit.e.s peuvent explorer le continuum du genrec’est d’ailleurs totalement normal – avant de stabiliser leur identité. Ça, ça veut dire que Noah pourrait tripper sur les robes de la Reine des neiges pendant tout le temps qu’il fréquentera la garderie, mais rester un petit garçon qui se perçoit et se présente comme tel en grandissant. Ça veut aussi dire que Jasmine pourrait capoter sur le rose et le vernis à ongles et entamer une transition à l’adolescence. Bref, rien n’est fixé.

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Là, on va mettre une chose au clair : aucun enfant ne peut être perplexe « par erreur » par rapport à son identité ou son expression de genre. Si votre enfant émet des préférences ou des questionnements, sachez qu’ils sont réels et fondés, et qu’ils n’ont pas été plantés là par mégarde par une personne de son entourage.

Aucune étude ne démontre que les jeunes qui s’interrogent sur leur identité de genre le font en raison de facteurs externes, comme des conversations sur l’identité de genre à l’école, le contact avec des personnes issues de la communauté queer ou encore le comportement des parents.

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Des trucs pour avoir une bonne conversation

C’est triste, mais c’est vrai : de nombreux enfants qui s’interrogent sur leur identité de genre (ou leur orientation sexuelle) le cachent à leur famille par peur d’être jugé.e.s.

Histoire de bien accueillir les questions et affirmations de votre jeune au sujet de son identité de genre, suivez ces quelques astuces.

Prendre sur vous

C’est plus facile à dire qu’à faire, je sais, mais si votre jeune vous confie avoir des doutes ou des préoccupations quant à son identité de genre, la première chose à faire, c’est de tempérer votre réaction.

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Oui, ça se peut que ce soit difficile à entendre, que votre fils veuille se faire appeler « iel » ou que votre fille souhaite se raser les cheveux et porter des vêtements typiquement masculins. Cela dit, une grosse réaction pourrait amener votre enfant à se refermer sur lui-même ou à vivre de la honte (ou les deux en même temps).

Écouter… sans trop parler

Ça paraît évident, comme ça, mais c’est quand même la base pour réussir cette conversation-là. Écoutez ce que votre enfant a à vous dire.

De manière générale, si un membre de votre progéniture ouvre la discussion avec vous, c’est qu’il, elle ou iel a déjà mûri la question de son côté. De plus, évitez de questionner à outrance votre enfant ou de chercher la source de ses réflexions. Demandez-lui plutôt comment vous pouvez le soutenir pour qu’il se sente le plus mieux possible.

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Aller chercher de l’aide

Vous êtes complètement dépassé par le vocabulaire, les termes et les demandes de votre enfant? Ça se peut. Juste comprendre la différence entre un Xbox et une PlayStation, ça peut être complexe pour certains, alors l’identité de genre…

Trop souvent, les parents d’enfants dits créatifs dans le genre tardent avant de consulter des professionnels de la santé. Pas besoin d’attendre que votre enfant demande des hormones ou un soutien psychologique pour vous renseigner ou trouver des ressources auprès d’organismes spécialisés comme Jeunes identités créatives. Mieux vaut consulter plus tôt que tard.

Trouver des modèles

Que ce soit pour ouvrir la discussion ou simplement pour mieux comprendre le vécu de votre enfant, la fiction reste un outil pertinent. Regarder un film ou une série avec un personnage à l’identité de genre fluide ou créative, c’est une bonne manière de réfléchir en famille (ou de votre côté, pour transformer ça en soirée pop corn).

Je ne veux pas trop m’avancer, mais c’est pas mal certain que votre jeune a des modèles en tête quand il ou elle ou iel parle d’identité de genre.

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Renseignez-vous auprès de votre enfant, mais de grâce, ne mettez pas toute la charge de l’apprentissage sur lui ou elle ou iel. Faites vos recherches de votre côté – ça lui montrera votre intérêt pour son cheminement et ça, ça vaut toutes les discussions du monde.

Pour mieux comprendre grâce à la fiction la quête d’identité de genre d’un jeune, plongez-vous dans FEM, une série d’Unis TV réalisée par Marianne Farley. FEM raconte l’histoire de Zav, un jeune musicien hyperpop de 16 ans qui rêve de percer dans l’industrie de la musique. On y découvre entre autres la façon dont la quête d’identité de genre de Zav est reçue et soutenue par les membres de sa famille – tous et toutes ont leurs défis à relever… Visionnez la série en ligne gratuitement dès maintenant sur TV5Unis.

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